Je crache sur vos serviettes.
Sur vos corps beurrés de vacance.
Sur vos villas, vos piscines, vos bouées en plastique.
La mer n'est pas à vendre.
Ni la colline.
Ni le vieux berger qu’on déloge à coups de notaire.
Ni la cigale qu’on assomme à coups de décibel.
On exploite la nature
comme on exploite l’homme
— avec des sourires.
Avec des brochures en quatre langues.
Avec des promesses d’emplois saisonniers
et des loyers qui étranglent.
Je vois
la falaise saigner sous les grues.
Le figuier mourir en silence,
étouffé par le béton armé.
Et l’enfant du pays, lui,
il livre des mojitos
dans ce qui fut la maison de sa grand-mère.
Colonisation douce,
infiltrée par la carte bleue.
Pas de canon, mais des drones.
Pas d’ordres, mais des likes.
C’est le tourisme qui tue
en souriant.
Vous appelez ça développement.
Je l'appelle pillage.
Vous parlez d’échange culturel.
Je vois la langue coupée,
les mots vendus à la découpe.
Et la terre,
la terre ne dit rien.
Elle encaisse.
Elle encaisse comme un ouvrier qu’on paie au noir,
comme une femme qu’on touche sans amour.
On exploite la nature
comme on exploite l’homme.
Même logique.
Même foutue violence.
Celle qui déguisée en progrès,
fait taire les pierres et les poètes.
Voyez la vague,
vous qui bronzez
sur des os.