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Billet de blog 4 juillet 2012

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[Chine] Arrêt du projet d’usine métallurgique suite à la révolte de la population de Shifang (Sichuan) – 2, 3 et 4 juillet 2012

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une ville chinoise plie devant des citoyens verts de colère

Des résidents de la ville de Shifang, dans la province chinoise du Sichuan, ont forcé les autorités municipales à mettre sur la glace un projet d’usine métallurgique de la firme Sichuan Hongda jugée trop polluante.

Plusieurs sources indiquent cependant que les violents affrontements qui ont contraint l’administration municipale de cette ville de 220 000 habitants à faire marche arrière dans ce dossier se poursuivent toujours mardi.

La municipalité de Shifang a annoncé lundi que le projet d’usine, censée fabriquer des alliages à base de cuivre et de molybdène, ne serait pas redémarré avant que la majorité de la population ne le soutienne ».

Cette annonce a été faite après que plusieurs centaines de personnes eurent manifesté contre la construction de cette usine. Le rassemblement de dimanche s’était déroulé sans anicroche, mais celui de lundi a viré à l’affrontement.

De l’avis même des autorités municipales, 13 manifestants ont été blessés et ont dû être transportés à l’hôpital lundi après que les forces de l’ordre eurent utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule rassemblée devant l’hôtel de ville.

Selon elles, les manifestants lançaient des briques, des pierres et d’autres objets en direction du bâtiment, d’employés municipaux et de policiers. Plusieurs d’entre eux ont été blessés. Des véhicules ont aussi été renversés ou vandalisés.

Les affrontements se poursuivent mardi

La police de Shifang a prévenu les manifestants par voie de communiqué mardi qu’ils seraient « sévèrement punis » s’ils continuaient à mener des actions « illégales ».

«Tous ceux qui ont incité, planifié ou organisé des rassemblements illégaux, des manifestations ou des marches de protestation ainsi que ceux qui sont impliqués dans des destructions et des pillages (…) seront sévèrement punis», indique la police.

«Tous ceux qui utilisent l’Internet, les messages par téléphone portable ou d’autres méthodes » dans les mêmes buts « doivent immédiatement cesser leurs activités illégales», poursuit la police.

Des habitants interrogés par l’AFP signalent néanmoins que des affrontements ont toujours lieu mardi entre des manifestants et les forces de l’ordre, qui utilisent des gaz lacrymogènes et des matraques à leur endroit.

«Je viens de me rendre sur une petite place près du centre-ville; il y avait là plusieurs centaines, peut-être plus de 1000 personnes. Au moment où je me suis mêlée à la foule, la police a fait usage de gaz lacrymogènes», a déclaré une femme ayant requis l’anonymat.

En début d’après-midi, « il y avait encore beaucoup de badauds (dans les rues). Je suis également sorti pour voir. La police chassait les gens à coups de matraque », a déclaré un autre habitant.

Des rumeurs font état d’un mort ou deux dans les affrontements, mais elles ne peuvent être confirmées.

Plusieurs photos et vidéos circulant sur Internet montrent par ailleurs des manifestants couverts de sang, mais leur authenticité ne peut être vérifiée.

La pollution industrielle est de plus en plus souvent une source de mécontentement en Chine. En août 2011, des milliers de manifestants avaient forcé le déménagement d’une usine de paraxylène de Dalian, dans le nord-est du pays.

Leur presse – Radio Canada, 03/07/2012

Chine: l’implantation d’une usine métallurgique polluante arrêtée suite à des manifestations violentes

Après une nuit d’émeutes, les habitants de la ville de Shifang, une ville de la province du Sichuan, sont de nouveau descendus dans les rues ce mardi 3 juillet. Ils refusent l’installation d’une usine métallurgique chez eux qui risque de polluer les eaux et les sols. La veille, les habitants s’en sont pris aux bâtiments officiels. Dans un communiqué, les autorités de Shifang ont annoncé l’abandon définitif du projet de construction de l’usine contestée.

La police avait menacé de sévir contre les contestataires, c’est donc chose faite. Toute la journée, les réseaux sociaux chinois ont crié la détresse de ces manifestants blessés dans des affrontements violents avec les policiers. Images difficilement vérifiables de ces hommes en noir patrouillant fusil à la main dans les rues de la ville, images surtout de ces civils blessés. Ici une mère et un bébé commotionnés,  là un jeune homme en sang tentant d’appeler ses amis au téléphone.

Là encore, un vieillard choqué et blessé sur son lit d’hôpital. Et puis, il y a ces témoignages. Un peu après le déjeuner, une manifestante anonyme nous a envoyé le sien via internet et non pas sur son téléphone portable, pour éviter les représailles.

«Ce matin, je suis allée sur la place principale pour voir ce qui se passait. La route était complètement bloquée par la police armée. Et puis, j’ai vu les affrontements. Il y avait les manifestants. Et la police a commencé à lancer des grenades. Ce n’était pas des lacrymogènes, c’était puissant. Il y a eu des blessés. Les gens couraient dans tous les sens».

Le titre de « meilleure eau de Chine »

Ce n’est pas un village de l’est de la Chine, mais une ville de 220 000 habitants de l’Ouest chinois qui se révolte, d’où la répression en cours. Shifang fait penser à la mobilisation de la ville de Dalian au nord-est du pays, l’été dernier. Même chose : les autorités avaient dû reculer devant les projets d’une usine chimique, mais les contestataires avaient été réprimés.

