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Après avoir pris le pouvoir en août 2023 à la suite du coup d'État militaire, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition gabonaise, a initié le dialogue national inclusif. Cette démarche vise à entamer une transition politique dans le pays et à élaborer une nouvelle constitution, impliquant l'ensemble de la société gabonaise, y compris les diasporas.
Les Dialogues Politiques au Gabon
Au fil des années, plusieurs dialogues politiques ont été instaurés au Gabon afin de tenter de résoudre les tensions et les conflits internes dans le pays. Ces initiatives ont notamment abordé des sujets cruciaux tels que la proclamation du multipartisme, la création de la Cour constitutionnelle, ou encore l'extension des pouvoirs du chef du gouvernement.
Cependant, malgré ces efforts, le parti unique, le Parti démocratique gabonais, est demeuré au pouvoir jusqu'en 2023. De plus, la Constitution de 1991, résultant de ces concertations, a subi des modifications progressives, parfois au détriment de ses fondements démocratiques.
Ainsi, le dialogue national inclusif prévu en avril 2024 s'inscrit dans la lignée de ces précédentes tentatives de dialogue politique au Gabon. Il intervient dans un contexte de transition politique consécutif au coup d'État de 2023, cherchant à instaurer une nouvelle dynamique démocratique dans le pays.
Dialogue national inclusif au Gabon : principaux points à retenir
Le 2 avril 2024, le Gabon lance un dialogue national inclusif à Libreville, s'étendant sur un mois, dans le but de réconcilier les Gabonais et de définir les contours de la future Constitution.
Objectifs du DNI :
- Apaiser les tensions politiques et sociales suite au coup d'État du 30 août 2023.
- Réfléchir à l'avenir institutionnel du Gabon, intégrant les aspirations des différentes composantes de la société gabonaise.
- Élaborer une nouvelle Constitution, véritable reflet des valeurs démocratiques et des besoins du peuple gabonais, dans une perspective d'inclusion et de justice sociale.
Participants au DNI
- Représentants du gouvernement, incluant les diverses branches de l'administration publique.
- Partis politiques de l'opposition, offrant ainsi une plateforme de débat et de représentation pour toutes les sensibilités politiques du pays.
- Société civile, englobant les organisations non gouvernementales, les groupes d'intérêt, les associations professionnelles et citoyennes.
- Organisations religieuses, apportant une dimension éthique et spirituelle à ce processus de dialogue et de construction nationale.
- Personnalités indépendantes, garantissant une diversité de perspectives et d'expertises pour enrichir les débats.
Déroulement du DNI
- Phase 1 : Consultations (2-15 avril) — Des ateliers thématiques seront organisés, permettant aux participants de se réunir autour de sujets cruciaux tels que la forme de l'État, le système électoral, les droits et libertés, la décentralisation, la justice, la défense, l'économie, l'éducation, la santé et l'environnement. Ces discussions approfondies visent à identifier les priorités et les consensus au sein de la société gabonaise.
- Phase 2 : Rédaction (16-25 avril) — Un comité de rédaction, composé de représentants des différentes parties prenantes et assisté par des experts en droit constitutionnel et en sciences politiques, sera chargé de synthétiser les contributions issues des consultations pour élaborer une nouvelle Constitution. L'objectif est de traduire les aspirations exprimées lors des débats en un cadre juridique solide et inclusif.
- Phase 3 : Validation (26-30 avril) — La nouvelle Constitution sera soumise au peuple gabonais pour un vote par référendum, permettant ainsi à chaque citoyen de participer à la définition des institutions et des règles fondamentales de la nation. Une campagne d'information exhaustive sera menée pour expliquer les enjeux du référendum, et des observateurs internationaux seront invités à garantir la transparence et la légitimité du processus.
Organisation et participation
- Le dialogue se déroule du 02 au 30 avril 2024 à Libreville et Akanda, chef-lieu de la province de l'Estuaire depuis le 15 avril 2022, et située au nord-est de la capitale.
- Le DIN est dirigé par Mgr Jean-Patrick Iba-Ba, Archevêque métropolitain de Libreville, pour apporter une dimension éthique et morale essentielle à cette démarche.
- Suite à des plaintes de la population, le nombre de participants a été porté à 600 (580, mais 20 personnes ont été ajoutées suite à des plaintes), garantissant ainsi une représentativité accrue et une diversité de points de vue.
- Plus de 38 000 contributions ont été recueillies grâce à un appel à contribution, témoignant de l'engagement et de la participation active des Gabonais dans ce processus de construction nationale.
Aspects logistiques
Le coût estimé des assises pendant presque un mois est estimé entre 3 et 5 milliards de francs CFA. Ce qui reflète l'importance accordée à la réussite de cette concertation nationale inclusive, démontrant ainsi la volonté politique et financière de mener à bien cette entreprise démocratique. Un chronogramme détaillé a été établi, prévoyant notamment la révision de la liste électorale en avril 2025 et la tenue d'élections en août 2025, assurant ainsi une continuité et une stabilité institutionnelle dans le processus démocratique du Gabon.
Points d’interrogation
La participation de l'opposition revêt une importance cruciale pour assurer la représentativité et la légitimité du processus. Bien que la présence de Jean Ping soit confirmée, il est reconnu comme le véritable vainqueur des élections de 2016 face à Ali Bongo, l'absence du Professeur Albert Ondo Ossa, vainqueur des élections présidentielles d'août 2023, ainsi que celle de Luc Bengone Nsi, surnommé "l'irréductible" pour son refus de compromis avec le pouvoir "des Bongo" père et fils, sèment le doute.
Des efforts doivent être déployés pour encourager une participation constructive de toutes les forces politiques du pays. La transparence et l'inclusivité du processus sont essentielles pour éviter toute tentative de manipulation ou de captation du dialogue à des fins partisanes. Des mécanismes de contrôle et de reddition de comptes doivent être mis en place pour garantir l'intégrité et la crédibilité du processus. La sécurité des participants est une préoccupation majeure dans un contexte politique tendu. Des mesures doivent être prises pour prévenir tout acte de violence et assurer un environnement sécurisé et propice au débat démocratique.
DNI : Les attentes
Le Dialogue National Inclusif (DNI) est un processus complexe et ambitieux, mais indispensable pour renforcer la démocratie et assurer la stabilité politique au Gabon. Son déroulement et ses résultats seront attentivement suivis, car ils auront un impact durable sur l'avenir du pays et sur sa gouvernance démocratique, en particulier en favorisant un retour à un ordre constitutionnel viable et réel.
@DworaczekBendome