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Billet de blog 13 janvier 2013

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L’Europe est-elle sur les radars de Mediapart ???

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

80 % des lois votées en France découlent de la mise en œuvre des Directives et des Règlements votés à Bruxelles. Notre quotidien, en bien comme est maintenant entre les mains des Parlementaires européens, les MEPs (Members of the European Parliament). Et Médiapart, comme la plupart des autres média français, a bien du mal à se lancer sur la scène européenne, à montrer les avancées dues au Parlement européen, et à montrer du doigt les reculades provoquées par le Conseil européen (qui regroupe les chefs d’état et de gouvernement des 27 états membres).

La semaine prochaine, Strasbourg accueille une session plénière. Le Dalligate, dont Médiapart s’est fait l’écho en décembre dernier, est en passe de devenir beaucoup plus important.

Un rappel, le 16 novembre 2012 le Commissaire européen pour la Santé et la Protection des Consommateurs, s’est fait viré comme un mal propre par le Président de la Commission européenne, le portugais Jose Manuel Barroso. Les conditions de ce limogeage ont été si brutales qu’elles ont fini par interpeller certains MEP et pas mal de journalistes spécialistes de l’Europe. Lorsque la question du Dalligate était abordée, la réponse des uns et des autres était assez identique « Ca pue ! » Et tout le monde continuait à écrire des articles qui se contentent souvent d’ajouter un petit commentaire plus ou moins pertinent sur les propos récupérés lors d’une Conférence de presse ou pêchés lors du célèbre briefing que la Commission européenne fait tous les mercredi à Bruxelles. La porte parole connaît et tutoie tous les journalistes « Il y a une question de Paul, et puis une autre, de Pierre. A toi la parole Paul ». Normalement, les choses se passent sans trop de secousse.

Sauf que la semaine dernière, José Bové et son collègue flamand Bart Staes, ont décidé de mettre les pieds dans le plat. Mercredi à 10h30, ils ont tranquillement demandé la mise en place qu’une mission parlementaire soit mise en place pour lever les nombreuses zones d’ombre qui planent sur le limogeage de John Dalli. Ils ont demandé des éclaircissements sur les agissements de Barroso qui laisse les membres de son cabinet rencontrer des lobbyistes du tabac comme bon leur semble et sur ceux de la Secrétaire générale de la Commission européenne, Mme Catherine Day (considérée comme une des 100 femmes les plus influentes du monde), qui elle a pris la peine de faire retarder par deux fois le lancement d’une Directive plus stricte sur l’usage du tabac. Un journaliste du magazine allemand Der Spiegel, n’a pas hésité dans un article paru fin novembre, de se demander si ces lettres n’avaient pas été directement écrites par les représentants des industries du tabac. Tout retard de cette Directive « Anti-Tabac » est un bonheur pour Marlboro & Co.

En organisant leur Conférence de presse, Bové et Staes ont allumé la mèche. Le lendemain la question qu’ils posaient était à l’ordre du jour de la Conférence des Présidents de Groupe. Faut-il, ou ne faut-il pas créer une Commission spéciale pour examiner le jeu jouer par Barroso et Mme Day ? Et si oui, quel doit en être le mandat ? En mettant, le pied dans ce qui « pue » Bové et Staes ont sacrément secoué le cocotier.

L’affaire Dalli peut-elle devenir une affaire Barroso. Le Dalligate se transformer en Barrosogate ? Cela dépend maintenant des médias, dont le rôle est d’éclairer les citoyennes et les citoyens, et de la pression que les électeurs pourront faire peser sur leurs élus. Sans liberté de parole, il n’y a pas de démocratie, mais sans une presse curieuse et efficace, il n’y a pas de véritable démocratie, non plus. Mediapart l’a compris au niveau de la France. Mediapart doit de toute urgence le comprendre au niveau européen au risque de ne rester un site qui pèse sur à peu près rien, malgré tout ce qu’il dénonce. 

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