Ne peut-on approcher la problématique du racisme autrement que selon l’alternative que vous faites vôtre : raciste/non raciste ou raciste/antiraciste ?
Ne pourrait-on concevoir plusieurs sortes de racisme et, à l’intérieur de chacune de ces formes, des degrés ?
Je distinguerais trois sortes de racisme, sous réserve de creuser la question : le racisme au sens propre de celui selon qui par exemple les Noirs seraient plus bêtes ou les Arabes plus violents, le racisme disons plus idéologique de celui qui serait en faveur d’une remigration car la coëxistence de communautés cloisonnées lui paraîtrait trop difficile, et le racisme épidermique de celui qui n’adresserait pas la parole à son voisin de palier car celui-ci est de couleur.
A cette liste il faudrait ajouter le racisme-réflexe, c’est-à-dire les réflexes racistes que peuvent avoir de nombreuses personnes, résultats souvent de leur éducation, mais qu’ils corrigent sitôt qu’ils en prennent conscience.
Que gagnez-vous à amalgamer ces différents types de racisme et à qualifier de haineux ceux qui se reconnaissent peu ou prou dans l’un d’entre eux, même à un degré faible ?
Car il existe en effet, à mon sens, des degrés faibles de racisme, qui n’induisent guère de nuisance sociale. Si telle personne âgée évite de prendre place à côté d’une personne de couleur dans le bus, est-ce si grave ? Si quelqu’un a vaguement l’idée que la race blanche est supérieure, mais que rien dans ses agissements ne le laisse transparaître, est-ce si grave ?
Or tous deux se sentiront visés par vos accusations de haine, et vous les envoyez par là-même dans le camp que vous n’aimez pas.
Vous êtes sévères, chers amis de Mediapart ! Sévères comme des jansénistes.