https://www.bastamag.net/Poste-courrier-Covid-colissimo-Amazon-Chronopost-service-public-tournee-covid-clusters-postaux
« La Poste n’est plus qu’un fantôme de service public, c’est une société anonyme, une machine à fric »
Cet article m'a interpelé.
C'est bien d'un fantôme dont on parle, mais il faut prendre les fantômes au sérieux.
Ils ne se manifestent en général pas pour rien.
La poste est un exemple qui en effet peut venir nous hanter assez facilement.
La passion nous anime dans ces débats, et il me semble qu'il est question d'un mal qui s'en prend tant à notre esprit qu'à notre corps, cette maladie a un nom, je viens de l'apprendre : Idiosyncrasie : c'est le comportement particulier, la "personnalité psychique", propre d'un individu ou du moins sa capacité de réaction à son environnement (relation du psychique et du social).
"La maladie des valeurs face aux influences de divers agents extérieurs" selon André Gide.
En effet il semble plus pertinent de partir de cette affliction pour savoir de que mal nous parlons.
Car les français se disent attachés aux services publics mais sans savoir en fin de compte ce qui les distinguent d'autres services ou si ils ne seraient pas eux-même la cause de sa disparition, ou du moins n'en auraient pas identifié l'origine et donc ses remèdes.
Un boulanger est il un service public ?
Les PTT ont été démantelés pour devenir France Télécom, qui ont été démantelés pour devenir Orange. Mais au final j'observe les boutiques qui se créent pour proposer des cabines téléphoniques, un traitement de texte avec imprimante et internet, un relais colis et transfert d'argent. C'est à dire les services de la poste à l'exception des recommandés et de la tenue de compte.
Ce n'est donc pas une question de réseau, ni de rentabilité, on le voit bien par contre l'usager semble absent de nos réflexions alors que c'est lui qui peste contre l'absence de service.
Ne serait-il pas un peu coupable et même beaucoup?
Une transition vers une société dans laquelle notre frénésie mercantile n'a d'égale que la déconsidération de l'employé considéré comme un larbin.
On clique, c'est instantané mais on imagine que tout le reste est à l’avenant, impossible ne ne pas tomber dans le piège me direz vous, oui c'est quasiment impossible, trop de tentation, il faut résister pour s'en extraire, cela demande un effort de volonté.
J'ai heureusement eu la chance de travailler dans un centre de tri postal pendant 1 an (tri lettres et colis), peut-être suis-je plus sensibilisé aux efforts de manutention qui sont demandés?
En tout cas le sentiment qui m'envahit chaque fois que je dois aller chercher un colis à la poste ou en relais c'est que je dois éviter au maximum de commander, cela me vaccine la tension entre usagers est palpable, on n'y va pas par plaisir.
Alors caissières postiers, ce qui abime le plus ce sont les ratés de ce contact qui font souffrir, cela définit nos rapports humains et la question devient évidente uniquement lors de cet instant fugace, que certains considèrent pourtant comme leur seul lien avec l'humanité (voir le service de la poste qui consiste à veiller sur vos parents).
L'anthropologue Marcel Mauss observe une idiosyncrasie sociale, c'est à dire qu'il interroge notre relation à l'organisation sociale qui découle sur nos comportements.
La différence que nous constatons n'est pas la disparition des services mais du mal que nous avons à instituer une structure sociale qui réponde à cette observation ethnologique.
Nous achetons des produits et demandons des services mais sans être en contact avec les personnes qui les réalisent, aussi la dernière étape nous semble irréelle et nous remet devant notre propre humanité, telle que nous en sommes encore à la réinterroger.
Il y aura des distributeurs de baguette automatiques et des distributeurs de sourire automatiques.