La plainte de la Mosquée de Paris contre Michel Houellebecq cette semaine n’est qu’une réaction sporadique et tardive qui ne s’inscrit nullement dans une lutte sérieuse et durable contre l’islamophobie et tous les racismes dont souffre notre société. Son recteur, Hafiz Shemsdine, lui-même, et d’autres responsables religieux, ne proclament-ils pas depuis plusieurs années qu’il n’y a pas de racisme antimusulman en France, en niant ainsi les nombreuses agressions dont sont l’objet les musulmans et leurs lieux de culte. Aujourd’hui, ces mêmes responsables semblent découvrir l’islamophobie pathologique du célèbre écrivain, avec la même culpabilité et inaptitude qu’ils ont ignoré les multiples attaques quotidiennes contre cette religion déversées sur les plateaux télés des chaines «d’informations».
Le silence assourdissant du Ministre de l’intérieur concernant cette affaire, témoigne du malaise dans lequel il plonge la classe politique en général, et le gouvernement en particulier, qui n’osent plus s’associer à la dénonciation des préjugés racistes quand ils sont proférés contre les musulmans. C’est assez déroutant de constater combien la tolérance, à l’égard de tous les pseudos-intellectuels, les pseudos-journalistes, qui stigmatisent outrageusement et librement la religion musulmane et ses pratiquants, est devenue très extensible. Mais la responsabilité de cette situation incombe principalement aux responsables du culte musulman qui depuis au moins vingt ans n’ont pas agis dans ce sens et ont laissé s’installer la défiance, le préjugé et surtout l’ignorance concernant cette composante de la population française.
Mardi dernier, l’ancien patron de LCI, Jean-Claude Dassier, avait déclaré sur Cnews «les musulmans s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire». Là encore aucune réaction officielle des pouvoirs publics, du gouvernement ou du CSA, et même la chaine d’information, coutumière de ce genre d’excès de langage sur ses plateaux, n’attendra que le lendemain pour se désolidariser des propos de son chroniqueur. Un laxisme et une indifférence généralisés qui nous renvoie à une triste période de notre histoire durant laquelle des français mal inspirés stigmatisaient d’autres français du fait de leur appartenance supposée à une origine ou à une religion.
Les ignares racistes que sont les Dassier, Houellebecq et les autres, doivent savoir qu’il y a au moins sept millions de musulmans en France, et que parmi ceux-ci nombreux sont des médecins, des infirmières, des pompiers, des ambulanciers, des aides- soignants, qui sauvent quotidiennement des vies ou apportent du réconfort à nos concitoyens. Au moins pour ceux-ci et tous ceux qui contribuent au développement de notre pays et son maintien parmi les grandes puissances de notre monde, il serait souhaitable que nos dirigeants politiques veillent au maintien de notre cohésion nationale et au devoir de solidarité à l’égard de tous ceux qui sont victimes de préjugés.
Enfin, on a le droit de ne pas aimer l’islam ou les musulmans, c’est un sentiment personnel qui doit le rester, et ne pas être promu comme une idéologie ou un slogan. Pour le reste, il est bon de rappeler, ici, que cette religion et ses pratiquants n’ont aucune part dans les nombreux fléaux qui ont frappé l’humanité ces derniers siècles : comme les 80 millions de morts du communisme, les six millions de morts de la Shoa, les dizaines de millions de morts des deux dernières guerres mondiales, les sinistres guerres de colonisation, les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, les centaines de milliers de victimes de l’Apartheid et de la ségrégation raciale, etc. Je pense que tous ces acharnés détracteurs de l’islam devrait déjà commencer par réviser leur histoire….
Amar DIB
Ecrivain