amdb (avatar)

amdb

JOURNALISTE INDEPENDANT, FONDATRICE ET DIRECTRICE DE PUBLICATION DU BLOG DB-NEWS.

Abonné·e de Mediapart

1289 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 octobre 2024

amdb (avatar)

amdb

JOURNALISTE INDEPENDANT, FONDATRICE ET DIRECTRICE DE PUBLICATION DU BLOG DB-NEWS.

Abonné·e de Mediapart

Gabon : La Constitution militaire sous le feu des critiques

La fronde contre le projet constitutionnel s'amplifie au Gabon. L'ancien Premier ministre Bilié-By-Nze dénonce une manœuvre de la junte pour confisquer le pouvoir à travers le référendum précipité du 16 novembre 2024.

amdb (avatar)

amdb

JOURNALISTE INDEPENDANT, FONDATRICE ET DIRECTRICE DE PUBLICATION DU BLOG DB-NEWS.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Gabon, l'ancien premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze

Mascarade constitutionnelle

Dans un réquisitoire aussi véhément qu'impitoyable, les anciens caciques du régime déchu de 56 ans au Gabon, sonnent l'alarme contre ce qu'ils qualifient de "forfaiture constitutionnelle". La plateforme "Ensemble pour le Gabon", emmenée par l'ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, conspue désormais avec véhémence le projet de Constitution qu'elle juge délétère pour l'avenir démocratique du pays.

L'exercice de funambule auquel se livre le CTRI depuis le putsch du 30 août 2023 atteint son paroxysme. Sous le vernis d'une prétendue restauration démocratique se dissimule une mécanique implacable de confiscation du pouvoir. Le texte constitutionnel, d'une facture manifestement autocratique, cristallise toutes les inquiétudes. Les anciennes figures du système, aujourd'hui dans l'opposition, dénoncent avec une acrimonie non dissimulée cette entreprise qu'ils qualifient de "machination machiavélique".

Junte démasquée

La quintessence de cette Constitution tient en une équation sibylline : concentrer les pouvoirs entre les mains d'un seul homme, tout en donnant l'illusion d'une démocratie restaurée. Un stratagème que Bilie-By-Nze, dans une diatribe cinglante, n'hésite pas à qualifier de "supercherie institutionnelle". L'ancien Premier ministre, jadis thuriféraire sous l’ancien régime, fustige aujourd’hui notamment le caractère inique d'un texte "cousu de fil blanc".

La célérité suspecte avec laquelle le CTRI entend faire avaliser ce texte par le peuple gabonais - à peine dix jours de "réflexion" accordés aux citoyens — témoigne d'une précipitation aux relents putschistes. Cette démarche velléitaire traduit une volonté manifeste d'escamoter tout débat démocratique substantiel.

Le grand bluff constitutionnel

Plus corrosif encore, Bilie-By-Nze dévoile les arcanes d'un coup d'État qu'il qualifie désormais d'opération préméditée. "Un crime imprescriptible contre le peuple gabonais", assène-t-il, balayant d'un revers de main la rhétorique du "coup de libération" jusque-là savamment entretenue par la junte. Cette exégèse iconoclaste du putsch d'août 2023 révèle les dessous d'une transition qui s'apparente de plus en plus à une transmutation du pouvoir plutôt qu'à sa transformation.

Face à ce qu'il considère comme une gesticulation constitutionnelle, l'ancien Premier ministre exhorte à un "rejet massif" du texte. Un appel à l'insurrection démocratique qui résonne comme un désaveu cinglant de ce qu'il qualifie de "simulacre référendaire".

L'opacité du processus constitutionnel, sciemment orchestrée selon l'opposition, n'est que la partie émergée d'un iceberg de manœuvres politiques visant à pérenniser un système honni. La plateforme dénonce avec virulence cette "perfidie institutionnelle" qui, sous couvert de restauration démocratique, perpétue les travers qu'elle prétend combattre.

Le regard tourné vers 2025

À moins de trois semaines d'un scrutin crucial, cette fronde constitutionnelle portée par d'anciens dignitaires du régime déchu révèle les failles béantes d'une transition militaire de plus en plus contestée. Le référendum du 16 novembre s'annonce comme l'épicentre d'une crise politique dont l'issue pourrait redessiner durablement le paysage politique gabonais.

@DworaczekBendom

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.