Comparons calmement une carte d’Europe et une carte d’Afrique de l’ouest. Une différence saute aux yeux. Sur la première les frontières se bloquent sur des cours d’eau importants, sont bloqués par des montagnes, suivent des tracés capricieux. Sur la seconde, et en particulier dans la partie nord de l’Afrique de l’ouest, les frontières sont droites, rigides, tracées à grands coups de règles malhabiles. En se penchant un peu plus sur ces lignes droites, on constate qu’elles coupent des ethnies en deux, qu’elles ne respectent pas les différences de mode de vie entre les peuples du nord sahel, les nomades, et les peuples du sud, les sédentaires.
Sans porter de jugement sur le choix de l’itinérance ou de la sédentarité, le tracé de ces pays interpelle ? Quelle Histoire étrange a bien pu en définir les contours ? La réponse est simple, le colonialisme. Leur maintien ? Le néo-colonialisme, la France Afrique, les réseaux politico mafieux.
Lorsque l’armée française est entrée dans ces zones étrangères au milieu des années 1920, cette partie de l’Afrique était dans l’histoire, dans son histoire et dans l’histoire du monde. Les conflits entre les peuples d’éleveurs et les peuples d’agriculteurs étaient nombreux et rappelaient étrangement la lutte entre Caïn et Abel. Les empires y étaient nés, avaient disparus, il y a fort longtemps et avait resurgi recomposés après des périodes de violences.
L’administration française, lorsqu’elle s’est imposée dans ces contrées, s’est appuyée sur les populations du sud des pays de la bande sahélienne pour repousser les tribus du nord. C’était une alliance de circonstance. L’heure de partir venue, après une quarantaine d’année de présence, les français ont « donnée » le pouvoir et les armes aux gens du sud, et l’histoire a repris son cours. Au Tchad, au Niger, en Somalie (même si la France n’y avait aucune emprise) les premiers gouvernements du sud ont été balayés par les gens du nord. Hissène Habré puis Idriss Deby sont des nomades des régions sahélo-désertiques. Ils ont razzié le pays comme leurs ancêtres le faisaient, mais à une plus grande échelle.
La France a bien tenté de maintenir le statu quo qu’elle avait imposé, mais rien ne peut empêcher l’histoire de reprendre son long cours. C’est ce qui se passe actuellement au Mali. L’explosion de la Lybie a des conséquences prévisibles. Les guerriers sont redescendus armés cette fois avec des missiles et des pick-up fabriqués par le monde occidental qu’ils combattent.
L’intervention au Mali était effectivement indispensable pour préserver le désordre post-colonial, et empêcher que des intégristes n’imposent la charia a toute une population chrétienne ou animiste. Elle était également indispensable pour préserver les intérêts d’Areva et la pseudo indépendance de la France qui dépend des mines d’uranium.
Oui, la France a besoin d’une stabilité dans cette partie du monde, bien plus que le reste de l’Union européenne. Mais sur le long terme, pour préserver ces frontières débiles (au sens de faibles) et garantir notre énergie, il n’y a pas d’autre solution que d’installer nos soldats pour combattre. La première période coloniale, a durée une quarantaine d’année. Combien de temps durera cette nouvelle ère coloniale ouverte par les socialistes aujourd’hui ? Nul ne le sait, ni Hollande ni Amaitenaz.