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Billet de blog 31 décembre 2024

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Affaire Boualem Sansal

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Affaire Boualem Sansal,

une banale histoire de haine…

Il est facile de constater, en lisant une certaine presse, et en parcourant les émissions et les débats sur certaines chaines d’information françaises, que l’Algérien comme le Franco-Algérien, ne bénéficient pas d’un traitement des plus favorables ou des plus tolérants. La faute à l’histoire certains nous diront, d’autres s’évertueront à nous expliquer combien « ces gens » doivent à la France, à sa générosité, à sa bienveillance, à ses « bienfaits », et combien ils se montrent ingrats. Une vision nostalgique, d’une France qui aurait tellement donné, tellement offert à ces Algériens peu reconnaissants, et qui aujourd’hui verrait ce peuple qu’elle a longtemps chéri, et à qui elle a tellement donner lui mordre la main. Un récit imaginaire, surréaliste, psalmodié par les faucons de l’extrême droite et de la droite en général, qui alimente inlassablement leurs relais d’opinions afin que la haine, habituellement épistolaire, ne cesse de se déverser sur les habitants et les ressortissants de ce pays.

Oui, en France, on cultive depuis longtemps ce ressentiment et cette haine de l’Algérie et des Algériens en général. On le constate, et on le comprend d’autant mieux, quand on est né en France, et que durant une longue partie de son enfance, régulièrement, on a dû supporter d’entendre : « sale arabe », « retourne dans ton pays », « vous les crouilles », « vous les bougnoules », « du travail d’Arabe », etc. C’est quelque chose de marquant quand on a six ans, cela l’est encore plus quand on en a douze, et cela vous poursuit jusqu’à vos vingt ans quand vous constatez que les « Arabes » sont systématiquement refoulés des discothèques du fait de leurs origines. Malheureusement, avec le temps, on s’habitue à ce traitement, même si par la suite on y répond par le coup de poing, par la révolte, la plainte, on brûle des voitures, ce qui finit par nous caractériser, et permet à des observateurs imbibés de haine de nous classifier parmi les inaptes à la civilisation, « les sauvageons ».

Finalement, le récit colonial peut de nouveau trouver sa place dans les colonnes de la presse, sur les plateaux de télévision, et être naturellement servi aux Français, agrémenté de relents islamophobes (« une religion de barbares ») pour étayer un peu les théories négationnistes revisitées. Là-dessus, cet axe de la détestation incommensurable de l’Algérie se découvre une icône : Boualem Sansal. L’homme est un écrivain reconnu, disposant d’une belle plume, mais c’est aussi un Algérien refoulé, profondément athée, profondément islamophobe, qui a toujours vécu en Algérie où il a cultivé de nombreuses frustrations. C’est un peu le Houellebecq local, peu regardant sur son apparence, coutumier des excès en tout genre, une histoire familiale apparemment chaotique, avec semble-t-il des zones d’ombres, et surtout des prédispositions incroyables pour promouvoir la haine de ses semblables (les Algériens bien-sûr).

Alors, après avoir entendu durant des années, Boualem Sansal, accabler l’islam et les musulmans, dire tout le mal qu’il pensait de l’Algérie et des Algériens, après qu’il se soit allègrement compromis avec les tenants de l’extrême droite, et leurs discours ouvertement racistes, que pouvons-nous penser de cet auteur, retenu à Alger, et probablement interrogé sur ses nombreuses compromissions ? En définitif pas grand-chose. En France, des journalistes éclairés, honnêtes et investis par le devoir d’informer au mieux les Français, ont constaté comme moi, les dérives et les nombreux propos excessifs de ce personnage qui l’ont malheureusement conduit là où il est aujourd’hui. Évidemment, personne ne peut s’en réjouir, mais rarement dans l’histoire, et même jamais, le fait de propager la haine, la division, et la xénophobie, n’a permis aux protagonistes d’échapper durablement à leurs méfaits.   

Demain nous entrons dans une nouvelle année (2025), pourtant, aujourd’hui encore, subsistent des nostalgiques de l’OAS et de « l’Algérie française », qui s’évertuent à déterrer perpétuellement ce cadavre putride de la colonisation qui a fait tant de mal à l’humanité, pour évoquer « les grandes heures de la France ». Des monstres froids qui paradent à la télévision pour dénoncer tous ceux (« les islamo-gauchistes ») qui n’adhérent pas à cette doxa raciste et néocolonialiste, et faire de nous, des malentendants félons et « des ennemis de l’intérieur ». Pour ces gens, peu respectables et acquis aux idéaux racistes, Victor Hugo, Émile Zola, Alphonse de Lamartine, Jean-Paul Sartre ou Albert Camus, apparaitraient aujourd’hui à leurs yeux comme des « islamo-gauchistes » qu’il faudrait combattre et dénoncer. Eux, préfèrent vraisemblablement la France des Charles Maurras, Louis-Ferdinand Céline, Paul Morand, Robert Brasillach ou Boualem Sansal. Il suffit pour cela d’actualiser les discours et les écrits pour mettre à la place du qualificatif juif celui de musulman, Arabe ou Algérien…

Finalement, peut-être pourrions-nous résumer l’épisode Boualem Sansal à partir du célèbre adage qui prévoit que celui qui sème le vent récolte la tempête !

Amar DIB

Écrivain et Juge-Médiateur-International      

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