Mon blog sur le site du Monde : Les musulmans ne sont pas des bébés phoques – De notre déni considéré comme l’un des beaux-arts recueille des commentaires pratiquement tous positifs.
Mais ce qui m’intéresse, c’est le débat, or celui-ci n’est intéressant que s’il confronte des opinions divergentes. C’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre Médiapart qui me paraît le site idéal car il réunit des blogueurs de qualité dont la majorité devrait être en désaccord avec mes analyses.
Je serais content de débattre avec eux.
En librairie début octobre :
De même qu’il nous est impossible d’imaginer les musulmans capables d’agir de manière autonome et délibérée, nous regardons l’Occident comme le grand manipulateur, un Frankenstein créateur de monstres qui finissent par lui échapper. Et avec notre bonne conscience de butés, nous ne voyons même pas ce que cette vision recèle de mépris envers les musulmans.
Loin d’être une réaction de damnés de la terre, l’islamisme est un mouvement idéologique souverain de restauration qui entend retourner à un islam rigoriste « authentique » où toutes les lois démocratiques et laïques venues de l’Occident seraient annulées au profit de la charia, et les modes de vie modernes interdits dans la totalité de l’Umma. Il ne s’agit pas ici, comme dans le programme communiste de s’engager dans une lutte de classe pour (en théorie) régénérer la société et la rendre plus humaine, mais de ravager des États arabes coupables d’avoir voulu s’adapter au monde moderne, ou des pays occidentaux, pour les punir de vivre dans la mécréance.
Considérant universelle la révélation islamique, les djihadistes se sont donnés pour mission sacrée de mener la guerre jusqu’à ce que les populations visées soient soumises à leur islam fanatique. C’est pourquoi leurs premières cibles ne sont pas les Occidentaux, mais les « faux musulmans » et les « renégats », à savoir les gouvernants musulmans liés aux intérêts occidentaux, ainsi que ceux qui veulent réformer et moderniser la société musulmane et qui « détruisent l’islam de l’intérieur ». Écoutons ‘Abd-al-Salam Faraj, l’un des Égyptiens qui furent exécutés en avril 1982 pour avoir été les instigateurs de l’assassinat d’Anouar el Sadate :
«Si l’impérialisme s’est installé en terre d’islam, c’est justement à cause de ses dirigeants. Entamer le combat contre l’impérialisme ne serait ni glorieux ni utile, mais seulement une perte de temps. Nous devons concentrer nos efforts sur notre cause islamique, ce qui signifie d’abord et avant tout instaurer la loi divine dans notre propre pays et faire en sorte que la parole de Dieu y règne sans partage. Le premier terrain de lutte du djihad est, sans conteste, l’extirpation de ses leaders infidèles et leur remplacement par un ordre authentiquement islamique. Alors nos énergies pourront-elles s’épanouir [1]. »
Demain, je vous entretiendrai du wahhabisme, matrice du djihadisme moderne.
Samedi 9 septembre : Le djihadisme, fruit de l’islam ? Le témoignage par l’histoire du wahhabisme
Lundi 11 septembre : L’islamisme, résultante de l’échec de la décolonisation (et de l’échec du nationalisme nassérien)
Mardi 12 septembre : La démocratie dans le monde musulman
[1] Extrait du pamphlet rédigé par ‘Abd-al-Salam Faraj, cité par Bernard Lewis dans L’Islam en crise, Paris, Gallimard, 2003. Lewis précise que, contrairement à l’idée reçue en Occident, ce n’est pas pour avoir signé la paix avec Israël que le président égyptien fut tué. Pour ses meurtriers, cette paix, quelle que honnie qu’elle fût, n’était que la résultante d’un crime bien plus grave : l’abandon de la loi divine et « une conduite servile singeant en tout point celle des infidèles ».