Madame Soleil des Eaux Taries

« Il faudrait que l’on s’attarde / À faire vivre l’eau tarie / Pour que ne meure l’otarie / Poisson poilu qui nous regarde », écrivait, aux alentours de 1972, un camarade de lycée, et ami, Bertrand D., devenu professeur et pédagogue de quelque renom. Ce quatrain eût été digne de figurer dans LE BESTIAIRE, OU CORTÈGE D’ORPHÉE, de Guillaume Apollinaire, son premier recueil, paru en 1910, chez Deplanche, à 120 exemplaires (vendus: 50; le reste, soldé à la pièce pour 40 francs de l’époque, ce qui était cher; mais prix fous atteints, de nos jours, en salles de ventes) avec, ah voilà! des bois de Raoul Dufy (vraiment très beaux). À placer juste avant LA CARPE, peut-être; après L’ÉCREVISSE: « Incertitude, ô mes délices / Vous et moi nous nous en allons / Comme s’en vont les écrevisses, / A reculons, à reculons ». Mais il y a otarie et otarie. L’une se porte assez bien, merci pour elle, c’est madame Borne. L’autre, plus symbolique, se meurt, en effet: c’est la confiance publique. Quant aux poissons poilus,  vous les verrez sous peu, serrés comme des sardines sur le perron de l’Élysée, poissons poilus Ensemble! les plus nombreux; mais aussi, montés comme cabochons sur un banc d’huîtres, poissons poilus EELV, poissons poilus PS? poisson poilu PC, peut-être? Sous-secrétaire d’État à poil? et…et…HORREUR! poissons poilus RN? Chacun de ces poilus poissons pas poilants du tout avec, sous une nageoire, son petit maroquin. Et IL l’aura, sa « majorité absolue »!  NdlR: *Apollinaire, Oeuvres poétiques, Pléiade n° 121, 1956 (éd. Marcel Adéma & Michel Décaudin),  note, p. 1028.