J’ai un cousin, Andronic, que, chaque année, je retrouve dans la maison d’été familiale. Il reste assis derrière la porte de sa chambre, celle de tante Eugénie naguère, à l’affût des bruits de la maison; et, chaque fois que quelqu’un va aux toilettes, situées sous les combles, il émet une phrase à la clarinette, un court motif déstructuré qui laisse entendre clairement qu’il est fou. Je ne vois Andronic qu’à la brune, entre chien et loup, à l’heure du schnaps, pour une conversation d’homme à homme. C’est l’été, dit-il. Qu’on le veuille ou non, dis-je. À cela se limite ma contribution. Lui, il en ajoute deux autres. C’est le Léthé, dit-il. Silence. C’est le laid T, dit-il encore. Silence. Mais finalement, je craque: qui est T? demandé-je. Théodule, répond-t-il. Je me lève et regagne ma chambre mais, sur le trajet, du salon à la cave, je passe aux toilettes vite fait. Et déjà revoici l’air de clarinette…
Billet de blog 5 août 2022
C’est l’été
qu’on le veuille ou non.
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