Mike est gigantesque. Une carrure de lion. Johnny Weissmuller dans « Tarzan ». Mais ses petites lunettes rondes lui donnent l’air plus intelligent que l’acteur américain. La couleur de ses yeux est indéfinissable. Il lance un embrumé « hello » en se dirigeant, comme un seul homme, vers le grandiose frigidaire « General Electric ». En caleçon écossais, ses jambes sont fuselées, musclées et son tee-shirt est noir. Nos regards se croisent. Un sourire mutin aux lèvres. Illuminé par la lumière du réfrigérateur, il boit du lait au goulot, en me jetant des œillades en coin. Ses yeux sont verts. Oui, verts. Très foncés, mais verts.
Conduisant la Buick de ses parents, Mike a le coude posé négligemment sur la vitre descendue, le regard en alerte, Clint Eastwood dans « La Route de Madison ». Trop beau, trop âgé, trop grand pour moi. Une inscription rouge illumine la tôle grise d’un hangar. Une pub pour la bière Budweizer. Une main dans les cheveux pour redresser sa mèche. Le reflet du soleil se reflète dans sa barbe naissante. Discrètement, je tire sur mon short en lin. Qu’il ne reste pas collé à la peau de mes cuisses.
Devant un épisode « d’Happy Days », Mike est assis sur le canapé du salon, ses pieds nus sur la table basse. Ce garçon me rassure. Une beauté naturelle. Émoustillée devant Fonzy, je reste à la porte. Sans quitter l’écran des yeux, Mike me propose de s’asseoir à ses côtés. Mes fesses sur le bord du canapé, nous nous retrouvons dans une silencieuse connivence, bercé par la voix de Ron Howard. C’est le générique de fin, la musique résonne à outrance. Sunday, Monday, Happy days… Tuesday, wednesday, Happy Days… J’attends un mot, un signe. Rien. Je tourne doucement la tête. Mike s’est endormi. Je le contemple comme une midinette qui est tombé amoureuse d’Errol Flynn à 11 ans… La nuit est tombée. Je m’approche doucement, je pose ma main sur sa poitrine. Une chaleur douce se dégage de son corps. Sa respiration est calme et régulière. J’aime ses oreilles, son cou. Si gentil, si propre, si beau, presque trop sage. Sans crier gare, Mike ouvre grand les yeux. Je sursaute, il éclate de rire.
Nous sommes assis côte à côte à l’arrière. Le père conduit sa Buick, sa femme à ses côtés. Le paysage de l’Arkansas défile devant moi. Des champs de maïs à perte de vue. Un silo se profile à l’horizon. « La mort aux trousses ».
Mike n’est plus le même depuis hier. Bien plus beau. Pourquoi ? Je ne trouve pas. Sa respiration est toujours aussi discrète. Les yeux clos, Mike devient vulnérable comme un oiseau. Sa tête repose contre la vitre. Ses grandes jambes sont repliées jusqu’à ses genoux. Ses deux mains jointes calées entre ses cuisses. Il ne porte pas de chaussettes sous ses Converses grises. Et soudain, ça me saute aux yeux. Mike ne porte plus de lunettes. Plus viril, plus Brando. Nous sommes arrivés. Je le secoue doucement : Mike ! Mike ! Wake up ! Il grogne. Je retire ma main illico. Il se redresse maladroitement. Il frotte ses yeux, quelques plis sur la peau de sa joue.
Ses murs, sa moquette, son bureau, son ordinateur, sa chaise, son lit, sa couette, ses rideaux : tout est blanc. Seules les jaquettes de ses nombreux livres offrent quelques tâches colorées. Il se met à fouiller énergiquement dans sa bibliothèque. Je l’observe. Les mêmes fesses que James West, dans son pantalon bleu moulant. Un livre volumineux et poussiéreux, comme je les aime, refait surface. Allongés sur son lit, il me montre de vieilles photos de son pays adoré. Il n’en est jamais sorti. Dès que je suis près de lui, je me sens libre et insouciante, d’un aplomb impensable, surprenant. Mike me fixe. Paul Newman dans « La chatte sous un toit brûlant ». Mon cœur s’emballe. Je sens monter en moi les frissons du désir. Ces rares moments où l’on sent que tout est possible. Une caresse, un baiser. Let’s go, me lance-t-il en se levant.
