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Billet de blog 1 novembre 2025

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Des noms.

Moderatus de Gadès.

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Relisant, cette nuit, principalement pour tenter de me distraire de la misère des temps, l’admirable ouvrage consacré par André Villey au traité d’Alexandre de Lycopolis (Haute-Égypte, fin du 3e siècle de notre ère) Contre la doctrine de Mani (Paris, les Éditions du Cerf, 1985, Sources Gnostiques et Manichéennes, 2) - acquis lors de la dispersion de la bibliothèque de travail du regretté Roger Deladriere, professeur à l’Université Lyon III, Institut d’Études Arabes et Islamiques -, je constate, une fois encore, combien ce qui est pensé est radicalement tributaire de la langue dans laquelle on pense, ou: qui LE pense, qui SE pense; et donc qui NOUS pense; et combien aussi la pensée de la langue présente d’éléments irréductibles, insécables, « atomes » qui emportent LE TOUT de cette pensée. Radicalement, à la racine, et rarement autant, aussi nettement, manifestement, (d’une manière presque décourageante), que dans une expression que je rencontre, (dans les circonstances que je viens d’évoquer), chez un néopythagoricien (et se retrouvant sans doute ailleurs) cité par Porphyre dans un traité perdu (Sur la matière, livre 2), lui-même cité par Simplicius, In phys., 231, 5, D (commentaire néoplatonicien d’Aristote); et ce néopythagoricien en bout de chaîne, si je puis dire (catena aurea…) se nomme: Moderatus de Gadès. Il peut y avoir des noms qu’on préfère à d’autres; je m’empresse d’ajouter que, tout à côté, j’en trouve encore un qui me plaît beaucoup, Nicomaque de Gérasa, auteur d’une Théologie arithmétique (Photius, Bibliothèque, codex 187, éd. R. Henry, t. III, Paris, 1962). Eh oui! Quel charme, vous ne trouvez pas? Mais cette expression? La voici: ho heniaîos lógos - que le R.P. Festugière (La Révélation d’Hermès Trismégiste, IV) traduit de deux manières (concomitantes, ou corrélatives): le rapport unifiant, (c’est à dire) l’un (hen) qui a raison (lógos) de rapport (lógos). On bute là, me semble-t-il, sur le fondement ultime de toute intelligibilité possible pour la pensée grecque, c’est à dire occidentale.

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