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Billet de blog 22 juillet 2025

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Gabon/PDG : La chute d'un empire

Ali Bongo s'accroche aux débris de son pouvoir perdu. Pathétique spectacle d'un autocrate déchu qui refuse sa mort politique et dynamite son propre parti par pur égoïsme.

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Illustration 1
Parti Démocratique Gabonais - 18 juillet 2025 - Ali Bongo - Appel de Londres © am_db

L'héritage empoisonné d'une dictature familiale

Le Parti démocratique gabonais agonise dans ses propres mensonges. Soixante-douze ans d'existence pour cette mécanique de destruction de la démocratie gabonaise, qui explose aujourd'hui sous le poids de ses propres turpitudes. Né en 1953 sous l'appellation "Bloc démocratique gabonais (BDG)" comme instrument docile des intérêts coloniaux français, cette créature politique sera rebaptisée en 1968 par Albert Bernard Bongo, "Parti Démocratique Gabonais (PDG)". Métamorphosé ensuite en machine dynastique par la famille "Bongo" sur deux générations, le PDG n'a jamais été autre chose qu'un paravent démocratique dissimulant une dictature implacable et méthodique.

Omar Bongo, puis son rejeton Ali, ont transformé ce parti, en entreprise familiale, confondant volontairement patrimoine national et coffre-fort personnel. Pendant cinquante-six ans, cette mafia politico-économique a saigné le Gabon, détournant les richesses pétrolières au profit d'une élite parasitaire tandis que le peuple gabonais croupissait dans la misère. Le PDG n'était pas un parti politique, mais un syndicat du crime organisé avec pignon sur rue.

La chute d'Ali Bongo en août 2023 a révélé la véritable nature de cette organisation : un château de cartes construit sur la corruption, la peur et l'incompétence. Sans la protection de l'État, sans les milliards détournés pour acheter les consciences, le PDG se décompose à vitesse grand V. Les rats quittent le navire et se déchirent les derniers morceaux du naufrage. Justice immanente pour une formation qui n'a survécu que par la violence et la prédation.

Ali Bongo, l'autocrate en pyjama qui refuse de mourir

Depuis son bunker londonien, Ali Bongo Ondimba offre le spectacle pitoyable d'un dictateur déchu qui refuse d'accepter sa défaite. Cet homme, qui a ruiné le Gabon pendant quatorze ans, ose encore revendiquer la direction d'un parti qu'il a vidé de toute substance démocratique. Son pathétique "appel de Londres" du 18 juillet ressemble davantage aux délires d'un malade mental qu'à une stratégie politique cohérente.

Face à lui, Blaise Louembé et sa clique tentent de sauver les meubles en se présentant comme les réformateurs du PDG. Tartufferie absolue ! Ces opportunistes ont passé des décennies à lécher les bottes des "Bongo", participant activement au pillage du pays. Aujourd'hui, ils se découvrent subitement une âme démocratique par pur calcul électoral. Leur "nouveau PDG" n'est qu'une opération de blanchiment politique destinée à recycler les anciens complices de la dictature.

La nomination grotesque d'Ali Akbar Onanga Y'Obegue comme "secrétaire général légitime" illustre parfaitement la débilité de cette mascarade. Cet homme, exclu de son propre parti, convoque des réunions dans un siège qu'il ne contrôle plus. Du grand guignol politique qui ferait rire s'il ne révélait pas la profonde décadence de toute cette classe politique corrompue jusqu'à l'os.

Ali Bongo se comporte exactement comme ces mafieux siciliens en fin de course : incapable de lâcher prise, il préfère tout détruire plutôt que de reconnaître sa défaite. Sa guerre intestine contre le PDG n'a qu'un seul objectif : empêcher quiconque d'autre de récupérer les restes de son empire criminel.

L'exil doré d'un prédateur impuni

Ali Bongo a fui le Gabon comme un voleur, abandonnant un pays exsangue après quatorze ans de pillage systématique. Aujourd'hui planqué dans ses appartements londoniens achetés avec l'argent du peuple gabonais, il joue les victimes politiques devant une opinion internationale complaisante. Cette fuite organisée vers l'Angola puis l'Angleterre n'était qu'une manœuvre pour échapper aux tribunaux gabonais et internationaux.