« 9 semaines et demie ». Mickey Rourke. La scène du frigo ne va pas tarder à arriver. Je me tends. Comme à chaque fois. J’ai dû mal avec les scènes de sexe au cinéma. L’impression d’enfreindre un interdit. Ma mère sûrement avec sa pudeur implacable. J’ai toujours préféré la suggestion des vieux films. Plan serré sur un feu de cheminée, un baiser fougueux, une main qui se crispe sur l’oreiller, un soupir. « Le blé en herbe ». Je suis vierge et j’ai peur.
Toc, Toc, Toc….Entrez ! Mike passe la tête dans l’embrasure de la porte. Il a remis ses lunettes aujourd'hui. Je me redresse pour me lever quand je suis prise d'un violent vertige. Mike me récupère in extremis. Sans lui, je me serais explosée le crane sur la table de chevet. Anne ? You cried ? Il me prend la main et s’assoit sur mon lit.Ma mère est morte il y a tout juste un an, mais cela je ne lui dirais pas.Ce matin en me réveillant, je me suis sentie tellement seule, perdue au milieu de nulle part. Les larmes sont montées, je les ai laissé faire. La douceur de sa peau, ses doigts dans les miens. Je ne sais plus quoi dire, quoi faire. Mike retire sa main, se lève, se dirige d’un pas hésitant vers la porte, puis se retourne. If you want I stay ? No thank’s. Je ne veux pas que tu me consoles, je veux que tu m’embrasses.
Je sors de la piscine. De l’eau ruisselle dans mon dos. Un effluve bien connu envahit mes narines. Je lève les yeux et je le vois. Mike, sur le balcon de sa chambre, tire de longues bouffées, et me fixe, un sourire aux lèvres. Sean Connery dans « Doctor No ». D’un geste, il m’invite à le rejoindre. En un clin d’œil, je noue ma serviette autour de ma taille, mes seins moulés à mon maillot trempé.
Une Marlboro, évidemment. J’inspire profondément. C’est ma première taff depuis que je suis aux Etats-Unis. Prise de vertige, je me cramponne au balcon. Ma cigarette arrive à sa fin. Mike me tend une canette de coca toute cabossée. En un « pchit », mon mégot s’est éteint. Il cache son cendrier de fortune derrière une grosse pierre. Les cigarettes sont interdites ici. My parents ont des valeurs de Chrétiens. Mike fait le signe de la croix et sourit. Mon Dieu ! Mel Gibson dans « Les révoltés du Bounty ». Quel est le rapport entre la foi et la nicotine ?
Pieds nus, les jambes croisées, il se tient sur son lit, et occupe ses mains à tordre un minuscule trombone innocent. Je reste debout, les bras ballants. Les rayons du soleil sur le drap blanc illuminent son visage. Troublée, je lui tourne le dos. Je fais semblant de m’intéresser à sa bibliothèque. Raymond Carver. Mon auteur américain favori. Ma mère l’adore…l’adorait… Ses yeux pétillent. Son petit regard malicieux me perce comme une flèche. Jack Nicholson dans « Chinatown ». Allez Anne, lance toi. Mais non, tétanisée, désemparée, je l’ai quitté sans un mot. Quelle conne !
Entre deux bouchées, Mike annonce fièrement à ses parents.
- I am going to see grand pa ! Anne, do you want come with me ?
Je reste muette quelques secondes puis d’une voix claire, je réponds : Yes, of course ! Avec joie.
Mike range son sac à dos et ma valise dans le coffre. Je m’assois confortablement à ses côtés. Sa vieille Volvo est une véritable étuve. Mike semble très heureux de ce départ précipité. Where does he live your grand-pa ? Il me désigne sur la carte routière une ville entourée au feutre rouge : Bartlesville. Oklahoma. Il chante à tue-tête les paroles d’une chanson de Depeche Mode. Il me demande de lui allumer une cigarette. Le paquet souple de Marlboro est dans la boîte à gant. Une boîte d’allumettes juste à côté. Je m’exécute. Ravie. Je gratte l’allumette de la main droite et protège la flamme de ma main gauche, Bacall qui allume Bogart dans « Le port de l’angoisse ». Le film où ils se sont rencontrés, où leur histoire d’amour a commencé.
