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Quand les couvre-feux étaient maintenus il y a eu des recours en justice pour beaucoup de violations de droits. L'objectif principal de ces recours était l'arrêt des opérations et par conséquent, l'arrêt des violations de droits qui étaient en cours.
Comme à la fois les cours de première instance et la Cour constitutionnelle étaient indifférentes aux violations des droits humains, des recours ont été faits auprès de la Cour Européenne des droits humains. Finalement, aux derniers jours de l'année 2015 la CEDH a interpellé la Turquie pour que celle-ci prépare une plaidoirie sur ce qui s'était passée à Djizré. Le débat principal de ce recours et des procès était la prise d'une décision de protection des plaignants, la levée des couvre-feux et la fin du blocus. Cette intervention de la CEDH demandant une plaidoirie n'a arrêté ni les opérations ni les violations. Les opérations sont devenues encore plus dures.
Vers le milieu de janvier 2016, des informations sur la présence de blesé-e-s à divers endroits de Djizré ont été communiquées par leurs familles aux avocat-e-s. Les forces de sécurité ne permettaient pas aux ambulances de passer. À beaucoup d'endroits dont le parlement, nombre de pourparlers et d'activités étaient menées sur ce sujet. Mais il était impossible de dépasser les équipes d'opérations. Le premier nom à être connu par l'opinion publique a été Hüseyin Paksoy. Dans le cas du recours fait pour Hüseyin Paksoy, la CEDH a pris la première décision de protection et demandé que toutes les mesures soient prises pour la préservation de l'intégrité physique de Hüseyin. Après cette décision, nous avons fait des demandes similaires pour les autres blessé-e-s. Dans la foulée, la CEDH a pris des décisions semblables pour Ortan Tunç, Helin Öncü, Serhat Altun et Cihan Karaman. Mais aucune de ces décisions sauf celle pour Helin Öncü, n'a été appliquée et les demandeurs ont succombé à leurs blessures en attendant.
Les opérations ont continué malgré les décisions de protection. Les 22 et 23 janvier, nous avons été informés qu'il y avait un grand nombre de blessé-e-s coincé-e-s dans des sous-sols. Les noms d'une vingtaine de personnes nous sont parvenus. Sans attendre, nous avons fait un recours à la CEDH. Le 26 janvier, la CEDH a décidé d'inclure la situation dans son agenda mais malheureusement, elle nous a renvoyé les dossiers sous prétexte qu'il fallait d'abord s'adresser à la Cour Constitutionnelle au sujet de ces demandes. Or, la Cour Constitutionnelle avait déjà prononcé sa décision à propos des opérations et montré que sa position étaient celle de l'état.
Alors, suivant cette décision, nous avons fait les recours auprès de la Cour constitutionnelle. La Cour constitutionnelle a réitéré ce qu'elle avait déjà dit et refusé nos demandes. À la suite, nous avons de nouveau eu recours à la CEDH et de nouveau la CEDH a refusé nos demandes.
La CEDH, à la même période où elle refusait nos demandes, avait décidé d'étudier en priorité nos requètes principales. Les concernant, elle a décidé le 13 novembre 2018 de tenir une audience. Lors de l'audience, nous avons eu l'occasion de discuter les couvre-feux à Djizré dans toutes leurs dimensions. Malgré toutes ces réalités, la CEDH a refusé nos demandes et nous a encore une fois dit d'attendre les décisions de la Cour constitutionnelle parce qu'en 2016, en même temps que nos recours auprès de la CEDH, nous nous étions adressés à la Cour constitutionnelle aussi. C'est parce que nous savions déjà que la Cour constitutionnelle ne dirait rien et que les recours auprès de celle-ci étaient faits pour ne pas permettre à la CEDH de nous demander pourquoi nous ne les avions pas faits. Malgré cette situation, la CEDH a dit en 2019 ce qu'elle aurait pu dire en 2016, et ce, après la discussion devant elle de tous les problèmes. Plus de 3 ans se sont écoulés depuis cette décision. Nous attendons toujours les décisions de la Cour constitutionnelle. Nos recours auprès d’elle ne sont même pas dans son agenda.
D'un autre côté, nous constatons qu'à Djizré le procureur ferme l'un après l'autre les dossiers sur les morts. Aucun membre des forces de sécurité n'a été questionné à propos de ces dossiers. Bien que les opérations aient été dirigées par des militaires, dans aucun document il n'y a trace de leur présence. Selon le procureur, tou-te-s les mort.es, même un bébé de 3 mois, sont des terroristes et ont été tué-e-s en combattant les forces de sécurité. Selon le procureur, ceci justifie leurs morts.