Belén de los Andaquíes résiste à la déforestation dans le sud de la Colombie
Nous sommes un couple Franco Colombien de voyageurs. Nous souhaitions vous partager des informations concernant le village de Belen de Los Andaquies, situé dans le sud de la Colombie, qui nous a particulièrement interpellé pour la gestion exemplaire de son environnement, malgré les conditions les plus défavorables. Documentaire rattaché à cet article prochainement. Merci pour vos commentaires.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Par Andrés Felipe Chiguasuque Buenhombre et Angéline Barattini le 3 avril 2023.
La création d'aires protégées municipales et privées à Belén de los Andaquíes a permis d'avoir des corridors de connectivité entre les forêts, ce qui permet le transit des espèces et l'augmentation de la biodiversité. Sur l'image, vous pouvez voir le Parc Municipal Naturel de La Resaca. Photographie : Jhonattan Navarro.
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Située entre les Andes et la jungle amazonniene, Bélen de los Andaquíes, l’une des plus petites municipalités de Caquetà, a réussi à résister à la déforestation pendant plus de 20 ans grâce â l’engagement ardu de la société civile en faveur de la conservation.
Grâce à la création de réserves municipales, à l’éducation environnementale et à la recherche scientifique, cette région de l’un des départements les plus déboisés de Colombie a montré qu’il est possible de protéger l’environnement, même dans les conditions les plus défavorables.
En 2017, le parc naturel municipal d’Andaki, à Belén de los Andaquíes (Caquetá), une petite ville située entre la Cordillère orientale et l’Amazonie, est devenue une actualité nationale. Les expéditions Colombia Bio, une initiative qui visait à explorer les écosystèmes présentant des lacunes en matière d’informations biologiques au niveau national, ont découvert 47 nouvelles espèces pour la science et en ont enregistré 190 qui jusqu’à présent n’avaient aucune trace en Colombie.
Cette étape scientifique a mis cette petite municipalité et la Fondation Tierra Viva sous les projecteurs du public, un groupe de Belemites qui dans les années 1990, a commencé à collecter les ordures des rivières et à fini par déclarer plus de 40 000 hectares protégés au niveau municipal.
L’immense biodiversité de Belén de los Andaquíes est due à sa variété d’écosystèmes, qui vont de 214 à 2 200 mètres d’altitude, en contemplant les espaces des montagnes et de la jungle amazonniene. Cette diversité des milieux naturels fait de la région le foyer d’un grand nombre de plantes et d’animaux emblématiques tels que les ours à lunettes (Tremarctos ornatus), les jaguars (Panthera onca) et les pumas (Puma concolor).
C’est l’histoire de la manière dont une petite municipalité de Caquetá a réussi a protéger son territoire, bien qu’elle soit entourée des zones les plus déboisées de Colombie.
Le tangara palmier ou carreau de palmier vole parmi les cacaoyers, les châtaigniers et les boca indio que l’écologiste de Bogotá Daniel Pineda a reboisé dans sa réserve du village d’Àletones. Photographie : Jhonattan Navarro.
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Des politiques qui aident à conserver
Belén de los Andaquíes contraste avec d’autres municipalités de Caquetà, comme Cartagena del Chairá ou San Vicente del Caguan, qui depuis 2017 sont en tête des listes des municipalités les plus déboisées de Colombie. Cette année là, elles ont contribuées à 22 % de la perte totale des forêts au niveau national. Belén n’a ajouté que 0,08 %.
Bien qu’elle résiste, la municipalité n’est pas étrangère à ces dangers. La pression due à l’augmentation de la frontière agricole et l’invasion des colons dans les zones protégées, ainsi que l’extraction illégale de bois, les demandes de projets d’exploitation minière et de cultures à usage illicite, font partie de la vie quotidienne de cette municipalité déclarée par l’Assemblée Départementale en tant que « commune verte et protectrice de l’eau » depuis 2013.
Ici, la question environnementale est devenue une priorité pour les gouvernements municipaux en raison des demandes croissantes de la sociéte civile, qui depuis le début des années 1990 ont influencé les décisions de l’Assemblée Départementale afin de créer des accords de conservation, dans lesquels des organisations telles que la Fondation Tierra Viva ont joué un rôle central.