American Diner. Banquette en skaï, lino en damier : « American Grafitti ». Un vieux routard boit son café, une casquette Texaco sur la tête. Mes feuilles de salades sont toutes flétries par la chaleur du Old Fashion Hamburger. Mike dévore son gratin de pommes de terre comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours.
Le plaisir de reprendre la route après avoir manger. La légère somnolence de la digestion me fait aimer intensément n’importe quel paysage. Particulièrement dans cette lumière de fin de journée, entre chien et loup. J’ouvre en grand ma fenêtre pour pouvoir savourer la fraîcheur de l’air s’engouffrer entre mes doigts. Une imposante et vieille locomotive à charbon encore vaillante de la Pacific Union reluit sous le soleil déclinant. Une ancestrale voie ferrée au loin. L’air de « Stand by me » me vient aussitôt aux lèvres.
Sous la véranda, un vieux monsieur est avachi dans un rocking chair usé jusqu’à la corde. James Stewart, dans un western de John Ford, maigre, aux yeux clairs et glacés, chapeau de cow-boy, bottes posées sur la rambarde. Mike aide son grand-père à s’extirper de son fauteuil à bascule. Les gonds de la porte anti-moustique grincent et la peinture blanche s’écaille.
À l’extérieur de la ville, c’est le no man’s land. Pas âme qui vive. Une cheminée d’usine fume à l’horizon. Mike s’engage sur une voie sans issue et me lance un regard réjoui. Un terrain en quick rouge est éclairé par de puissants lampadaires, emprisonnés par de hauts et sinistres grillages : « West Side Story ». Des milliers de moustiques s’agglutinent autour des quartz. Ce bruit m’horripile. J’ai horreur des moustiques. Je me gratte jusqu’au sang et les croûtes me laissent d’impérissables cicatrices blanches. Je cours comme une dératée pour tenter d’intercepter le ballon. Le bruit qu’il fait en rebondissant sur le bitume. Je me sens lourde. Je m’essouffle. Mike drible en professionnel. Ma petite taille joue contre moi. Je m’élance quand brusquement, c’est le black-out. La brûlure est fulgurante. Un gros lambeau de peau a dû s’arracher de mon genou gauche. Mike me crie de ne pas bouger. Je ne vois pas plus rien.J’entends des pas qui se rapprochent. Mike ? Pas de réponse. Je commence à paniquer - Mike ! MIKE ! Un corps s’avance vers moi. Mon rythme cardiaque s’accélère. C’est alors que deux grandes mains se posent de chaque côté de mon cou. Je bondis d’effroi. C’est lui. Cette odeur, celle de sa transpiration. Ses doigts glissent jusqu’à ma taille et aussi légère qu’une plume, il me soulève sans effort. Comme dans un rêve, la réalité s’est évanouie. Ce baiser est si surprenant, si doux que je ne réalise pas tout de suite. Ses lèvres sont brûlantes, j’entends les battements de son cœur. Comme une poupée, je garde les bras le long de mon corps. Je fonds comme une glace au soleil. Le baiser de Gary Cooper et d’Ingrid Bergman dans « Pour qui sonne le glas ». J’aimerais qu’il ouvre ses lèvres, mais non. Surpris par la lumière revenue, notre baiser s’interrompt. Mike me repose au sol. Mon sang dégouline sur mon tibia. Désormais torse nu, à genoux devant moi, Mike éponge mon sang avec son tee-shirt et me retire un à un les gravillons incrustés dans ma chair. « Savoure l’instant présent Anne ».
Au réveil, j’ouvre la fenêtre en grand. Changer d’atmosphère. L’air chaud est chargé d’humidité. Au-dessous de ma fenêtre, le jasmin qui grimpe le long du mur embaume. La modeste barrière blanche aurait besoin d’un coup de pinceau. C’est alors que je l’aperçois. Mike. Mike en train de bêcher. Il retourne la terre du petit potager avec une vigueur enivrante. Torse nu, ses muscles m’apparaissent au grand jour. Des gouttes de sueur dégoulinent dans son dos. Elles coulent le long de sa colonne vertébrale et disparaissent dans son short kaki. Brando dans « Un Tramway nommé désir »… La tête me tourne. Je me recouche. Une fissure au plafond. Le papier peint se décolle par endroits.
