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Billet de blog 30 août 2025

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Gabon / Oligui Nguema à Tchibanga : un discours de consolidation

Le 29 août 2025, Brice Oligui Nguema a prononcé un discours à l’occasion du deuxième anniversaire du changement de régime survenu le 30 août 2023, mettant fin à la présidence d’Ali Bongo Ondimba.

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DISCOURS DU PRÉSIDENT BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA, DEVANT SON PUPITRE LE 29 AOUT 2025, A TCHIBANGA © AD/AM

Un hommage aux forces armées

Le 29 août 2025, à la veille des célébrations du deuxième anniversaire du 30 août 2023, le président Brice Clotaire Oligui Nguema s’est exprimé depuis Tchibanga, dans la province de la Nyanga. Ce choix géographique, pour la première édition tournante de la Fête de la Libération, marque une volonté de décentraliser le récit national et de rapprocher la mémoire de l’événement des territoires. Le chef de l’État a rendu hommage aux forces de défense et de sécurité, qu’il présente comme les artisans d’un changement historique. « Un souffle de liberté a balayé notre nation », a-t-il affirmé, insistant sur le caractère pacifique de l’intervention du 30 août 2023. Il a salué le professionnalisme des militaires, leur discipline et leur « amour profond de la patrie », tout en rejetant toute motivation personnelle ou haineuse. Le discours a également évoqué le rôle symbolique de Mavurulu Ma Nziengui, dit Nyonda Makita, dont la résistance contre la colonisation est mise en parallèle avec l’action du CTRI. Ce rapprochement vise à ancrer le changement de régime dans une continuité patriotique, renforçant ainsi la légitimité morale du pouvoir en place.

Souveraineté économique 

L’un des axes majeurs du discours a été la souveraineté économique. Oligui Nguema a dénoncé un modèle d’extraction pure de matières premières, au profit d’une transformation locale accrue. « Le Gabon ne peut plus continuer à être un puits sans fin dont on extrait tout sans véritable bénéfice pour les Gabonais », a-t-il lancé, appelant à transformer le bois en meubles, le pétrole en carburants raffinés, l’or en bijoux, le cacao en chocolat gabonais, ou encore la potasse en engrais. Cette vision, répétée avec insistance, traduit une volonté de capter davantage de valeur ajoutée sur le territoire national. Le président a également mis en avant le « partage de production » comme levier stratégique pour garantir une répartition plus équitable des revenus issus des ressources naturelles. Un message a été adressé aux partenaires internationaux : « Les portes du Gabon vous seront largement ouvertes », à condition d’accepter ce principe. Ce passage marque une clarification des intentions du pouvoir en matière d’attractivité économique. Toutefois, le discours n’a pas précisé les mécanismes institutionnels, les investissements requis ou les délais de mise en œuvre. L’absence de calendrier précis ou de cadre réglementaire détaillé laisse ouvert la question de la faisabilité, dans un contexte de capacités industrielles limitées et de dépendance structurelle aux importations.

Appel à l’unité nationale 

Le président gabonais a lancé un appel à l’unité nationale, mettant en garde contre les « divisions stériles » qu’il attribue à des forces hostiles à la souveraineté économique. « Unissons-nous. C’est dans l’unité que nous devons construire notre avenir », a-t-il plaidé, invitant tous les Gabonais à s’engager autour du projet de la 5ᵉ République. Ce message intervient alors que la transition politique, entamée depuis deux ans, s'achèvera dans quelques semaines par des élections législatives et locales.  L’accent a été mis sur la « préférence nationale », présentée non comme un slogan, mais comme une réalité à intégrer dans les politiques publiques. Oligui Nguema a exigé du gouvernement « la stricte application des textes en matière de droit du travail », dans le respect de la Constitution et des conventions internationales, citant notamment l’article 17, qui protège les étrangers en situation régulière. Ce passage suggère une volonté de réguler les flux migratoires et les emplois sans fermer le pays. Cependant, l’absence de référence aux partis politiques, aux organisations de la société civile ou à des mécanismes participatifs soulève des interrogations sur la nature inclusive de cette unité, qui semble davantage construite autour de l’exécutif que dans un dialogue pluraliste.

Sécurité intérieure en priorité

Le discours s’est conclu sur un engagement fort en faveur de la sécurité. Oligui Nguema a annoncé la modernisation de l’outil de défense, avec une augmentation du budget alloué aux forces armées, afin de les doter d’équipements de dernière génération et de renforcer leur formation. L’objectif affiché est de garantir la sécurité intérieure, la sûreté des frontières et l’intégrité du territoire. Cette annonce s’inscrit dans un contexte régional marqué par des menaces sécuritaires croissantes, notamment en Afrique centrale. Le chef de l’État a également mis en avant des valeurs comme le patriotisme, l’unité, le sacrifice et la paix, qualifiées de fondatrices de l’âme nationale. En conclusion, il a souhaité une « bonne fête de la libération » à tous les Gabonais, avant de lancer les traditionnels « Vive l’unité nationale ! Vive la 5ᵉ République ! Vive le Gabon souverain ! ». Le ton, posé et ferme, reflète la posture d’un dirigeant qui, deux ans après le changement de régime, affirme une autorité consolidée, tout en cherchant à légitimer durablement le nouveau cadre institutionnel issu du 30 août 2023.

Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME, 29/08/2025

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