« Dans certains conseils municipaux de Caquetá, il n’y a pas assez de connaissances sur les questions de gestion environnementale, la question n’est pas prioritaire et peu de ressources sont investies. Dans le cas de Belén, il y a plus de 20 ans, nous avons approfondi notre amour pour le territoire et nous avons compris qu’il y avait suffisamment de lois pour déclarer des zones de conservation et les gérer. Nous avons réalisé l’exercice de co-administration (des neufs parcs naturels principaux) entre la municipalité et notre organisation », explique Yunner González, un biologiste de 30 ans de Belemita, représentant légal de la Fondation Tierra Viva, qui a investi sa vie dans les processus de conservation dans la région.
En raison de leur grande mobilité, les oiseaux sont considérés comme les meilleurs disperseurs de graines du monde animal, une tâche cruciale pour le maintien de la biodiversité des écosystèmes et pour la régénération des espèces végétales. Sur la photo, un arasari à doigt bruns trouvé dans la réserve de Guillermo Navarro. Photographie : Jhnonattan Navarro.
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L’une des principales raisons d’être de la Fondation Tierra Viva est la création et l’administration d’aires protégées. Elle a pour objectif d’élargir et de connecter les corridors de biodiversité sur le territoire, afin d’accéder à des services environnementaux de qualité et de lutter contre la déforestation. Actuellement, la fondation gère les neufs Parc Naturels Municipaux et espère en créer un nouveau cette année.
« La fondation depuis 1993, a participé à tous les lieux publics de sensibilisation des habitants et une partie de cela a permi la gestion de zones de conservation. De nombreux progrès ont été réalisés au cours des 30 dernières années, les processus de conservation ont permis d’avoir des zones de protection de la biodiversité et des zones de ressources importantes, comme l’eau par exemple. C’est le cas du Parc Naturel Municipal de la Resaca, qui fournit actuellement de l’eau potable à la zone urbaine et à la partie plate de la municipalité », explique González.
De même, ils continuent à travailler sur la restauration des écosystèmes andins-amazoniens grâce à un programme de reboisement technique et stratégique, dans lequel ils plantent des espèces indigènes dans les zones dégradées, telles que le costillo et le canelo Andaquíes, permettant aux animaux qui habitaient autrefois le lieu de réapparaitre.
Le programme Biodiversity Protective Seeds, de la Fondation Tierra Viva, forme des enfants, des jeunes et des adolescents de Belén de los Andaquíes aux systèmes de surveillance environnementale, de botanique et de géoréférencement. Photographie : Jhonattan Navarro
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Municipalité qui abrite neufs Parcs Naturels
En 2014, grâce à des systèmes d’information géographique, la Fondation Tierra Viva a identifié 70 000 hectares de forêts primaire à Belén de los Andaquíes, soit 59 % du territoire minucipal. Sur ces hectares, 17 693 appartiennent au Parc Naturel National Alto Fragua Indi Wasi, 28 767 font partie des Parcs Naturels Municipaux et 23 540 sont des propriétés privées sans titre.
Les forêts sous conservation sont le support du maintien des services écosystémiques tels que l’eau potable, l’air et la biodiversité dans la commune. Par exemple, le Parc Municipal de la Resaca fournit de l’eau à Belén et, en raison de son importance, il a été déclaré premier Parc Municipal Naturel le 3 mars 1995.
Le bassin du ruisseau la Resaca a souffert des infrastructures humaines, des pâturages et de la déforestation. Ajouté à cela, il y avait une forte division entre les partisans et les détracteurs de la restructuration du système d’aqueduc municipal. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’eau potable municipale ne commence à être contaminée.
Carte : Belén de los Andaquíes compte neufs Parcs Municipaux Naturels avec une zone de conservation totale de 23 540 hectares et un Parc National qui occupe 17 693 hectares de la municipalité. Image : Fondation Tierra Viva.
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A cette époque, l’équipe de Tierra Viva se prépare à affronter un débat politique crucial sur la nécessité d’améliorer l’accès à l’eau potable dans la commune. Grâce à une enquête exhaustive sur la législation environnementale de l’époque, les jeunes qui composaient la fondation ont profités des garanties normatives sur l’environnement, établies dans la récente Constitution politique de 1991, et ont réussi à convaincre le Conseil Municipal de la déclarer comme un Parc Naturel Municipal aux 399 hectares du micro-bassin versant de la Resaca.
La Resaca était le premier des neufs Parcs Naturels Municipaux dans lesquels la Fondation Tierra Viva allait jouer un rôle central. Ce serait son premier défi, mais pas le dernier. Pendant 20 ans, ils ont été confrontés à la complexité de la création d’aires protégées dans un département de tradition colonisatrice et au milieu d’un conflit armé de plus en plus aigu.