Pieds nus, serviette sous le bras, nuisette petit bateau, j’ouvre la porte de la salle de bain. La main encore agrippée sur la poignée en porcelaine blanche et ronde, je reste suspendue devant les fesses musclées de Mike. Celle de Bruce Willis. Sous l’eau de la douche, il chante « Love love me do ». De retour dans mon lit, je cale mon oreiller entre mes cuisses.
- Anne, are you wake up ! Mike n’a pas attendu ma réponse pour ouvrir la porte. Rasé de prêt et les cheveux trempés, le rouge me monte aux joues. Cette manière de prononcer mon nom, cet accent si touchant. Je me redresse, comme un seul homme en cachant mon oreiller sous mes fesses.
On surplombe The Fly-In de Bartlesville. Des avions datant de la première guerre mondiale, dorment sur le tarmac, le nez au sol. Le coucher de soleil rend le ciel magnifique. Les quelques nuages ont pris une teinte rose. De grosses joues d’enfants bien nourris. Le blaser de Mike est rouge. James Dean dans « La fureur de vivre ». Je monte sur la pointe des pieds et l’embrasse. Un vrai baiser cette fois-ci. Plein de saveur et de salive. Je frisonne. La chair de poule envahit l’intérieur de tout mon corps. Une sensation inégalée… réjouissante. Mike serait le garçon idéal, mûr et prêt. Ne pas se faire d’illusion. Mes jambes ne sont pas celles de Cyd Charisse dans « Chantons sous la pluie ».
Mon mégot écrasé, je m’approche de lui et lui réclame encore un baiser. Me voilà prise au piège de mon propre appétit. Je deviens intrépide. Mike me suit dans mon désir. Je le tire par la main. Jamais je ne me serais cru capable d’une telle audace. Nous sommes maintenant enlacés sur le petit lit de la chambre d’amis. Mon corps le réclame à corps et à cris, malgré ma peur. Pourquoi ne pas vivre cette première fois justement ici et maintenant ? Arrête de réfléchir, suis ton instinct et plonge. Mais soudain, tout s’arrête.
- I’m sorry, I can’t … me chuchote t-il à l’oreille, en s’éloignant de mon étreinte. I have a girl friend, Anne.
Je pense : « On s’en fout » et je dis : « What’s her name ? »
- Alyssia.
Je quitte sa chambre, le corps bouillant et la mine triste.
Deux jours plus tard, nous sommes rentrés chez ses parents dans l’Arkansas. Une nuée de gros corbeaux, qui étaient en train de picorer dans un champ se sont envolés à tir d’ailes à notre passage. Tippi Hedren blanche de peur dans « The birds ».
Mike est affalé sur le canapé du salon et son pote Brian est en train de rouler un joint sur la table basse en rotin.… La première bouffée est délicieuse, la deuxième aussi… Assise à même le sol sur un tapis à fleurs ridicules, je dévisage les deux garçons en train de fumer à tour de rôle. Mike est digne d’une gravure de mode. Redford en bad guy. J’ai un désir irrépressible de m’asseoir sur lui. Mon cœur bat trop vite, ma bouche est sèche, mes mains sont moites et mes paupières clignent de manière incontrôlable. Al Pacino dans Scarface.
La dernière fois que j’ai vu ma mère vivante, son visage était tuméfié, elle était d’une maigreur monstrueuse. Ecoeurée, je lui ai tourné le dos pour qu’elle ne puisse pas voir mes larmes. Elle est morte huit jours plus tard.
Mike est à quelques centimètres de moi, sa main chaude et douce me caresse la joue, il essuiemes larmes puis se rapproche de mes lèvres. Sa langue tourne délicieusement dans ma bouche minuscule. Son haleine sent le tabac. Sa langue est chaude, et l’apprêté de son tee-shirt mouillé m’enivre. Notre baiser se prolonge puis Mike me susurre avec douceur :
- I am OK, but nobody will ever known. Nobody.
Ma vue se brouille, mais j’ai bien entendu.
