24 avril 2011 à Kwa Thema, township à l’est de Johannesburg. Noxolo Nogwaza rentre d’une soirée passée avec ses amis, une soirée de fête, d’amitié, de joie. Elle rentre chez elle retrouver ses deux enfants mais elle n’y arrivera jamais.
Violée, battue et poignardée avant d’être jetée dans un fossé, elle sera retrouvée sans vie le lendemain. Elle allait avoir 24 ans. Elle aimait lire, elle aimait danser et jouer au football. Elle était femme, lesbienne, elle l’assumait, c’en était trop.

Noxolo Nogwaza
Noxolo militait au sein du Comité d’organisation de la marche des fiertés d’Ekurhuleni (EPOC) organisation d’information auprès des personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexuées).
24 avril 213. Deux ans après, l’absence de Noxolo est toujours aussi douloureuse, l’absence de justice toujours aussi révoltante. L’enquête est au point mort. L’indifférence des autorités face à ce crime odieux est une deuxième atteinte à la dignité de Noxolo et à celle de toutes les lesbiennes victimes de violence.
L’indifférence de la police est révélatrice d’un climat d’homophobie persistant dans la société sud-africaine malgré la reconnaissance de l’égalité en droits, et l’adoption du mariage pour tous depuis 2006. Le chemin est encore long. Combien d’autres crimes avant que la justice et la police ne se saisissent de leurs responsabilités ?

Des membres de l’EPOC protestent. KwaThema, juin 2011 ©EPOC
Parce que les discours de haine n’apportent que la violence, parce que l’ignorance alimente les préjugés, nous devons rappeler et clamer haut et fort, fièrement que « toutes les personnes sont égales devant la loi et ont droit sans discrimination à une égale protection de la loi ».
Noxolo était consciente des dangers mais refusait de laisser le climat de peur l’empêcher de vivre comme elle l’entendait. Elle en est morte.
Ce 24 avril, nous nous souvenons de Noxolo mais aussi d’Eudy Simelane, Girlie Nkosi, Xolani Dlomo et toutes celles, anonymes, qui sont tombées victimes de la haine et de l’ignorance. Assassinées parce que non conformes au modèle dominant, ignorées par la justice.
Partout dans le monde des rassemblements honoreront sa mémoire et son courage, et exigeront justice pour elle et toutes les lesbiennes qui, à travers le monde, sont victimes de la haine.
Nous enverrons des messages de solidarité et d’espoir aux militantes d’EPOC et à toutes celles et ceux qui luttent pour que, à Kwa Thema et ailleurs une femme puisse vivre, sortir et aimer sans peur.
A Paris, Amnesty International France et "Lesbiennes of color" se rassembleront donc ce soir, 18h, à la fontaine des Innocents, métro Saint-michel.