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Billet de blog 2 juillet 2025

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Le vert-de-gris de l’énergie verte

Dans les campagnes publicitaires, sur les sites des énergéticiens et dans les discours politiques, on ne cesse de nous parler d’« énergie verte ». Mais l’énergie n’a pas de couleur, alors pourquoi employer cette expression ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans l'expression "énergie verte", la référence à la couleur verte ne renvoie pas au spectre chromatique de nos énergies. Son usage n’a rien de scientifique, il est purement symbolique. Dans la symbolique chrétienne, le vert est la couleur de l’espérance, mais le vert est surtout la couleur dominante du monde végétal (herbe, arbres, feuilles). On associe la couleur verte à tout ce qui est respectueux de l’environnement, voire bénéfique à la nature. Colorer nos énergies en vert revient à suggérer, de manière implicite, que nos énergies participent à la préservation de la nature et des écosystèmes. La couleur verte est écologique !

Or, toutes nos productions d’énergie ont un coût environnemental. Fabriquer un panneau photovoltaïque implique des extractions minières, de l’industrie lourde et des transports. Installer un parc photovoltaïque ou un parc éolien, c’est transformer un paysage, détruire des habitats naturels, artificialiser les sols et modifier les équilibres locaux. Rien de tout cela n’est « bon » pour l’environnement et la biodiversité.

Si l’on parle d’énergie « verte », c’est par opposition aux énergies fossiles fortement émettrices de CO2. L’électricité produite par le soleil ou le vent semble effectivement plus propre de ce point de vue, en ce sens qu’elle est moins carbonée que l’électricité produite par le gaz ou le pétrole. Mais cette comparaison occulte un fait essentiel : aucune énergie issue de l’activité humaine n’est neutre pour la nature. L’énergie que nous qualifions de « verte » produit certes moins de dioxyde de carbone, elle n’est pas pour autant profitable aux écosystèmes. La nature se passerait bien volontiers de nos barrages, de nos panneaux photovoltaïques, de nos éoliennes et de notre électricité chlorophyllée.

En pratique, l’expression « énergie verte » est avant tout un outil de marketing et de communication politique. Elle sert à détourner l’opinion publique de la réalité des faits, à faire accepter des projets industriels destructeurs de nature sous couvert d’écologie. En imprégnant nos esprits, cette expression transforme toute opposition aux projets d’« énergie verte » (solaires ou éoliens) – soi-disant bons pour la nature – en un acte moralement condamnable.

Mais parler d’énergie « verte », c’est aussi occulter les conséquences réelles de nos modes de vie. L’action de consommer toujours plus se pare soudainement de vertus écologiques : nous participons à la préservation de la nature en produisant et en consommant « vert ».

Il ne peut y avoir de politique écologique sérieuse sans honnêteté sur les termes que nous employons. Les mots ne sont pas neutres. Ils engagent, ils orientent, ils légitiment. Aucune de nos énergies n’est vraiment « verte », même les énergies dites décarbonées.

Et lorsque l’on repeint en vert des décisions grises, on ne fait pas de l’écologie, on manipule l’opinion publique, on fait de la communication à des fins politiciennes.

La seule énergie verte qui vaille est celle que nous ne consommerons pas.

Texte signé par l’Association des Amis de la Montagne de Lure (Amilure : https://amilure.org). L’association « Amilure » combat juridiquement les très nombreux projets photovoltaïques et éoliens qui portent atteinte à la préservation du patrimoine naturel et culturel en montagne de Lure.

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