Le site Boxun basé aux Etats-Unis affirme que les affrontements ont fait au moins deux morts parmi les manifestants. Face aux violences dont sont victimes les civils, les magasins de Shifang ont affiché par solidarité des panneaux condamnant l’entrée « aux milices armées de bâtons ».

Située a 50 km de la capitale du Sichuan, Shifang a été l’une des premières villes touchées par le séisme de 2008. C’est aussi une ville réputée pour la bière Lanjian et son eau minérale Bingchuan Shidai qui a reçu en 2006 le titre de « meilleure eau de Chine ». Les manifestants ne veulent pas de l’usine métallurgique dont les travaux ont commencé le 29 juin dernier. Beaucoup réclament également des comptes pour les blessés.

Leur presse – RFI (Stéphane Lagarde), 03/07/2012

Les manifestants de Shifang maintiennent la pression sur les autorités chinoises

Des centaines de personnes se sont rassemblées en dépit d’une forte présence policière, mercredi 4 juillet, dans la ville de Shifang, où les autorités ont annoncé mardi soir l’abandon définitif d’un projet d’usine polluante. Après deux jours d’affrontements entre des habitants et la police antiémeute et l’annonce d’une répression implacable contre ceux qui poursuivraient le mouvement, vingt et une personnes arrêtées sur vingt-sept ont été libérées.

Ces arrestations ont déclenché un énorme sit-in mardi soir devant un bâtiment de l’administration par les habitants pour exiger la libération des détenus. Des photographies publiées sur les sites de micromessagerie montrent une foule importante assise sous des lampadaires. Six personnes sont toujours détenues par la police, indique l’autorité municipale dans un communiqué sur son site officiel de micromessagerie, Sina Weibo. Selon Chinese Human Rights Defenders, une organisation de défense des droits de l’homme, deux manifestants auraient été tués dans les affrontements, ce que nie le gouvernement.

Le chef local du Parti communiste a souligné que cette usine de traitement de métaux lourds aurait apporté beaucoup d’emplois et de bénéfices économiques à sa ville, mais il a reconnu l’opposition de la population et l’échec du gouvernement à expliquer aux habitants les avantages du projet. Dès lundi, les autorités avaient reculé sur le projet de complexe métallurgique, dont la réalisation n’avait toutefois été que suspendue dans un premier temps.

Les dernières manifestations contre la pollution soulignent les préoccupations écologiques de nombreux Chinois. Durant l’été 2011, une usine fabriquant des panneaux solaires avait ainsi été provisoirement fermée à Haining après des manifestations, tandis que les habitants de Dalian (Nord-Est) avaient obtenu le déménagement d’un complexe pétrochimique qui devait être implanté dans leur ville.

 Leur presse – LeMonde.fr (Reuters), 04/07/2012

A Shifang, une nouvelle révolution verte

A Shifang, au Sichuan, des centaines d’habitants font toujours le siège devant la mairie de la ville pour réclamer la libération des manifestants arrêtés.

La police anti-émeute présente en masse à Shifang, dans le Sichuan, ne parvient pas à calmer la colère des habitants.

Si l’annonce de l’abandon définitif du projet d’un complexe métallurgique a mis fin à deux jours d’affrontements, des centaines d’habitants font toujours le siège ce mercredi devant la mairie de la ville pour demander la libération de six manifestants.

27 personnes ont été arrêtées depuis le début de cette affaire. 21 ont pour l’instant été libérées.

2 manifestants tués ?

Pendant deux jours, des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre faisant usage de gaz lacrymogènes et de matraques ont mis à sac cette ville du sud-ouest du Sichuan peuplée de 430 000 habitants.

Si le calme semble revenu en apparence, deux manifestants auraient été tués dans les affrontements selon l’organisation Chinese Human Rights Defenders. Ce que nie le gouvernement.

L’écologie : moteur d’une prise de conscience sociale des Chinois?

Ca n’est pas la première fois qu’une ville chinoise toute entière se soulève pour protester contre un projet d’usine polluante.

En décembre dernier, des milliers de Chinois sont descendus dans les rues de Haimen, près de Canton, défiant les matraques et les gaz lacrymogènes des forces de police anti-émeute, là aussi présentes, pour protester contre une centrale thermique.

Quelques mois auparavant, ils étaient 12 000 à Dalian dans le nord de la Chine à braver les autorités pour crier leur colère contre une usine pétrochimique, qui les mettait là-aussi en danger. Idem quelques semaines plus tard non loin de Shanghaï, à Haining.

Les questions de pollution sont devenues un sujet fréquent de mécontentement en Chine, où l’environnement a été sacrifié sur l’autel d’une croissance économique et d’une industrialisation effrénées.

Les autorités chinoises craignent pour la stabilité sociale, en particulier avant le congrès du Parti communiste cet automne, qui doit voir une nouvelle génération de dirigeants accéder au pouvoir à Pékin.

Leur presse - chine.aujourdhuilemonde.com, 04/07/2012

http://lechatnoiremeutier.wordpress.com/2012/07/04/chine-arret-du-projet-dusine-metallurgique-suite-a-la-revolte-de-la-population-de-shifang-sichuan-2-3-et-4-juillet-2012/

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