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Gabon : Ouverture des assises nationales contre la vie chère
Le siège du ministère gabonais de l'Économie, immeuble Arambo, a accueilli ce mardi 11 avril, les Assises nationales de lutte contre la vie chère. Ces assises s'inscrivent dans la continuité des assises provinciales qui se sont tenues dans les neuf provinces du Gabon les 30 et 31 mars derniers.
Au cours des Assises Nationales de la Lutte contre la Vie Chère, les participants venus de tout le pays examinent les causes de la hausse des prix. Et cherchent des mesures pour alléger le panier de la ménagère jusqu'au jeudi 13 avril 2023. La mission est rude, car de nombreux produits de première nécessité consommés au Gabon sont importés. Autour des tables rondes, divers sujets sont abordés, notamment l'alimentation et la restauration, la santé et l'éducation, le logement et le bâtiment, les transports, ainsi que la parafiscalité et la fiscalité.
Les engagements du nouveau Premier ministre
La conférence nationale de lutte contre la vie chère a été annoncée le 24 janvier lors de la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, Alain-Claude Bilie Bi Nzé. Ces rencontres font partie de ses douze engagements. Elles sont ouvertes aux opérateurs économiques, à la société civile et aux partenaires au développement, et ont pour objectif d'esquisser les axes nécessaires à la maîtrise de la cherté de la vie à Libreville, mais aussi dans l'ensemble du pays. L'objectif de ces rencontres nationales, qui se tiennent sous la supervision du chef du gouvernement, est de ramener les prix des produits de première nécessité et de consommation courante à des niveaux acceptables. Comme l'a indiqué le porte-parole du gouvernement, Yves Fernand Manfoumbi.
L'inflation alimentaire dans le monde
Au Gabon, comme dans d'autres régions d'Afrique et du monde, l'inflation des biens de consommation fragilise l'équilibre des sociétés. L'énorme vague d'inflation qui déferle actuellement sur le monde n'épargne aucun pays. De la Tunisie à l'Afrique du Sud, en passant par l'Égypte, la Thaïlande et bien d'autres pays, le constat est le même : les populations ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Selon les dernières données mensuelles disponibles, d'octobre 2022 à février 2023. Plus de 88,2 % des économies à faible revenu, 93 % des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 89 % des économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont connu des taux d'inflation supérieurs à 5 %. Tandis que 85,7 % des pays à revenu élevé ont également connu une forte inflation des denrées alimentaires. L'Afrique, l'Amérique du Nord, l'Amérique latine, l'Asie du Sud, l'Europe et l'Asie centrale sont les pays les plus touchés.
Bien que chaque pays ait ses particularités, les situations sont souvent comparables.
Au-delà du fait que le taux de croissance attendu pour 2023 au Gabon soit de l'ordre de 3,2 %. Des défis majeurs tels que le chômage élevé, la spéculation, l'état précaire des infrastructures routières, la mauvaise gouvernance, la corruption endémique et la pandémie de Covid-19, ont contribué de manière significative à la détérioration de la situation actuelle de la population. Il est difficile de comprendre comment un pays qui aspire à l'autosuffisance alimentaire peut consacrer seulement 23 milliards de francs CFA par an à l'agriculture. Tout en investissant 191 milliards de francs CFA dans la défense. Alors le pays est considéré comme un ilot de paix et de prospérité depuis son indépendance, le 17 aout 1960. En outre, la production locale ne représente que 4 % de la nourriture consommée au Gabon, tandis que les 96 % restants sont importés.
Enfumage : Les Assises nationales contre la vie chère au Gabon sont-elles une tentative de l'actuel gouvernement de s'absoudre et de camoufler la réalité aux Gabonais ?
Cette question se pose parce que ces assises ont lieu à seulement cinq mois des prochaines élections présidentielles. Après quatorze ans de pouvoir, et une majorité de la population qui vit dans une insécurité sociale permanente. On pourrait s'attendre à ce que le président actuel fasse état de ses réalisations. Malheureusement, les Gabonais sont témoins, une fois de plus, d'un flot de promesses. Et de spectacles qui masquent mal les détournements d'argent public et les gaspillages qui ont eu lieu sous les deux mandatures de l'actuel occupant du Palais Rénovation.