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Billet de blog 26 novembre 2024

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À Pétion-Ville, en Haïti, la résistance des citoyen·nes face aux gangs armés

Parmi les groupes locaux d'Alternatiba, mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, 37 se situent en Haïti. Alors que la situation politique est catastrophique, ces groupes continuent de se mobiliser pour l'écologie et le climat. Virginie, militante d'Alternatiba en Haïti, nous livre un témoignage sur le contexte auquel elle est confrontée :

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis 2020 Haïti est livrée aux gangs armés qui sèment la terreur et ne cessent de gagner du terrain, abondamment alimentés en armes et en munitions en provenance des USA. Jusqu'à 90 % de la zone métropolitaine de Port-au-Prince seraient sous leur contrôle y compris les principaux axes routiers pour entrer ou sortir de la capitale. Tous véhicules ou marchandises qui passent malgré tout sont soumis à des extorsions systématiques.

Dans les quartiers, des massacres sont perpétrés, créant de vastes mouvements de déplacements internes. Selon les experts de l'ONU l'escalade de la violence des gangs entraîne un nombre record de 578 074 déplacements internes en 2024, dont plus de 310 000 femmes et filles et 180 000 enfants, soit plus du double du chiffre de 2022, ce qui en fait le pays ayant le plus grand nombre de déplacements dans le monde en raison de la violence liée à la criminalité.

Le 11 novembre 2024 des tirs ont sciemment visé et atteint trois avions civils. Dès lors l’aéroport est fermé et tous les vols sont suspendus au moins jusqu’en février 2025. Cet acte terroriste coïncide avec l’investiture du nouveau Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé qui remplace Garry Conille resté cinq mois en poste.

Les gangs sont fédérés au sein d’une coalition qui porte cyniquement le nom de « Viv ansanm1 ». Le 19 novembre 2024, ils ont lancé une offensive sur Pétion-Ville, commune située en amont de Port-au-Prince. Une trentaine de bandits aurait été tuée dans des affrontements avec la police et des brigades citoyennes organisées dans les quartiers. Leurs cadavres sont brûlés après exécution, c’est le châtiment du « bwa kale ». Parmi les bandits, de nombreux enfants. Cet assaut avorté laisse néanmoins présager des représailles funestes.

La décrépitude institutionnelle s’est installée au cours des dernières décennies avec l’institutionnalisation de la corruption et de l’impunité, avec une exacerbation sous l’ère du Parti Haïtien Tèt Kale de Michel Martelly élu Président en 2011. Son successeur, Jovenel Moïse est assassiné le 07 juillet 2021 dans des conditions particulièrement sordides. Cette exécution a révélé toute la mélasse malodorante de la politique haïtienne et de la diplomatie internationale.

Haïti est une anomie. L’Etat est effondré, les institutions sont dysfonctionnelles. Il n’y a pas eu d’élections depuis 2016. Les services publics sont quasiment inexistants. L’Etat de droit et les normes de cohésion et de régulation sociales sont bafoués.

L’histoire d’Haïti est marquée par les stigmates de l’exploitation des êtres humains et de la nature par l’Espagne, la France et les USA principalement. Elle incarne l’acharnement du néolibéralisme. Le message est clair : À tous les peuples qui voudraient s’émanciper du joug de l’impérialisme, voyez ce qu’il vous en coûtera !

En effet, le 1er janvier 1804, Haïti devient la première République noire. Les esclaves de la plus fructueuse colonie française osent se révolter contre l’autorité napoléonienne. Cet outrage, ils le payent très cher, jusqu’à aujourd’hui. Il y a d’abord eu le paiement de la rançon de l’Indépendance qui a décapitalisé le pays et hypothéqué tout développement. Outre l’esclavage, il y a eu les travaux forcés, les humiliations, les expropriations, les spoliations, les expulsions, les maladies comme le choléra importé par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti qui aurait causé plus de 10 000 morts et considéré par l’épidémiologiste Renaud Piarroux comme « la plus importante [épidémie] à laquelle le monde a dû faire face au cours des dernières décennies ».

La nature haïtienne n’est pas épargnée avec la déforestation et l’exportation massive des bois précieux, l’exploitation de minerais comme la bauxite, l’or ou le cuivre ou encore le guano, un engrais très prisé des USA au point de s’approprier l’île de la Navase !

Et pourtant, pendant que certain·es s’acharnent à humilier le peuple haïtien, à le martyriser, à le déshumaniser sous couvert d’aide humanitaire et de développement, à lorgner sur ses ressources naturelles ; des citoyen·nes et des organisations de la société civile s’organisent et préparent la transition écologique et sociale sur les territoires. La démocratie néolibérale est déjouée, un nouveau modèle politique est en construction et Haïti dessinera une fois de plus l’horizon de la liberté des peuples opprimés.

- Virginie, militante Alternatiba en Haïti

Comment et pourquoi, dans ce contexte, continuer à mobiliser pour l’écologie et le climat ? C’est la leçon que nous apportent les militant⋅es des 37 groupes Alternatiba en Haïti, impressionnant⋅es de détermination malgré l’adversité.

Pour les soutenir, diffusons cet article, et la tribune suivante :


Lire la tribune publiée dans l'Humanité

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