Quand ils coupent dans nos droits, ce n’est pas pour “réformer”
Par la rédaction insurgée
Le coup est parti en plein été
Le 8 août 2025, un courrier signé François Bayrou a atterri sur les bureaux des organisations syndicales. Un “document de cadrage” à la froideur comptable, fixant noir sur blanc : 2 à 2,5 milliards d’euros d’économies par an sur l’assurance-chômage entre 2026 et 2029, puis 4 milliards/an à partir de 2030 (Le Monde, La Tribune). Ultimatum : accord avant la mi-novembre, sinon l’exécutif tranchera seul.
Les chiffres derrière les chiffres
Taux de chômage actuel : 7,4 %. Projection OFCE : 9 % en 2027 si ce plan est appliqué (La Tribune).
Le plan prévoit de durcir l’accès aux droits, réduire la durée d’indemnisation, rallonger la période de référence, cibler les seniors et les ruptures conventionnelles.
Pendant que ces coupes se préparent, les 500 plus grandes fortunes françaises ont vu leur patrimoine grimper de 15 % en un an (Challenges 2025), et les actionnaires du CAC 40 se sont partagés 97 milliards d’euros en dividendes et rachats d’actions en 2024 (Oxfam).
La mécanique est rodée
On maintient une partie de la population dans l’insécurité pour que l’autre accepte n’importe quelle condition. C’est une pression constante : la peur de basculer dans la précarité sert de laisse invisible. Et derrière cette mécanique, toujours les mêmes bénéficiaires : grands groupes, marchés financiers, rentiers du capital.
Ceux qui devraient défendre détournent le regard
La gauche institutionnelle s’enlise dans la recherche d’un “profil compatible” pour 2027 et la distribution de tracts municipaux, loin des vies qui se défont.
Certaines directions syndicales connaissent parfaitement la duplicité de ce gouvernement mais s’accommodent du calendrier, quand elles ne s’absentent pas en séminaires estivaux financés par les cotisations de ceux qu’elles prétendent représenter.
Quand tout s’aligne pour que rien ne change
Coupes budgétaires, chantage à l’emploi, profits obscènes, silence des structures censées défendre… tout est prêt pour que la suite ressemble à ce que nous connaissons déjà, en pire.
Le moment où le silence devient impossible
On nous demande d’accepter un plan rédigé dans le confort ministériel, où chaque économie sur l’assurance-chômage se paie en vies abîmées.
On nous parle d’effort, mais jamais pour les fortunes qui grossissent à deux chiffres.
On nous parle de responsabilité, mais jamais pour les entreprises gavées de dividendes.
On nous parle de dialogue, mais toujours avec un ultimatum au bout.
Quand les chiffres ne sont plus des statistiques mais des visages autour de nous, quand chaque décision ferme une porte de plus, quand ceux qui devraient défendre sont ailleurs… alors il ne reste plus qu’une seule voie.
Et chacun, au fond de lui, sait laquelle.
Pour aller plus loin – documents et articles à lire
- Document de cadrage du gouvernement adressé aux partenaires sociaux le 8 août 2025 – Le Monde
- Analyse économique et projections de l’OFCE – La Tribune
- Classement Challenges 2025 sur les 500 plus grandes fortunes françaises – Challenges
- Rapport Oxfam sur les dividendes du CAC 40 – Oxfam France