Depuis son refuge doré, l'ancien dictateur déploie une stratégie de déstabilisation aussi cynique qu'inefficace. Ses réseaux de corruption internationaux, ses comptes bancaires planqués aux quatre coins de la planète, ses complices dans les chancelleries occidentales : tout l'arsenal de la mafia politico-financière est mobilisé pour tenter un retour impossible.

Sa prétendue "offensive juridique" n'est qu'un écran de fumée destiné à masquer son impuissance réelle. Ali Bongo ne dispose plus d'aucun levier d'action concret sur la politique gabonaise. Ses fidèles l'abandonnent un à un, comprenant enfin que suivre un chef en fuite vers l'exil équivaut à un suicide politique. Même Onanga Y'Obegue, son dernier soutien médiatique, finira par comprendre l'ampleur du ridicule de la démarche.

L'influence réelle d'Ali Bongo se limite désormais à quelques nostalgiques de la dictature et à une poignée de profiteurs espérant encore récupérer quelques miettes du magot familial. Son "soft power" international se heurte à la réalité : plus personne ne veut être associé à ce symbole de la corruption africaine. Même la France macroniste, pourtant complaisante avec les autocrates africains, maintient prudemment ses distances.

Guerre idéologique entre complices de la dictature

La supposée "fracture idéologique" au sein du PDG est une imposture intellectuelle. Il n'y a aucune différence de fond entre les anciens complices d'Ali Bongo qui se disputent aujourd'hui les restes du parti. D'un côté, les nostalgiques de la dictature qui assument pleinement leur passé criminel. De l'autre, les opportunistes qui tentent de se refaire une virginité démocratique en espérant que l'opinion publique aura la mémoire courte.

Blaise Louembé et ses acolytes servent la rengaine classique du "renouveau" et de la "rupture". Foutaises ! Ces hommes ont participé activement au système Bongo pendant des décennies. Leur soudaine conversion démocratique ne trompe personne : ils cherchent simplement à sauver leur peau politique en s'accrochant aux basques du régime de transition. Leur "nouveau PDG" n'est qu'une opération cosmétique pour recycler les anciens cadres de la dictature.

Face à eux, les fidèles d'Ali Bongo assument au moins leur nature profonde. Ils revendiquent ouvertement l'héritage de cinquante ans d'autocratie familiale et promettent de reconquérir le pouvoir par tous les moyens. Cette franchise brutale a au moins le mérite de la clarté : ils sont les héritiers assumés d'un système mafieux et n'ont aucune intention de changer.

Cette guerre fratricide entre anciens complices révèle la véritable nature du PDG : une organisation criminelle dont les membres se disputent les derniers butins. Aucun des protagonistes n'a la moindre légitimité démocratique. Leur bataille n'est qu'un règlement de comptes entre mafieux, une lutte pour le contrôle des derniers réseaux de corruption encore actifs.

L'agonie méritée d'une organisation criminelle

Le PDG mérite de disparaitre. Cette organisation, qui a empoisonné la vie politique gabonaise pendant soixante-douze ans, doit disparaître définitivement pour permettre l'émergence d'une vraie démocratie au Gabon. Sa décomposition actuelle n'est pas une crise regrettable, mais une nécessité historique absolue.

Les prochaines élections législatives et locales sonneront probablement le glas définitif de ce parti-zombie. Divisés, discrédités, privés de leurs sources de financement illégales, les héritiers du système Bongo n'ont plus aucune chance de reconquérir le pouvoir par les urnes. Leur seul espoir réside dans un nouveau coup de force.

L'effondrement du PDG libère enfin l'espace politique gabonais pour de véritables forces démocratiques. Fini le monopole de fait exercé par cette mafia familiale ! Les Gabonais pourront enfin choisir entre de vrais projets politiques au lieu de subir les caprices d'une dynastie corrompue.

Cette mort annoncée du PDG constitue un test décisif pour la maturité démocratique gabonaise. Si le peuple gabonais sait résister aux tentatives de manipulation des anciens complices de la dictature, si les nouvelles institutions parviennent à empêcher le retour des prédateurs, alors le Gabon pourra enfin tourner définitivement la page de cinquante ans d'autocratie.

La disparition du PDG ne sera pas une perte pour la démocratie gabonaise, mais sa condition préalable absolue. Bon débarras !

[Analyse sans concession] Par Ann-Marie DWORACZEK-BENDOME, 22 juillet 2025

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