Le type idéal de référence genrée que présente la mode dans la classe dominante d’une société et d’une époque données (la durée d’une telle époque n’excédant pas, actuellement, un lustre) n’est pas établi par l’exhibition directe d’un code, mais par inductions allusives. Jadis, c’est la cour qui en fournissait les modèles les plus impérieux; aujourd’hui c’est beaucoup plus compliqué, et de plus en plus. De nombreux acteurs interviennent, de nombreux facteurs sont à prendre en considération, et le résultat est une espèce d’homéostase labile, « versatile », au sens que ce mot revêt dans la langue anglaise. De toute évidence, depuis une centaine d’années, le cinéma est l’un des principaux vecteurs de ce qu’on pourrait nommer une modulation, plutôt qu’une modélisation; et il est de fait qu’un cinéphile averti donnera avec justesse la date d’un film dès les premières images de ce à quoi ressemblaient les femmes et les hommes de ce temps-là. De nos jours, la détermination, d’une année à l’autre, des aspects dominants et majoritaires de la colonie bactérienne humaine sous ses aspects politiques, sociaux, et criminels, doit aussi tenir le plus grand compte de ce qu’on appelle les c’est ri thé-V (?) - incipit homo politicus, et c’est là qu’enfin nous rencontrons le politicard, (nous sortons tout juste d’en prendre une indigestion discrètement par voie d’affiches). D’une manière générale, à s’asseoir sur un banc dans une rue passante et commerciale d’une ville de France d’importance moyenne, pour regarder défiler les échantillons, à condition de persévérer dans cet exercice au moins deux heures durant, on établissait, il y a encore deux ou trois ans, que le type masculin idéal de référence de la population était le détenu d’un pénitencier américain. Mais à contempler, récemment, les têtes d’affiche, principalement virtuelles ou télévisuelles, (et j’ai sur ce point l’avantage rare du GLIMPSE, du coup d’œil qui ne dure pas plus de quelques secondes et qui fixe d’autant mieux le vol de l’oiseau), je suggérerais que c’est momentanément l’acteur porno sérieux et compétent, non pas du tout, donc, la brute soldatesque de vingt ans, mais plutôt le potentat financier dans la cinquantaine. Je ne le décrirai pas, d’abord à cause, je viens de le dire, de l’extrême brièveté de mes incursions dans ces deux domaines, le spectacle porno et le spectacle tout court, et ensuite parce que certains seraient tentés de s’y reconnaître tellement bien qu’on m’accuserait de les avoir délibérément visés: diffamation. Je rappellerai simplement que le marquis de Sade fut, à cet égard comme à quelques autres, un prophète, puisque l’une des grandes qualités dont il dotait ses meilleurs monstres, allant même jusqu’à en ratiociner, il la nommait L’APATHIE. Explicit. Reliquia desiderantur.
Billet de blog 21 juin 2022
Un léger crayon (un legier craïon)
de M. Gandin de Labarb de Trois-Jours.
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