Fétichisme sur un triptyque : République, Nation, Démocratie.
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En France, à droite comme à gauche, on use jusqu’à la corde de termes qui sonnent « grand messe » laïque de tous les citoyen.es des ultra-riches aux sans revenu et sans logement. C’est en vérité foutaise et fétichisme. Ressortir un Jaurès BBR (1) ne suffira pas car on voit trop que la forte hypocrisie sociale sert utilement de ciment idéologique à une paix sociale en toc, en plastique (selon les termes de l'Analyse Transactionnelle). L'injustice sociale et territoriale est présente et forte; celle climatique aussi . En conséquence, c’est une fraction de la population - des jeunes surtout mais pas que -, qui s’éloigne franchement de cette "communion républicaine" qui respire le faux et la duperie . Là est la faille qui grandit. Là est à lire le vrai de la situation.
Nous avons donc avec "République, Nation et Démocratie" trois beaux mots-clés à répéter pour ne rien dire ou même - comme déjà vu - dire l’inverse et son contraire le lendemain si le public n’est plus le même. La France des villes et des campagnes comme la France des riches et des pauvres (ou des moyens) sont priés de se mettre fraternellement à genoux devant ces trois fétiches surplombants pour communier dans un « vivre ensemble » pourtant largement faussé par la longue déconstruction néolibérale des conquis sociaux d’après guerre. Cette destruction qu'il faut qualifier de classiste - car menée férocement par les classes sociales dominantes - se voit, et ce malgré l'entreprise d'effacement des médias à la solde, et çà fait évidemment problème. Le social part en vrille avec les libertés démocratiques. Et le RN se prépare pour sa République autoritaire et raciste. Mais nous combattrons. Nous les syndicats et les gauches !
De ce processus historique bien factuel, auquel droite et gauche ont participé, émerge une crise de légitimation du régime qui profite de plus en plus à l’extrême-droite raciste, sexiste et classiste. Il est urgent de répondre. Mais Macron préfère, comme les grands patrons du CAC 40, le RN à une gauche offensive, celle qui à raison milite pour une alternative qui va au-delà des revendications immédiates du monde du travail. Gauche offensive divisée qui n’est pas - soyons clair - la gauche PS qui a abandonné depuis longtemps son logiciel marxo-keynésien (F Escalona) de facture social-démocrate pour se couler dans les institutions césaristes de la V ème République . Césariste et classiste désormais.
Sur la crise de régime je renvoie au dossier d’Alternative économique d’avril 2023 mais aussi au petit livre d’une cinquantaine de page de Fabien Escalona : "Une République à bout de souffle" Ed Seuil Coll Libelle mars 2023.
Deux mots sur ce livre concis et explicite. Fabien Escalona y aborde d’emblée la crise de légitimation en lien avec la cohérence initiale de la V République autour de son triptyque (page 19) : 1 - Primauté de l’autonomie de l’exécutif, 2 - Prospérité visible et (relativement) partagée, 3 - Grandeur maintenue de la Nation devenue post-impériale. Cette cohérence s’effrite au fil des décennies et débouche sur « la désarticulation du régime » (page 24 - moitié du livre). La République est en ruine. La Nation profondément divisée non pas à cause des islamistes (que nul n’apprécie) mais par la domination double des ultra-riches et de la classe financière du 1% dopée aux dividendes (Christian Chavagneux en édito de Alternatives Economiques cité 2) contre le peuple-classe, vous savez ce peuple des 99% qui forme l’ensemble des classes sociales dominées.
Quand à la Démocratie pour ne plus être un fétiche à Majuscule elle doit faire l’objet d’une réforme institutionnelle fondée sur des principes clairs. La commission démocratie d’ATTAC y travaille. Mais cela ne suffira pas. Fabien Escalona plaide (page 42) pour des réformes conséquentes hors du champ de la réforme des institutions. Le débat doit porter sur ces deux points hors de tout fétichisme.
Christian Delarue
Aller vers une République écosocialiste
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1) BBR pour bleu, blanc, rouge
2) Christian Chavagneux cite l'INSEE : le 1% le plus aisé concentre un quart du patrimoine financier, les 5% la moitié. C'est le scandale social des dividendes.