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Billet de blog 11 septembre 2017

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La démocratie dans le monde musulman

Je suis écrivain et éditeur. Je publie un blog sur le site du Monde : Les musulmans ne sont pas des bébés phoques – De notre déni considéré comme l’un des beaux-arts http://andreversaille.blog.lemonde.fr, et dédié aux musulmans qui luttent contre la barbarie islamiste.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mon blog sur le site du Monde : Les musulmans ne sont pas des bébés phoques – De notre déni considéré comme l’un des beaux-arts  recueille des commentaires pratiquement tous positifs. 

Mais ce qui m’intéresse, c’est le débat, or celui-ci n’est intéressant que s’il confronte des opinions divergentes. C’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre Médiapart qui me paraît le site idéal car il réunit des blogueurs de qualité dont la majorité devrait être en désaccord avec mes analyses.

Je serais content de débattre avec eux.

En librairie début octobre :

La démocratie c’est comme un tramway,
une fois arrivé au terminus on en descend.
Recep Tayyip Erdoğan[1]

Comment penser la question de la démocratie dans le monde arabo-musulman lorsque l’on voit que, dans bien des États de cette vaste zone, un vote libre donnerait très vraisemblablement la victoire aux islamistes qui refusent l’État de droit. Ce fut notamment le cas à Gaza. On (parmi lesquels nombre d’entre nous) a beaucoup reproché aux États occidentaux de ne pas considérer le vote « démocratique » gazaoui en faveur du Hamas : « Vous voulez la démocratie, et quand un parti qui ne vous plaît pas est élu au suffrage universel, vous refusez de collaborer avec lui. » Comme si un scrutin libre, condition indispensable mais évidemment très insuffisante, pouvait garantir à lui seul l’État de droit. Faudra-t-il encore et toujours revenir aux élections démocratiques allemandes de 1933 pour faire comprendre qu’un suffrage, si régulier fût-il, n’implique pas l’instauration d’un État de droit ? Quand saisirons-nous que c’est par la voie des urnes que bien des régimes totalitaires se sont installés avant de cadenasser le système politique afin d’éliminer toute opposition ?

Pour les partis islamistes en général, un scrutin libre et honnête n’augure pas d’une évolution démocratique, mais de sa fermeture. Cette route vers le pouvoir est toujours à sens unique. Une phrase résume bien la conception islamiste du vote : «Un homme, une voix, une fois » (Bernard Lewis). Le pouvoir islamiste établi, il est inconcevable pour ses partisans de renoncer quelques années plus tard à la souveraineté de Dieu représentée par ses serviteurs[2]. Contrairement aux démocrates, tenus par principe d’accorder la liberté d’expression ainsi que les autres droits politiques à l’opposition quelle qu’elle soit, les islamistes au pouvoir ne se sentent nullement tenus d’accorder quoi que ce soit à leurs adversaires ; ils s’estiment fondés à réprimer tout ce qu’ils jugent sacrilège, à commencer par la démocratie laïque.

Notre compréhension à l’égard des islamistes est telle que nous sommes devenus sourds et aveugles au désir de démocratie de beaucoup de musulmans, notamment des résistants qui se battent pour la subordination du religieux au civil, le confinement de la religion dans la sphère privée et l’instauration de la liberté en matière religieuse. Dans des États où l’incroyance est hors-la-loi, et où le libre arbitre doit s’effacer au bénéfice de la soumission à Dieu, c’est-à-dire aux imams, la tâche est immense.

Quant à nous, nous n’en demandons pas tant ! Ce qui nous intéresse, c’est de voir apparaître dans le monde musulman une démocratie d’élections. Quant à la démocratie d’exercice, on verra plus tard. À croire que la participation des partis religieux extrémistes musulmans au suffrage universel est notre priorité.

De quoi cette complaisance témoigne-t-elle, sinon de la conviction de beaucoup d’entre nous que le despotisme religieux ou civil est conforme à la mentalité et à la culture islamique, et que, de toute façon, les musulmans sont incapables d’exercer le libre arbitre, l’esprit critique et la démocratie ?

Demain, je vous entretiendrai du terme « islamophobie ».

Mardi 12 septembre : Notre mantra : « Attention, islamophobie ! » 
Mercredi 13 septembre : Le terme d'islamophobie, son origine et son instrumentalisation
Jeudi 14 septembre : La lutte contre l’islamophobie, une stratégie mondiale

[1] https://limportant.fr/infos-monde/3/t/900738
[2] Il est remarquable que la Tunisie ait fait, jusqu’à présent, exception à cette règle.

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