Le Parc Naturel Municipal de 54 hectares, Las Lajas, est situé à seulement deux kilomètres du centre ville. Créé en 1997, a été témoin des combats entre la guérilla des forces armées de Colombie (FARC) et l’armée Colombienne. En 2001, les affrontements se sont aggravés et, selon les habitants de Belén de los Andaquíes, l’armée a occupé le Parc pour défendre ses positions contre la guérilla. Pour y parvenir, elle a abattu des centaines d’arbres que la Fondation Tierra Viva avait reboisé des années auparavent. Il les remplace par des structures et des espaces libres pour son entrainement et ses opérations. L’objectif était d’y créer le bataillon d’infanterie Juanambù qui commanderait les opérations militaires dans le sud de Caquetá.
Depuis 1993, la Fondation Tierra Viva a commencé la tâche de restaurer les 58 hectares de ce qui est actuellement connu sous le nom de Parc Naturel Municipal de Las Lajas. À l’intérieur du parc, il y a 11 sources qui descendent de la partie supérieure et atteignent deux zones humides. Photographie : Erasmo González.
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La Fondation Tierra Viva a risqué son existence en défendant la nécessité du parc naturel municipal de Las Lajas contre l’armée, le Ministère de la Défense et une population divisée par la guerre. Ils ont finalement réussi à privilégier l’environnement et l’armée s’est retirée du parc. Là où des tranchées ont été construites, il existe aujourd’hui un point de vue écotouristique d’où l’on peut voir « la charnière » qui transforme les Andes en Amazonnie. Cet épisode a tellement marqué la population qu’il a été relaté dans le livre « Agua! Un triomphe au milieu de la guerre », écrit par Erasmo González, fondateur de Tierra Viva.
Le cas du Parc Municipal Naturel Andaki est également remarquable. Cette aire protégée a une superficie de 26 859 hectares et couvre des écosystèmes de 510 à 2 889 mètres d’altitude. Après avoir été affecté par les infrastructures humaines et l’élevage extensif de bétail qui ont mis en danger les sources d’eau, ce parc a été reconnu comme l’un des plus diversifié de Colombie dans la catégorie municipale.
Cela a été possible grâce à l’expédition Colombia Bio : Andaki, chemin de la vie. Dans cette initiative, 60 explorateurs ont parcouru l’ancien sentier indigène précolombien de la route Andaki pendant 20 jours pour enregistrer les espèces de la faune et de la flore présentes dans le secteur. Les résultats de l’expédition comprenaient la découverte de 47 nouvelles espèces pour la science, 190 nouveaux enregistrements de plusieurs espèces en Colombie, ainsi que l’identification de 23 espèces menacées et 41 endémiques. Cette campagne d’exploration de la biodiversité à mis Belén de los Andaquìes à l’ordre du jour des médias nationaux et des institutions environnementales du monde entier.
Ranitomeya variabilis habite le parc naturel municipal d’Andakí. En 2017, lors de l’expédition Bío, 47 nouvelles espèces pour la science ont été découvertes dans cette zone. Photographie : Fondation Tierra Viva.
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Vulnérabilité des aires protégées
Malgré le travail effectué par la fondation, Yunner González, assure qu’il y a des lacunes dans la figure de protection des Parcs Naturels Municipaux. Le Décret 2 372 de 2010 - qui établit la structure et le fonctionnement du Système National des Aires Protégées (Sinap) et fixe les règles de création et de gestion des aires protégées - n’inclut pas les Parcs Naturels Municipaux, de sorte qu’ils ne sont pas protégés au sein du schéma de protection Sinap, laissant les neufs parcs de Belén de los Andaquíes vulnérables à tout changement d’utilisation des terres.
« Récemment, nous avons eu un débat au niveau national sur la raison pour laquelle Sinap ne considère pas dans sa structure les zones de la figure municipale comme des espaces protégés. Il y a de nombreux intérêts en jeu, de plus, les figures municipales ont une complexité assez élevée, car elles ont des dénominations, des objectifs et des administrations différentes, selon chaque municipalité. Nous pensons qu’ils devraient faire partie de Sinap pour conserver nos zones protégées », déclare González, en parcourant les sentiers du Parc Naturel Municipal de Las Lajas.