La route défile magnifiquement. La ligne jaune disparaît sous nos roues à une vitesse vertigineuse. Et soudain, c’est le déluge. Les balais des essuies glaces vont et viennent comme des fous. Un vent à décorner les bœufs, une tempête de tous les diables. Le tonnerre gronde, un éclair illumine le ciel. La foudre s’abat à quelques mètres devant nous. Mike ne feint pas sa peur. Je le vois dans ses yeux. Les mains crispées sur le volant, penché vers l’avant, il roule désormais à deux à l’heure. On ne voit pas à un mètre. Je suis confiante. Ce soir là, nous avons dîné à la lueur de bougies. Entre deux bouchées, Mike me caresse sans vergogne. Ma culotte est trempée. Le regard qu’il me lance est sans équivoque. Ce sera pour bientôt.
Le lendemain matin, je n’avais plus aucune chance de ne plus être vierge. La girl friend de Mike, Alyssia était là. Une petite visite surprise. Elle ne partira que la veille de mon départ.
Je jette un coup d’œil au salon. Mike regarde « Magnum ». J’aperçois un bout de son caleçon. Sa jambe droite pend allègrement du canapé. Et dire que j’aurais pu le faire avec lui… Je ne peux quitter mes yeux de ce corps allongé, quand je sens une présence dans mon dos.
He is beautiful my son no ? Je grimace… Yes ! Je vais aller faire mes valises.
Mike ne m’a même pas dit au revoir. Mon vol est à 5 heures. Impossible de dormir. Je me tourne comme une toupie dans mon lit. Un peu avant minuit, j’entends un cliquetis à la porte vitrée. Des cailloux contre le carreau. Mike sur la terrasse me fait de grands gestes. Maintenant devant lui, je n’ai pas le temps de dire « But...» qu’il pose sa main sur ma bouche et m’entraîne jusqu’au matelas gonflable derrière le grand arbre du jardin.
Il me déshabille lentement, délicatement, sans quitter mon regard. Je suis toute nue. J’ai froid. Il m’allonge sur le matelas. Le plastique se colle à mon dos. Sa peau est réconfortante, douce et chaude. Je me réchauffe rapidement. Ses baisers sont langoureux et doux. Je me laisse aller sous les caresses de ses grandes mains qui m’effleurent mon ventre, mes reins. Mike embrasse le bout de mes petits seins. Mes tétons deviennent tout durs. Je frissonne. La peur m’envahit, j’ouvre grand les yeux. J’entrevois les étoiles à travers les feuilles du chêne. Je suis en suspension. Je vais enfin savoir ce que cela fait. Vivre cet instant que j’ai réclamé de toutes mes forces, depuis si longtemps. Sa langue revient dans ma bouche. Je sens son sexe gonfler contre mon ventre. Il tend le bras et saisit un préservatif dans la poche de son jean. Il me le montre en riant. J’acquiesce en clignant des paupières. Il déchire avec ses dents l’emballage et enfile délicatement la pellicule de caoutchouc autour de son sexe. Il revient sur moi. Son poids est incroyable. J’entrouvre les cuisses. Mike tente d’entrer, mais n’y parvient pas. La panique m’envahit. Je lui embrasse farouchement l’épaule et lui caresse le dos. Après une deuxième tentative sans résultat, Mike humidifie ses doigts, caresse mes grandes lèvres, je me détends et avant même de réaliser qu’il est en moi, une douleur fulgurante me saisit. Je me mords le pouce pour ne pas crier. Mike se fige dans un regard angoissé. Je le rassure. Continue. Ses reins vont et viennent délicatement, tout doucement. Nos corps sont imbriqués, totalement. Mon sexe me brûle, mais la douleur vive a disparu. Je tente de suivre son rythme. Il s’emballe soudain. Le plastique du matelas me brûle la peau du dos. Son torse est moite et son sexe est au bout de moi. Il va de plus en plus vite. Mon cœur bat fort, sa respiration s’accélère et soudain, Mike se cambre et s’arrête. Son sperme a dû jaillir, je n’ai rien senti. Il reste en moi quelques secondes, puis se retire. Je reste immobile les yeux fermés. Mes jambes sont flageolantes. A genoux devant moi, en tee-shirt et en caleçon, il me sourit. It’s OK ? Yes, thank’s. Il y a du sang sur le matelas.