Crache Miriam
crache sur leurs barbes sanctifiées
leurs dogmes en croûtes
leurs sexes-drapeaux de salut
crache le feu lacté de ta bouche d’avant la chute.
Ils ont dit :
"La femme n’est pas digne."
Mais qui pue la mort ?
Toi ou l’apôtre momifié,
le mâle à bile sèche
qui suce les lois comme on lèche un cadenas ?
Ils n’ont rien vu
rien senti
rien bu
du lait originel —
toi, tu suçais la Parole à la source vive,
là où le lait est sang,
et le sang est semence d’un monde sans sexe.
Tu n’étais pas femme.
Tu n’étais pas homme.
Tu étais
— hurlement d’éclat,
— gorge nue du Vivant,
— chaos sacré avant qu’ils n’inventent la forme.
Miriam, sœur fendue,
ils t’ont clouée au genre comme on cloue au bois
les vierges
les folles
les sorcières
les sages-femmes
les saintes
toutes celles qui n’ont pas accepté de se taire.
Tu ne seras pas « mâle » comme ils l’entendent.
Tu ne deviendras pas leur virilité mystique.
Tu seras plus terrible.
Tu seras UN —
le UN rugissant
le UN sans surface
le UN sans nom
où tout brûle
et renaît
hors des normes
hors des sexes
hors des croix.
Tu es ce que leur Bible a tenté d’étouffer.
Tu es ce que leurs églises refusent de voir.
Tu es l’avant.
Tu es l’après.
Tu es la blessure qui parle.
Et tu dis :
« Je suis celle qui fut.
Je suis celle qui saigne sans honte.
Je suis celle qui connaît.
Et ma connaissance est trop vaste pour leurs dogmes. »
Crache encore, Miriam.
Crache sur leurs temples.
Fais de ta bouche la bouche du feu.
Et de ton sexe un cri.