« Lorsque descend déjà le crépuscule, faire une pause pour jeter un coup d’œil sur les perspectives d’un passé qu’on a vécu intensément, reparcourir les allées du labyrinthe dans lequel ont longtemps flotté les fantasmes du chercheur par vocation, éprouver la stabilité de l’empilage des boîtes qu’on a accumulées pour tenter de cueillir une vision d’un instant sur l’univers de l’autre côté du mur. En un mot, s’asseoir au bord de la route et se regarder passer. Saisir le lien qui court entre les parties les plus divergentes et contradictoires de ses actes et de ses pensées, et s’apercevoir que les allées du dédale conduisent toutes au même point qui ne coïncide pas exactement avec la sortie… », oui (André Leroi-Gourhan, en 1983), sauf que tout le monde s’en fout désormais, qu’il s’agisse d’un homme aussi extraordinaire, aussi profondément admirable qu’André Leroi-Gourhan, ou de n’importe qui. Très grand savant, et l’un des esprits les plus vastes, les plus puissants et, par-dessus tout, les plus indépendants et les plus originaux de son temps, il est aujourd’hui à peu près oublié. L’heure n’est plus à éprouver la stabilité de quoi que ce soit; ni à cueillir une vision d’un instant sur l’univers de l’autre côté du mur. Celles de ce côté-ci étant passablement brouillées. Du mur lui-même on s’abstiendra de disserter. C’est superflu. Quant à l’univers, celui-ci ou un autre, ici ou là-bas, il n’y en a plus. C’est ce qui manque le plus. Voilà Monsieur, je vous ai fait votre petit paquet, rentrez chez vous, passez par la bibliothèque municipale.
Billet de blog 23 novembre 2023
La stabilité de l’empilage des boîtes
& la vision sur l’autre côté.
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