J'ai profité lundi 11 d'aller revoir mes parents, mais pas de bises ni d'embrassades hein, pas de blague.
M'a été remis mon dossier scolaire soigneusement rangé et archivé, tout y est depuis le primaire jusqu'au lycée.
Aucune surprise, une longue litanie de désespoir des professeurs à mon sujet, sauf en science physique et naturelles...avec une constance qui force l'admiration années après années.
Bref, sauf qu'un petit papier est tombé, je le déplie et c'est une note d'examen blanc en français, sujet : Don Juan de Molière.
Les craintes de mon examinateur portent sur le probable amalgame entre "jansénisme et christianisme authentique" mais 11/20 est une bonne note dont je suis fier comme vous l'aurez compris.
Je suis alors pris de panique car rien ne me viens à l’esprit à cette question et en plus il ajoute "Si Don Juan est programmé par Dieu pour l'enfer à quoi servent donc tous les avertissements qu'il reçoit du ciel ?"
Question qui me parait soudainement commander un choix impérieux qui se présente à moi, oui pourquoi je serais passé à côté d'une question essentielle dans ces cours durant lesquels l'humanisme était à l'honneur et dont je mesure aujourd'hui l'importance, moins évidente à l'époque.
Et quelle déception dans Wikipédia de n'y trouver aucune matière à clarification dans un article avec un label de qualité.
Pourtant cette question a déchainé les passions en son temps, exacerbé les rivalités été instrumentalisée politiquement, déclenché des répressions féroces (je vous laisse approfondir la question il y a plein de vidéo à ce sujet.)
Et puis je me réjouissait de pouvoir rectifier ce flottement d'il y a 30 ans.
Quelle déception...
Au final c'est Flaubert qui en fait la meilleur définition : "Jansénisme : on ne sait pas ce que c'est, mais il est chic d'en parler"
Soyons donc chics car la question reste entière, il s'agit d'une étiquette, la question est celle du libre arbitre et de Dieu, peut-on avoir une lecture humaniste des évangiles? Et bien se poser la question c'est y répondre à mon avis.
Enfin pour conclure ce qui est intéressant c'est de voir la capacité de surinterpréter, de déformer, de préjuger et de se disputer à l'envie sur un sujet qui n'est absolument pas fait pour cela, mais relève d'une question qui porte sur nos choix, notre vie, notre conscience.
L'incapacité à en débattre sereinement est frappante.
Capacité dont je déplore en ce moment la disparition tant il semble qu'elle est remplacée par un positionnement binaire ne laissant aucune place à l'humain, un obscurantisme scientifique est promulgué en nouvelle religion dans une société qui ne va pas vers la complexité et la tolérance, mais confine à l’idolâtrie sans s'en rendre compte malgré l'avertissement de Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme."

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