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Billet de blog 7 octobre 2023

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Fédérer la gauche ? pour aider Macron ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vieilles formules, mais les faits sont têtus…

« Un élan rassembleur », « fédérer la gauche », les belles formules n’ont pas manqué aux « Rencontres de la gauche » organisées à Bram dans l’Aude, ce week-end, par Carole Delga. Mais personne n’a la mémoire courte. Il y a un peu plus d’un an, la gauche s’est rassemblée, dans le cadre de la NUPES, autour d’un programme de rupture. Carole Delga qui, à ce jour, est toujours membre du PS , n’a eu de cesse de combattre ce rassemblement, présentant des candidats ou suscitant des candidatures parasites pour que ce rassemblement ait le moins de députés possible. Ainsi, dans la 2ème circonscription de l’Aude, un candidat PRG puissamment soutenu par Carole Delga et Didier Codorniou, vice-président de la Région, a empêché la candidate écologiste NUPES d’accéder au second tour, laissant en lice le RN et la Macronie. Et le candidat RN a été élu ! Belle démonstration de ce qu’est cet « élan rassembleur » prôné par Delga !

Dans les vieux pots, la soupe…la plus rance

Mais avec qui donc Carole Delga se rassemble-t-elle, puisque la NUPES, visiblement, ce n’est pas son truc ? Il suffit de regarder la liste des invités pour en avoir une idée assez précise.

Pascal Lamy, ancien directeur de l’OMC, instrument de démantèlement de la législation du travail et de la baisse des salaires à l’échelle de la planète.

Jacques Attali qui a inventé le micro crédit pour que les banques puissent faire de l’argent, même sur le dos des plus pauvres. Inventeur également du chèque Education qui peut permettre de totalement privatiser l’Education Nationale.

Nicolas Mayer-Rossignol, premier secrétaire délégué du PS, anti-NUPES déclaré, qui s’est prononcé en 2023 contre la retraite à 60 ans.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur et premier ministre sous Hollande. Il a fait partie des gouvernements de « gauche » (Macron en était aussi) qui ont porté le CICE,  la loi El Khomri contre le législation du Travail et la loi Touraine qui a encore allongé la durée de cotisations nécessaire pour une retraite complète. Mais il reste célèbre encore aujourd’hui pour la loi de Sécurité Publique de 2017 qui permet aux policiers d’ouvrir le feu sur un automobiliste en cas de refus d’obtempérer, comme ce fut le cas pour Nahel.

Tous ces gens font partie de la « gauche vaillante » que désire Delga, une gauche qui « n’a pas peur de dire qu’elle aime l’entreprise » ! Gageons qu’à une « gauche » comme celle-là les patrons sauront, sans trop de difficultés, rendre cet amour….

Macronie, Macronie, quand tu nous tiens….

Dans sa lettre d’invitation au CNR, Emmanuel Macron vante les projets territoriaux sur la Santé ou sur l’Ecole mis en place depuis un an. Chacun connaît l’état lamentable de notre système de santé., notamment la pénurie de médecins. Au lieu de programmer un effort conséquent de l’Etat, par exemple, pour doubler le nombre de médecins formés, Macron invite chaque territoire…à se débrouiller comme il peut, en faisant son propre projet. Carole Delga est parfaitement en phase avec tout ça, réclamant, avec Valérie Pécresse, des pouvoirs plus étendus pour les Régions.  Elle veut créer 200 centres de santé en Occitanie. Mais si elle veut des médecins dans ces centres, il faudra bien les prendre à quelqu’un, soit à d’autres régions françaises, soit dans des pays dont la population a aussi des besoins en la matière. Et procéder de la sorte, c’est, en quelque sorte, cacher un fait majeur : la politique de démolition du système de santé continue, mais elle est décentralisée, ce qui permet à Macron de camoufler sa responsabilité. Moyennant quoi, les ministres pourront venir en visite dans l’Aude, comme cela s’est produit cet été, et s’extasier devant « l’intelligence du territoire » qui va arriver, avec des bouts de ficelle, à se passer d’urgences, d’hôpitaux et de médecins. Est-ce bien cela, la République, un état de fait où chacun se débrouille comme il le peut, dans son coin ?

« Reconstruire une gauche capable de redonner espoir », « esquisser ensemble, avec la richesse et la diversité de nos parcours et de nos opinions, des pistes concrètes et crédibles pour l’avenir », « l’union, ce sont des choix, une clarté, une cohérence, une constance dans le travail et dans l’écoute », les belles formules creuses et les déclarations enflammées n’ont pas manqué, ce week-end, à Bram. Vieilles recettes, mais toujours la même soupe. La rupture avec Macron, ce régime, ce vieux monde, ne peut pas se contenter de petites phrases, et ne passera pas par là.

Jacques Vieules

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