J’ai une amie, Olga Dibouk. Nous fîmes connaissance sur le tarmac de l’aéroport de Yakutsk, le 22 décembre 1979. Nous prenions le vol de 21h20, heure locale, pour Yuzhno-Sakhalinsk. Il faisait moins 47 degrés Celsius. Je parle toujours Celsius, et jamais Fahrenheit; je sais que c’est injuste, mais c’est plus fort que moi. On ne se refait pas. Moins 47, donc, mais sans vent, sauf celui des pales du biréacteur, j’ignore la marque. Trois passagers yakoutes, dont deux femmes; Olga et moi; l’hôtesse de l’air, seule membre de l’équipage, une Tchouktche; et le pilote; russe, je pense. De quelle nationalité était Olga? D’aucune nationalité terrestre. J’avais noté cette chose extrêmement remarquable: Olga ne portait que des pantalons(fort seyants à ses longues jambes et à sa taille mince) dont le pli était toujours INFLEXIBLEMENT DROIT. Qu’elle fût debout, assise, couchée à plat ventre(dans les trous d’air): un fil à plomb(dans le cas 3, un niveau à bulle). Concluez vous-même. Le vol, je viens d’y faire allusion, fut mouvementé, voire agité; presque brownien. La Sibérie, dans l’extrême nord de son Extrême-Orient, n’en était que plus belle. Mais à Yuzhno-Sakhalinsk, mauvaise surprise: la peste. Home Olga, dis-je, foutons le camp d’ici. Nous allâmes à Magadan, où nous passâmes cinquante ans fort paisiblement, moi, forgeant des guimbardes en acier, et elle, assemblant de jolies boîtes pour les contenir. La bonne idée avait été celle de foutre le camp.
Billet de blog 14 décembre 2021
Che sarà sarà che fu
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