
Agrandissement : Illustration 1

Organisation des élections au Gabon en 2025
Les élections législatives et locales couplées du Gabon se tiennent depuis ce matin, 27 septembre 2025, avec un second tour prévu le 11 octobre, au Gabon. Ce double scrutin est organisé dans un contexte post-transition sous le président Brice Clotaire Oligui Nguema, après le coup d’État militaire du 30 août 2023. Ces élections visent à légitimer les institutions de la nouvelle 5ᵉ République adoptée en novembre 2024.
Le nombre d’électeurs inscrits est d’environ 954 849, répartis sur 3 102 bureaux de vote, dont quasiment une centaine à l’étranger pour prendre en compte la diaspora gabonaise. C’est un scrutin massif avec près de 18 000 candidats, dont 1 600 se présentent aux 145 sièges de députés de l’Assemblée nationale, incluant deux sièges réservés à la diaspora. Les quelque 17 000 autres candidats se disputent les mandats locaux au niveau municipal et départemental.
La Direction générale des Élections supervise le processus avec un dispositif renforcé d’observateurs nationaux et internationaux, qui totalisent approximativement 1 500 personnes, afin d’assurer crédibilité et transparence. Malgré tout, des critiques persistent quant à des irrégularités et une organisation jugée parfois bâclée. Mais l'importance du scrutin pour la stabilité politique du Gabon est indéniable à ce moment charnière de son histoire
Les enjeux politiques et sociaux majeurs
Ces élections législatives et locales réunies représentent un enjeu majeur pour le Gabon en cette année 2025. Elles incarnent la fin de la période de transition politique et le retour à un régime constitutionnel normalisé après deux ans de turbulences. Le scrutin doit ainsi renforcer la légitimité des pouvoirs publics et permettre une gouvernance plus stable.
Le président Oligui Nguema, héros de la transition, élu démocratiquement le 12 avril 2025, avec un score sans appel de 94,85 % des voix, voit dans cette consultation populaire un test de confiance de la population et une opportunité de consolider son influence par des institutions renouvelées. Outre la légitimité des élus nationaux, le scrutin marque une avancée démocratique avec la représentation de la diaspora, qui élira deux députés pour la première fois, concrétisant un nouveau lien entre Gabonais de l’intérieur et de l’extérieur.
Au plan local, les enjeux sont également importants. Les futurs élus municipaux et départementaux disposeront d’un rôle accru dans la gestion des infrastructures, de l’éducation, de la santé et de l’administration locale. Les attentes sont fortes quant à une meilleure décentralisation des pouvoirs, plus de transparence, et une lutte réelle contre la corruption. La participation des jeunes, des femmes et des couches jusque-là marginalisées est aussi au cœur des débats, pour une société gabonaise plus inclusive.
Ces élections conditionneront aussi les équilibres politiques à moyen terme, avec une pluralité de partis dont le Parti démocratique gabonais (PDG) et l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) du président Oligui Nguema.
Rôle des élus face au pouvoir présidentiel
Le Parlement élu sera composé de 145 députés qui joueront un rôle constitutionnel important. Les députés sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable. Leur mission principale est de légiférer, contrôler l’action gouvernementale, et représenter les citoyens. Cependant, la dynamique du pouvoir au Gabon reste fortement marquée par la prééminence présidentielle.
Brice Clotaire Oligui Nguema, en tant que chef de l’État et figure centrale de la transition, exerce une influence politique capitale sur l’exécutif. Néanmoins, la 5ᵉ République réinstaure une séparation progressive des pouvoirs. Le Parlement dispose ainsi d’un véritable cadre institutionnel pour jouer un rôle dans la gouvernance, mais devra composer avec la forte mainmise du président.
Au niveau local, les élus municipaux et départementaux, dont le nombre exact dépend des circonscriptions, sont élus pour gérer directement les affaires publiques dans leurs collectivités. Ils élisent indirectement les maires et présidents des assemblées départementales, qui sont des relais majeurs du pouvoir local. Ils participent aussi à l’élection des sénateurs.
Cette nouvelle architecture vise à renforcer l’ancrage démocratique et à rééquilibrer les rapports entre pouvoir central et acteurs de terrain, sous le regard attentif du président, qui veille à préserver une majorité stable pour assurer la continuité de sa politique.
Durée des mandats et des perspectives politiques
Les mandats des députés sont de cinq ans et débutent avec l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. Le mandat peut être interrompu par une dissolution de l’Assemblée décidée par le président, ce qui reste un levier important en cas de crise politique. Pour les élus locaux, les mandats sont également pluriannuels et cadrés par le nouveau cadre institutionnel de la 5ᵉ République, avec une obligation de rendre des comptes sur la gestion locale.
Au-delà de ces données institutionnelles, ces élections représentent une étape décisive pour la recomposition du paysage politique gabonais. Elles doivent instaurer un ordre démocratique stable après les périodes de crise, apaiser les tensions, et ouvrir des perspectives pour un développement socio-économique durable et inclusive.
Le président Oligui Nguema, fort de son rôle pendant la transition militaire, mise sur ces élections pour asseoir son autorité tout en ouvrant la porte à une gouvernance plus partagée. Le succès de ce double scrutin déterminera à court terme l’orientation politique du Gabon et la pérennité des institutions rénovées.
Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME - Journaliste indépendante
27 septembre 2025