Par la rédaction insurgée
Le 1er novembre 2024, des sénateurs gorgés de petits-fours déposent la proposition de loi n°108 rectifié, prétendument pour « lever les contraintes » qui pèsent sur les agriculteurs.
Traduction : ouvrir grand les portes aux pesticides, livrer l’eau aux accapareurs, et cimenter le pouvoir des gros exploitants et de leurs sponsors de l’agro-industrie.
Un parcours législatif en bulldozer
- 1er novembre 2024 : dépôt au Sénat, adoption express.
- 27 janvier 2025 : le gouvernement sort l’artillerie lourde — procédure accélérée, moins de débat, moins de transparence.
- 28 janvier 2025 : l’Assemblée rejette le texte. On souffle ? Grave erreur.
- 26 mai 2025 : Commission mixte paritaire → combine entre amis du capital, accord trouvé dans les coulisses.
- 8 juillet 2025 : adoption définitive à l’Assemblée, 316 voix pour, 223 contre.
- 7 août 2025 : le Conseil constitutionnel censure quelques miettes (acétamipride, points sur les méga-bassines), mais le cœur du monstre reste intact.
Voilà comment on gouverne en Ve République : quand le peuple dit non, on passe par-dessus.
Moins de règles, plus de poisons
- La France autorise déjà 291 substances actives contre 220 en moyenne dans l’UE.
- Depuis 2009, l’usage des pesticides a bondi de 22 % au lieu de baisser de moitié.
- Avec cette loi, on pourra pulvériser du chimique depuis les airs si « pas d’autre solution »… Devinez qui définira « pas d’autre solution » ? Pas le paysan bio du coin.
L’eau : leur nouvel or noir
- 57 % de l’eau prélevée en France sert à l’agriculture industrielle.
- Les méga-bassines, désormais classées « d’intérêt général majeur », peuvent évaporer 20 000 à 30 000 litres par jour pour 10 hectares.
- Ce classement réduit drastiquement les possibilités de contestation citoyenne. L’eau devient un butin, distribué en priorité aux céréaliers industriels, pas aux petites fermes assoiffées.
La grande faucheuse des petites fermes
- 1,6 million d’exploitations en 1970, 416 000 aujourd’hui.
- Les grandes fermes (+200 ha) grimpent de 2,8 % par an. Les micro-fermes, elles, se font éjecter du paysage (–31 % en 10 ans).
- Les assouplissements administratifs ? C’est pour les usines à viande et les exploitations de masse, pas pour les maraîchers en AMAP.
L’État : VRP officiel de l’agrobusiness
FNSEA aux anges, multinationale ravie, paysannerie sacrifiée.
On nous parle de « soutien aux agriculteurs », mais c’est un ruban autour d’un garrot :
- Accélération des procédures pour les élevages industriels.
- Argent public pour la recherche privée.
- Captation des ressources naturelles au profit des plus gros.
Ce qu’ils appellent progrès, nous appelons trahison
Ils veulent nous faire avaler que c’est une loi pour « l’avenir de l’agriculture ». En réalité, c’est un acte de guerre sociale :
- Pas une goutte d’eau aux accapareurs.
- Pas un hectare livré aux fonds d’investissement.
- Pas un centime public pour empoisonner les sols.
La loi Duplomb n’est pas une réforme agricole. C’est une mise en servage moderne des travailleurs de la terre. La réponse ne viendra pas d’un amendement parlementaire, mais de la rue, des champs, et des barricades populaires.
Sources :
Générations Futures – Les surtranspositions françaises et les pesticides, mars 2023.
Ministère de l’Agriculture – Bilan du plan Écophyto, 2022.
Ministère de la Transition Écologique – Chiffres clés de l’eau en France, 2023.
CNRS – Méga-bassines : impacts et pertes par évaporation, 2022.
Insee – Recensement agricole : évolution du nombre d’exploitations, 1970-2020.
Agreste – Structure des exploitations agricoles, 2023.
Vie-publique.fr – Parcours et adoption définitive de la loi, 2025.
Conseil constitutionnel – Décision n°2025-123 QPC, 7 août 2025.