Le système de santé français est au plus mal.
L'hopital est démembré, la médecine de ville submergée...
Nous infirmiers libéraux sommes exangues, méprisés et humiliés par nos instances dirigeantes, et nous exerçons aujourd'hui bien souvent au détriment de notre propre santé tant nos conditions d'exercices sont inacceptables.
De plus en plus d'infirmiers libéraux quittent la profession, usés, désabusés par la dégradation de nos conditions d'exercice.
L'audit que nous avons effectué à ce sujet indique que 38% de nos consoeurs et confrères envisagent de quitter la profession dans les 5 ans.
Nos honoraires sont insuffisants et bloqués depuis 2009 malgré l'inflation. Pour exemple, actuellement une prise de sang est facturée 6.08 euros bruts, soit environ 3.04 euros net. Un pansement simple 6.30 euros bruts (3.15 net environ ). C'est inacceptable !
Nos indemnités kilométriques sont bloquées à 2.50 euros brut depuis 2012 sans considération de l'augmentation du coût des carburants.
La loi de financement de la sécurité sociale de 2023 permet l'extrapolation des indus, calculés sur des suppositions et non des faits réels. Nous bénéficions donc de la présomption de culpabilité ! Notre nomenclature des actes étant obsolète et la plus complexe de tous les professionnels libéraux, les erreurs sont courantes et induisent ces indus. Nous réclamons depuis longtemps sa révision mais elle se complexifie d'année en année.
Notre caisse de retraite nous impose un départ à taux plein à 67 ans depuis des années, malgré une pénibilité réelle et non reconnue qui diminue notre espérance de vie de 7 ans en comparaison avec les moyennes nationales.
Nous ne comptons pas notre temps auprès de nos patients mais les taches invisibles, la coordination avec les autres professionnels etc ....ne sont pas reconnues et pas rémunérées.
Mais nous sommes confrontés aujourd'hui à une autre menace : Disparaître !
La pandémie a offert à tous la possibilité de devenir soignant. Nous sommes supplantés de nos compétences propres : vaccins, dépistages, prévention, éducation thérapeutique, toilettes, etc. Et nous continuerons à l’être : pansements, piluliers, etc. Les structures de soins à domicile représentent une menace, alors que l’exercice coordonné est primordial pour la qualité des soins de nos patients.
Mr Braun lorsqu'il s'occupe à nous décrire ses projets pour la santé de demain cite un à un l'ensemble des acteurs du système de santé....excepté les infirmiers libéraux qui ne sont pas semble t'il conviés à participer à ce beau projet d'avenir !
En revanche, des budgets conséquents sont alloués à la création de postes d'infirmiers salariés de grosses strucures qui nous poussent à la porte du domicile de nos patients sans vergogne.
Mr Millon propose une loi permettant aux prestataires qui s'occupent aujourd'hui de livrer le materiel à domicile d'obtenir le statut de professionnels de santé. Les pharmacies de ville maillent déjà le territoire et travaillent en coordination avec les différents professionnels de santé auprès des patients qu'ils connaissent bien souvent. Ils se voient amputés d'une partie de leur travail déjà par ces prestataires de santé qui ne gèrent pas du tout les quantités de materiel délivrées avec la même conscience, provoquant un gaspillage important . En ce qui concerne les infirmiers libéraux, comme nous pouvons déjà le constater dans certains départements, les soins les plus rémunérateurs seront effectués par ces "boites à soins " et nous pourrons conserver les miettes dont ces entreprises ne voudront pas.
Ce projet de loi vient renforcer le mépris que portent les autorités aux acteurs de santé en place sur le territoire, et qui travaillent depuis des années de manière coordonnée dans l'intérêt du patient.
Nous soignons sans discrimination quelle qu'elle soit, et ne refusons pas les soins qui sont peu rémunérés. Demain, ces soins peu lucratifs qui nous resteront ne nous permettrons pas de conserver nos cabinets. Que ferons les patients que ces grosses usines à soin ne voudront pas lorsque nous n'existerons plus ?
Nous pouvons légitimement nous inquiéter de la qualité des soins et du suivi de nos patients par ces structures que nous voyons déjà à l'oeuvre.
Nos patients âgés ou malades sont un "marché" qui semble digne d'interêt et de spéculations.
"La poste" semble se positionner comme pouvant surveiller nos aînés à domicile.
La santé à deux vitesses et la spéculation sur la dépendance sont inadmissibles.
Nous ne pouvons faire grève sans mettre nos patients en danger et ne sommes pas entendus des pouvoirs publics.
Nous espérons avec ce collectif faire entendre notre voix, alerter l'opinion publique, pouvoir agir pour sauver notre exercice, preserver la qualité des soins infirmiers à domicile et lutter contre une santé au rabais et une médecine à deux vitesses.