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Billet de blog 10 novembre 2023

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Une lettre ouverte à Handala

Nous sommes familiers avec cette icône depuis notre enfance. Handala (en arabe: حنظلة, romanized: Ḥanẓala), un enfant blessé et déplacé qui nous tourne le dos, est en quelque sorte la signature de tous les dessins réalisés par le caricaturiste palestinien Naji al-Ali. Ce dernier a été assassiné par Israël à Londres en 1987.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Handala nous a tourné le dos, les mains liées. Il est déçu du monde entier. Sa silhouette voûtée et épuisée n'a rien d'enfantin, elle évoque plutôt celle d'un vieil homme. En fait, il est le symbole de l’ancienneté de l’occupation et de l’oppression dans les territoires palestiniens. Les enfants naissent vieux dans les pays opprimés. Rappelons que Handal en arabe signifie la chose la plus amère.

En y regardant de plus près, Naji al-Ali pose cette question à travers Handala: nous a-t-il tourné le dos ou est-ce nous qui lui avons tourné le dos ? Comment se fait-il que tout le monde ne voie pas une personne (ou plusieurs) ?

Illustration 1

Dans les contes de fées classiques, il existe une créature imaginaire que personne ne peut voir : un esprit errant. L'histoire commence lorsqu'il se montre un instant à quelqu'un. La Palestine est l’âme (et quelle similitude avec “l'amer “) d’un monde sans âme que peu de gens peuvent voir. Cette âme isolée, sans terre et dispersée partout, dont l'histoire apparaît parfois dans les pages des journaux et dans les discours, puis disparaît rapidement. Si le conte de fées représente l’apogée de l’imagination humaine pour se débarrasser de l’étroitesse de la vie réelle, l’histoire de la Palestine est l’étroitesse elle-même : la rigidité de la réalité.

La force qui peut maintenir la « problématique de palestinienne » vivante, tel un fantôme insoluble dans la vie objective et matérielle du nouveau monde, est le principe du « capital ». Le capital ne peut pas continuer à progresser sans un conte de fées moderne. Sans guerre, ou plutôt sans la perspective ouverte de la guerre, le marché des achats et des ventes, voire la diplomatie, stagneront. La problématique d’Handala est le moteur du capital et du marché (Free Market).

La résolution de la question palestinienne et le retour d'Handala à son enfance et à son foyer nécessitent que le marché se retire du monde mental et matériel de l’homme moderne. Il n'est pas étonnant que malgré une histoire aussi riche en oppression, nous ayons tourné le dos à Handala. Voir ses yeux est une tâche extrêmement difficile.

*Département d'Anthropologie, Université de Côte d’azur

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