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Billet de blog 7 avril 2025

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Election présidentielle au Gabon : Axel Stophène Ibinga

Deuxième candidature pour Axel Stophène Ibinga, qui après s’être mesuré à Ali Bongo Ondimba en 2023, se présente aujourd’hui contre Brice Clotaire Oligui Nguema, le chef de la transition post-coup d’État.

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Présidentielle 2025 du 12 avril au Gabon - Axel Stophène Ibinga- Ibinga – Candidat indépendant

Son programme « La République au travail » propose une rupture radicale avec les pratiques anciennes, mais peut-il convaincre dans un contexte marqué par l’espoir d’un renouveau et les incertitudes d’une transition politique ? Un candidat deux fois en lice : du combat contre Ali Bongo à la transition actuelle

Axel Stophène Ibinga Ibinga, né le 27 février 1981 à Port-Gentil, est un entrepreneur et homme politique indépendant qui a déjà tenté sa chance lors de l’élection présidentielle d’août 2023. À l’époque, il incarnait une opposition à Ali Bongo Ondimba, dont le règne de près de 14 ans avait été marqué par des accusations de corruption, de népotisme et de déconnexion avec les réalités sociales du pays. Bien que son premier passage n’ait pas abouti à une victoire, Ibinga-Ibinga a su tirer parti de son image d’outsider déterminé.

Aujourd’hui, dans un contexte profondément transformé par le coup d’État militaire du 30 août 2023, Ibinga-Ibienga revient sur la scène politique avec une ambition intacte : offrir une alternative crédible à Brice Clotaire Oligui Nguema, le leader de la transition. Face à un régime transitoire qui peine encore à définir ses priorités, Ibinga-Ibinga se présente comme la voix de ceux qui refusent de voir le Gabon sombrer dans une nouvelle forme d’autoritarisme ou de gestion inefficace.

Dans son programme électoral, Ibinga affirme : "Nous devons absolument réagir et c’est maintenant. Ce n’est pas normal pour un pays qui a autant de potentialités de laisser pour compte ses populations." - Cette posture volontariste pourrait attirer une jeunesse désabusée, confrontée à un taux de chômage avoisinant les 40 %. Mais cette deuxième tentative sera-t-elle couronnée de succès ?

Un programme axé sur le travail et l’entrepreneuriat 

Le programme électoral d’Axel Stophène Ibinga-Ibinga repose sur une vision claire : transformer le Gabon en une nation dans laquelle le travail et l’initiative privée deviennent les moteurs du développement économique et social. Ce projet, articulé autour de neuf axes stratégiques correspondant aux neuf provinces du pays, vise à répondre aux défis structurels qui ont longtemps miné le Gabon : chômage élevé, dépendance aux importations alimentaires, sous-exploitation des ressources naturelles et insuffisance des infrastructures.

L’un des piliers centraux de son plan est la promotion de l’entrepreneuriat. Ibinga-Ibinga propose notamment d’investir "25 milliards de FCFA par an pour transformer associations, partis politiques et confessions religieuses en entreprises productives", selon ses propres mots. Cette initiative ambitieuse vise à dynamiser l’économie locale tout en réduisant le chômage. En outre, il envisage la création de banques spécialisées (Banque Agricole, Banque de Développement, etc.) pour soutenir ces initiatives.

Cependant, malgré leur caractère séduisant, ces propositions soulèvent plusieurs interrogations. Comment financer de telles mesures dans un contexte de crise budgétaire ? Et surtout, comment garantir que les bénéfices générés profitent effectivement aux populations locales plutôt qu’à une élite déjà bien établie ? Ces questions demeurent sans réponse claire dans son programme.

Ibinga justifie ses ambitions en affirmant : "C’est par le travail que la Gabonaise et le Gabonais s’épanouissent non seulement en tant qu’individu, mais aussi en tant que membre d’une communauté cohérente." Une vision idéaliste, mais dont la faisabilité reste à prouver.

Réformes institutionnelles : une volonté de moralisation

Outre les aspects économiques, Ibinga-Ibinga aborde des questions institutionnelles cruciales telles que la réforme des institutions publiques et la lutte contre la corruption. Il propose notamment la suppression du Sénat, qu’il considère comme "coûteux et peu représentatif", afin de rationaliser les dépenses publiques et recentrer l’action gouvernementale sur des priorités concrètes.

La décentralisation constitue un autre levier majeur de son projet. Ibinga-Ibinga souhaite renforcer les pouvoirs locaux en donnant davantage d’autonomie aux provinces, départements et villages. Cette démarche vise à rapprocher la prise de décision des citoyens tout en promouvant une gestion plus transparente et participative des affaires publiques. Par ailleurs, il met l’accent sur la dépolitisation de l’administration, plaidant pour une fonction publique basée sur le mérite plutôt que sur les relations politiques.

Ces propositions illustrent une volonté affirmée de moraliser la vie publique et de restaurer la confiance entre l’État et ses citoyens. Toutefois, elles soulèvent également des interrogations quant à leur faisabilité dans un contexte marqué par des résistances profondément ancrées au sein des élites. Interrogé sur ces réformes, Ibinga-Ibinga déclare : "Nous devons remettre la République au travail. Il est temps de mettre fin aux pratiques qui ont conduit notre pays à la faillite morale et économique". Un discours fort, mais qui nécessitera des alliances stratégiques pour être mis en œuvre.

Un programme ambitieux mais fragile

Bien qu’ambitieux, le programme d’Axel Stophène Ibinga se heurte à plusieurs défis majeurs. Le premier concerne le financement de ses vastes projets. Avec un budget national limité et une dette publique croissante, comment mobiliser les ressources nécessaires pour réaliser ces ambitions sans alourdir encore davantage la charge fiscale des Gabonais ?

De plus, l’indépendance d’Ibinga-Ibinga, bien qu’elle soit perçue comme une force, pourrait également être un frein. Sans réseau politique ni soutien institutionnel, il lui sera difficile de rassembler suffisamment de voix pour remporter l’élection ou de faire adopter ses réformes si elles nécessitent une large coalition.

Enfin, la question de la mise en œuvre reste cruciale. Si certaines propositions, comme la réduction des importations alimentaires ou la modernisation du système carcéral, semblent pertinentes, leur succès dépendra largement de la capacité du candidat à mobiliser les compétences techniques et humaines nécessaires. Or, le Gabon souffre depuis longtemps d’un manque criant de main-d’œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs. Face à ces défis, Ibinga-Ibinga reste optimiste : "Je vous invite à voter le porteur du programme de LA RÉPUBLIQUE AU TRAVAIL. Ensemble, nous pouvons bâtir un Gabon où chacun aura sa place".

Un Gabon nouveau

Axel Stophène Ibinga Ibinga incarne une rupture nécessaire dans un pays où les frustrations accumulées ont souvent cédé le pas à l’immobilisme. Son programme, bien qu’idéaliste, offre une feuille de route claire pour sortir le Gabon de son statut de "paradis pauvre". Cependant, la réussite de ce projet dépendra autant de la mobilisation citoyenne que de la capacité du candidat à naviguer dans un environnement politique complexe.

À quelques jours du scrutin, la question demeure : les Gabonais sont-ils prêts à suivre cet entrepreneur iconoclaste dans sa quête de transformation ? Une chose est sûre : avec son discours franc et son approche pragmatique, Axel Stophène Ibinga-Ibinga a déjà réussi à marquer les esprits dans une campagne présidentielle qui s’annonce historique.

Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME | Journaliste indépendante | 07 avril 2025

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