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Billet de blog 7 octobre 2025

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Octobre Rose : et si on parlait (aussi) des hommes ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Amos de Tekoa – Publié sur Le Club Mediapart


👨‍⚕️ Le cancer du sein n’est pas qu’une affaire de femmes

Chaque automne, les rubans roses fleurissent un peu partout : vitrines, plateaux télé, stades de foot… Octobre Rose mobilise, émeut, sensibilise. Et c’est formidable.
Mais dans toute cette communication, un public reste invisible : les hommes.

Pourtant, environ 1 % des cancers du sein concernent des hommes. Cela paraît minime, mais pour ceux qui sont concernés, c’est 100 % de réalité.

Le plus dramatique, c’est la méconnaissance :

  • Peu d’hommes savent qu’ils possèdent eux aussi du tissu mammaire.

  • Peu imaginent qu’une boule, une rétraction du mamelon ou un écoulement puissent être un signe d’alerte.

  • Et souvent, le diagnostic arrive trop tard, faute d’information.

👉 Le résultat, c’est que les cancers du sein masculins sont souvent détectés à un stade plus avancé, avec des conséquences plus lourdes.
Tout simplement parce qu’on n’en parle pas.


🧬 BRCA1, BRCA2 : les gènes n’ont pas de genre

On connaît ces noms grâce à certaines figures publiques — comme Angelina Jolie — qui ont révélé leur mutation génétique BRCA1 ou BRCA2.
Mais ces gènes ne font pas la différence entre homme et femme : ils augmentent les risques pour tous.

Être porteur de BRCA1, comme moi, signifie un risque accru de :

  • cancer du sein,

  • cancer de la prostate,

  • et parfois du pancréas.

Chaque année, je passe donc une mammographie préventive.
Pas parce que je suis inquiet, mais parce que je choisis de ne pas laisser le hasard décider.
Parce que connaître son statut génétique, c’est déjà un acte de prévention.


💬 Le tabou du dépistage masculin

Quand j’explique que je fais une mammographie, les réactions vont du sourire gêné à l’étonnement.
« Une mammographie ? Mais… tu es un homme ! »
Oui, justement. Et c’est bien le problème.

Tant que le dépistage sera perçu comme un acte « féminin », des hommes passeront à côté d’un diagnostic vital.
Tant que le mot « sein » fera rire ou gêner, on ne parlera pas de santé, mais de stéréotypes.

Parler du cancer du sein masculin, ce n’est pas voler la lumière aux femmes.
C’est au contraire renforcer la lutte, en la rendant plus juste, plus inclusive, plus humaine.


🗣️ Ouvrir la parole, sauver des vies

Octobre Rose est une campagne essentielle. Mais elle doit désormais inclure les hommes dans son message :

  • les pères, frères, fils et conjoints porteurs de mutations génétiques,

  • ceux qui ignorent leur risque,

  • et ceux qui, faute d’information, ne se font pas dépister.

🎗️ Le cancer du sein ne choisit pas un genre. Il touche des personnes, des familles, des histoires.
Et c’est ensemble — femmes et hommes — que nous pourrons briser le tabou et faire de la prévention un réflexe universel.


✊ Tant que le mot « sein » fera sourire quand il s’agit d’un homme, il faudra continuer à en parler.

Je suis un homme.
Je porte le gène BRCA1.
Je fais mes mammographies.
Et en ce mois d’Octobre Rose, je choisis de parler — pour que d’autres n’aient plus à se taire.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.