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Billet de blog 19 avril 2022

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Pour le meilleur et pour le pire, dans la fraternité et le respect mutuel!...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 24 avril prochain nous aurons à choisir notre prochain président de la République, et ainsi à confier le destin de notre pays à un homme ou à une femme qui aura le devoir de nous rassembler.  Une union qu’il faudra réaliser autour d’un projet commun et d’une aventure commune, qui nous hissera peut-être vers une société plus en phase avec nos valeurs. Pour cela, le français musulman que je suis voudrait humblement prendre sa part dans cet engagement collectif et rappeler qu’il souhaite, comme des dizaines d’autres millions de citoyens, apporter son témoignage et sa réflexion sur ce que pourrait être la France de demain.

D’abord, pour les six ou sept millions de musulmans qui vivent sur notre sol, je voudrais que nous soyons quelque peu lucide sur ce que ce statut de français nous incombe. Sur le fait, comme le rappelle allègrement de nombreux faucons de la droite depuis des décennies, qu’être français ce sont des droits, mais ce sont également et surtout à mon goût des devoirs. Pour appréhender au mieux cette condition de français, il faut avant tout croire profondément et sincèrement à l’idéal républicain qui est inscrit dans les fondements de notre nation, et comprendre que notre appartenance à ce pays doit nous conduire inlassablement à préserver et à protéger tous les acquits offert par les sacrifices des générations précédentes. La liberté, l’égalité, la fraternité, des mots qui résonnent à nos oreilles comme l’espérance, le bonheur et la joie de pouvoir construire ensemble un destin commun.

Pour ce faire, les musulmans de France doivent se montrer en capacité d’être à la fois de bons français, investis par cette charge, mais également en mesure de dénoncer et de pointer les manquements qui sont les leurs. Depuis au moins trente ans notre religion, installée dans ce pays depuis des siècles, a voulu par ses membres devenus nombreux, poser les bases d’une organisation qui lui offrirait la visibilité nécessaire, et surtout qui lui permettrait de s’exercer dans le cadre de la loi et de nos valeurs laïques. Toutefois, malgré des efforts réguliers, l’islam reste un sujet permanent de préoccupation et d’inquiétude pour la majorité de nos concitoyens et peine à offrir un visage rassurant. Aux questions du foulard, de l’islam politisé, des mosquées sous influence étrangère ou encore de l’abattage rituel, s’ajoutent les incivilités, les comportements violents, agressifs, inadaptés, qui laissent trop souvent penser que le musulman venu du Maghreb ou d’Afrique reste dépourvu d’éducation et de savoir-être. Ce constat s’applique principalement aux dernières générations de français issus de l’immigration, car pour les premières (nos parents) arrivées sur notre sol dans les années soixante elles ont fait preuve d’un courage immense, d’une grande exemplarité et de beaucoup d’abnégation.

 Évidemment, les préceptes et la morale de l’islam sont en opposition totale avec ces nombreux manquements qu’il faut avoir l’honnêteté de dénoncer et de combattre. La communauté nationale avec toutes ses composantes doit se prémunir contre les excès de ceux qui provoquent le désordre et trouble l’ordre public par des agissements inappropriés. Les cortèges de mariages qui bloquent les artères de grandes villes et provoquent des bouchons, les abris-bus détruits et les voitures qui brûlent lorsqu’une équipe de football remporte un match, les agressions aux urgences des hôpitaux lorsque le médecin n’est pas une femme, les prières de rues, les mosquées «drive» devant lesquelles on se gare n’importe comment provoquant la colère des riverains, etc. Tous ces comportements affectent la compréhension de la religion musulmane et compromettent la possibilité que la fraternité puisse s’exercer naturellement à l’égard de tous les musulmans de France et du monde. 

Soyons des citoyens responsables en allant voter dimanche et restons mobilisés contre tous ceux qui fragilisent notre pacte républicain, tant du point de vue politique par les discours qui invitent à la haine, que par la dénonciation de toutes les attitudes irrespectueuses et violentes qui conduisent à nous éloigner les uns des autres. Ainsi, la France ne pourra rester longtemps la France si une partie de ses enfants, quels qu’ils soient, se sent rejeter, acculer, et livrés aux préjugés et au désarroi. Le 24 avril il faudra massivement voter pour que notre pays reste une terre d’accueil et de tolérance, et pour qu’il ne devienne pas le sombre mouroir de tous les idéaux républicains ! En attendant, le véritable choix, qui se fera dans deux mois sur le terrain,  sera celui des élections législatives de juin, lorsqu’il conviendra de désigner une majorité de députés en capacité d’assurer la concorde et le bonheur des français.

Amar DIB

Écrivain    

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