Un voisin frappe à ma porte en pleine nuit

-Toc toc.  -Entrez, c’est ouvert. (Je suis coiffé de mes chausses, en train de tailler ma plume d’oie; je préfère ne pas ouvrir moi-même, de crainte de souffler la chandelle en déplaçant trop d’air). C’est Nosferatu qui passe en voisin. Sympa. « Très intéressante, ta citation du kata Philippou », a-t-il la gentillesse de me dire. -Ah! je suis bien content qu’elle vous plaise! Oui, c’est bonard, comme idée… « On se tutoie, Bernsh », prétend Nosferatu. Bon. « Et à part ça? Quelles nouvelles? Qu’est-ce que tu fabriques, tandis qu’on assassine? Je vois là, sur ton lutrin, un parchemin orné de quelques signes qui ne me sont guère familiers… »  -Dieu me pardonne, c’est de l’estranghelo. Why not! concède Nosfée. Il est dans ses bonnes. « T’en as pas marre d’écrire des fadaises? » -Un peu; mais pas trop… « Et c’est quoi, pour le coup? » (si même lui dit « du coup »…non, il a dit « pour le coup »…plus qu’à tirer l’échelle…) - eh bien, VOIS-TU, je venais tout juste de commencer un roman… « Enfin! Pas trop tôt! Just about time! » (c’est son avis, pas le mien) « & c’est quoi? Ça s’appelle comment? » -Ça s’appelle La Femme aux Trois Yeux… « Ah bon d’accord…sont-ils pers?…ça parle de quoi? Pas de Pablito, j’espère… » -Non…c’est une plongée profonde dans la procession des hypostases… BEUH! hurle Nosferatu, et le voilà très classiquement qui s’envole par la fenêtre…oh merde…tous les mêmes… « sont-ils pers?… » - j’ai pas répondu…à malin, malin et demi…