Manifestation pour plus de moyens pour les policiers ou propagande policière ?
Qu’entendent-ils, les policiers, quand ils réclament plus de moyens, à chaque fait divers ultra médiatisé dès lors qu’il s’agit d’un policier ?
Un discours unique, une injonction à être solidaire de cette police qui serait républicaine, alors que le déni d’une autre réalité est flagrant.
Ce « deux poids, deux mesures» est insupportable à entendre sur tous les plateaux télés ou des syndicalistes se ruent pour réclamer plus de moyens, inviter des femmes de policiers pour faire pleurer dans les chaumières pour montrer leur humanité alors qu’ils n’en ont aucune pour les victimes, familles, fils, pères, oncles, cousins tués par des policiers.
Ce qui est assez extraordinaire, c’est cette rhétorique selon laquelle, au prétexte qu’ils seraient là pour la veuve et l’orphelin, on devrait accepter certains comportements qui resteraient exceptionnels, tout en nous opposant le discours de « la délinquance vs. police ».
Qu’entendent-ils par plus de moyens ? Alors que la législation en vigueur prévoit tous les dispositifs juridiques les plus sévères quand on s’en prend à un policier, on s’insurge de l’impunité dont bénéficie les personnes qui viendraient s’en prendre physiquement à la police. La vérité, c’est que ces policiers ne sont pas capables de reconnaître qu’il existe des comportements déviants et violents au sein même de leur corps, ceux-là même qui vont mentir pour protéger leur collègue quand les images accablent la version policière et ceux qui, par lâcheté, vont se taire.

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On assiste depuis des années à la satisfaction des demandes des syndicats policiers, qu’il s’agisse de la réforme de la légitime défense accordée (on notera que l’utilisation des armes de service a connu une nette augmentation depuis cette loi de mars 2017. Les nombreuses victimes nous le démontre aussi...), la loi sur la sécurité globale, la tentative de vouloir interdire de filmer, la revalorisation de leur salaire, le maintien de leur retraite, perception maintenue de leur salaire même en cas de violences, ou condamnations, ne sont pas radié de la police en cas de meurtres, etc.
Les policiers bénéficient d’une florilège de privilèges dont ils ne sont pas encore rassasiés, ils sont les enfants gâtés de la République qui se met à genoux et cède à leur caprice à chaque événement tragique, à des fins politiciennes et parce qu’ils sont le rempart entre le peuple et le gouvernement, on cède sans fin.
Mais jusqu’où ? En réalité, quand ils réclament plus de moyens, cela concerne la possibilité pour eux de mettre la pression à nos dirigeants politiques qui légifèrent dans leur sens, pour bénéficier d’encore plus d’impunité, la possibilité de pouvoir passer à tabac, de tuer, de criminaliser ceux et celles qui s’organisent pour dénoncer au grand jour le comportement de certains policiers dans l’impunité la plus totale, ce qu’ils ne supportent surtout pas, c’est d’être pris la main dans le sac.
Comme des petits perroquets, certains de leurs émissaires vont apprendre leur discours par cœur et le répètent en indiquant que 99% des interventions policières se passent bien et opposent les violences policières aux « voyous » dans les cités comme si celles et ceux qui ont subi des violences ou la mort méritaient de prendre des coups et de mourir.
Criminaliser les victimes à titre posthume fait partie du procédé connu pour éviter que l’opinion publique se solidarise de la victime et planter les germes de l’acceptation inconsciente du rétablissement de la peine de mort en légitimant le droit de vie ou de mort sur une population qu’on stigmatise, qu’on exclut, à longueur d’année. A force de leur accorder autant de privilèges viendra le temps où ils n’en n’auront pas assez et se produira le pire, il sera trop tard pour faire marche arrière.
Amal Bentounsi