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Billet de blog 17 mai 2024

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La dette du Gabon : un fardeau persistant malgré les efforts

Le casse-tête de la dette publique, un défi majeur pour la nouvelle ère au Gabon.

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La transition politique survenue au Gabon en août 2023 n'a pas réglé les défis liés à l'endettement public du pays. Sous l'ancien régime d'Ali Bongo, le Gabon avait accumulé une dette considérable, qui demeure un fardeau malgré les tentatives du nouveau gouvernement pour regagner la confiance des créanciers internationaux. L'assainissement des finances publiques reste donc un dossier prioritaire pour les nouvelles autorités gabonaises.

Illustration 1
Gabon. La dette publique gabonaise : une crédibilité en trompe-l'œil !

La dette publique du Gabon

Le problème de la dépense au Gabon résulte d'années de dépenses excédant les revenus de l'État, nécessitant de lourds emprunts pour compenser les déficits budgétaires. Une situation analogue à un particulier contraint de s'endetter pour joindre les deux bouts.

Malgré les assurances des nouvelles autorités, le poids de cette dette reste préoccupant, en particulier vis-à-vis de la Chine, principal créancier. Les retards de paiement et la lenteur des réformes économiques ont entamé la crédibilité financière du Gabon, compliquant les discussions avec ses partenaires pour restructurer cette dette colossale.

En somme, le lourd endettement public hérité des régimes précédents demeure un défi majeur pour la transition gabonaise dans ses efforts pour assainir les finances du pays.

LES DETTES DU GABON, PARLONS-EN ! © Anne Marie DWORACZEK-BENDOME

Des assurances peu convaincantes

L'annonce du président de la transition, selon laquelle la dette gabonaise aurait été intégralement remboursée en quatre mois seulement, avait été accueillie avec euphorie par la population, mais avec scepticisme par les experts économiques. Si cette déclaration s'avérait trop optimiste, force est de constater que des efforts ont été consentis pour redorer quelque peu le blason financier du Gabon auprès des créanciers internationaux. Cependant, le pays reste lourdement endetté et d'importantes réformes sont encore nécessaires pour retrouver une pleine crédibilité et assainir durablement les finances.

La dette gabonaise vis-à-vis de la Chine : un fardeau lourd à porter

La dette colossale contractée par le Gabon auprès de la Chine représente un lourd fardeau pour les finances publiques. Avec 120 millions de dollars à rembourser annuellement et une ardoise globale de 800 millions, le pays se trouve dans une situation financière très délicate face à ses créanciers chinois. Les arriérés de paiement atteignant 140 milliards de francs CFA n’arrangent rien, faisant du Gabon un débiteur "à risque" aux yeux de Pékin.

Acculé, le gouvernement gabonais pourrait être contraint d'accepter les conditions chinoises, notamment la cession de un à deux cargos de pétrole par an pour éponger progressivement sa dette. Mais pour y arriver, l'État devrait d'abord s'acquitter d'au moins 40 % de ses arriérés, soit 56 milliards de francs CFA, un défi de taille dans le contexte économique actuel.

En somme, cet endettement massif vis-à-vis de Pékin hypothèque lourdement les marges de manœuvre financières du Gabon, qui devra consentir d'importants efforts pour se désendetter et retrouver sa souveraineté budgétaire.

Le Gabon de la transition s'endette à nouveau !

Dans un contexte économique déjà fragile, le gouvernement issu du coup d'État d'août 2023 envisage de lever 488 milliards de francs CFA sur le marché financier régional de la CEMAC en 2024, selon des informations récentes.

Cette nouvelle vague d'endettement, bien que présentée comme un levier de financement des projets de développement, soulève des inquiétudes. Le Gabon, déjà lourdement endetté, fait face à une hausse de la pauvreté et du chômage, illustrant les défis socio-économiques considérables.

L'emprunt obligataire de 338 milliards prévu, voire davantage selon certaines sources, interroge sur la capacité réelle du pays à gérer un tel surendettement. Les investisseurs et analystes resteront vigilants sur les détails et modalités de cette opération, la transparence étant cruciale pour rassurer dans un contexte déjà tendu.

En somme, ce nouvel endettement massif du Gabon post-coup d'État suscite bien des craintes sur la viabilité économique et financière du pays à moyen terme.

Le Gabon de la transition s'endette à nouveau © Anne Marie DWORACZEK-BENDOME

Prudence requise

Dans ce vaste plan d'endettement, un premier emprunt de 150 milliards de francs CFA est d'ores et déjà programmé. Celui-ci combinera une levée de fonds frais et une titrisation de créances existantes, une stratégie censée améliorer la liquidité et la gestion de la dette. Mais dans le contexte économique actuel dégradé, cette opération appelle à la plus grande prudence.

Si un second emprunt se concrétise, il représenterait près de 45 % de tous les emprunts obligataires contractés par le Gabon au sein de la CEMAC entre 2007 et 2023. Une proportion colossale, illustrant les défis titanesques auxquels le pays doit faire face pour se développer, entre impératifs de financement et risque d'un surendettement aux conséquences dévastatrices.

Face à cette équation complexe, dans un environnement politique et financier instable, la plus extrême vigilance s'impose de la part des autorités gabonaises. Un excès d'endettement pourrait rapidement devenir ingérable et compromettre durablement.

@DworaczekBendom
14 mai 2024

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