Pour lutter contre ce vide, d’autres mesures de conservation efficaces (Omec) ont été mises en oeuvre dans les parcs municipaux, approuvées par le ministère de l’Environnement et qui se réfèrent à une zone géographique définie qui, bien qu’il ne s’agisse pas d’une zone protégée, est régie et gérée de manière à obtenir des résultats positifs et durables à long terme pour la conservation de la biodiversité.
La colonisation à Caquetá a eut pour conséquence d’intensifier la chasse, l’élevage de bétail et la monoculture de palmier africains. Belén de los Andaquíes n’a pas fait exception. Cependant, les efforts de conservation ont été intégrés par la population, qui décide maintenant de conserver volontairement. Photographie : Andrès Felipe Ch. Buenhombre.
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« Les Omec permettent une visibilité des espaces qui sont créés, ils sont inscrits au niveau international dans la base de données de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Ils permettent une meilleure gestion tout en faisant partie des processus de financement », explique Gonzàles.
Cela a permis au Parc Municipal Andaki, qui a fait déjà partie de l’Omec, de protéger sa biodiversité grâce à la surveillance d’entités nationales et internationales sans changer l’administration du parc. Un exploit que la Fondation Tierra Viva entend étendre à tous les Parcs Naturels Municipaux de Belén de los Andaquíes.
Réserves naturelles de la société civile.
Un autre facteur clé dans la préservation des écosystèmes andins-amazoniens à Belén de los Andaquíes a été la création de réserves naturelles de la société civile. Ces espaces de conservation et de restauration, d’initiative privée, ont permis la consolidation de corridors biologiques entre les Parcs Naturels Municipaux, ainsi que la création de zones tampons qui protègent les parcs des chasseurs, des départs de feu et des abattages.
Jhonattan Navarro dirige l’Association des Réserves Naturelles de la Société Civile de Belén de los Andaquíes. Actuellement, le nombre exact de réserves privées de conservation volontaire n’est pas connu, mais on estime qu’il y a des dizaines de personnes locales et étrangères (y compris des étrangers) qui établissent leurs propriétés à des fins de conservation à Belén de los Andaquíes. Photographie : Jhonattan Navarro.
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Les exercices privés de conservation ont une longue histoire sur le territoire, mais leur consolidation a été stimulée grâce aux ateliers sur la restauration, la création et la gestion des réserves que certaines organisations non gouvernementales - telles que l’Amazon Conservation Team et des entités gouvernementales telles que Corpoamazonia - ont organisé sur la commune de 2017 à 2021. Ces ateliers ont apporté un appui technique et financier à la mise en oeuvre de projets d’agroforesterie productive, qui ont permis aux paysans - dont les options de survie se réduisaient à l’abattage des forêts pour le bois ou à la plantation de pâturages et de coca - de choisir la protection et la restauration de la forêt et des sources d’eau comme mode de vie.
« Vous n’étiez pas joli dans un pâturage s’il n’était pas propre, les arbres vous gênaient. Lorsque ces organisations sont arrivées, elles nous ont sensibilisés. Notre ferme était autrefois un pâturage, mais avec ce qui a été fait, c’est déjà une forêt complète. Avant, les animaux étaient déplacés et maintenant nous leur avons donné la possibilité de se déplacer librement dans ce couloir. Entre les animaux et nous, nous restaurons » déclare avec le sourire Yolanda Castro, une leader communautaire et femme au foyer, qui est passée de l’expansion de la frontière du bétail à la conservation volontaire de l’intégralité de sa ferme de 42 hectares, dans la partie supérieure d’Aletones, village de Belén.
Yolanda Castro est une leader communautaire du village d’Aletones qui a participé au programme d’agroforesterie pour la conservation de l’organisation ATC, ce qui l’a amenée à prendre la décision de convertir sa ferme bovine en une réserve de 42 hectares. Photographie : Andrès Felipe Ch. Buenhombre.
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C’est ce qu’affirme également Guillermo Navarro, un ancien éleveur de 62 ans et ancien cultivateur de coca. Il se souvient comment, à l’âge de 12 ans, il a marché jusqu’à Belén avec sa famille de la municipalité d’Acevedo, dans le département de Huila.«Nous venions d’une zone très ouverte, où tout était défriché (coupé), quand nous sommes arrivés dans cette jungle, nous nous sommes sentis confinés, cependant, la pêche était très abondante, je parle d’il y a environ 50 ans. À cette époque, il y avait beaucoup de tigres (jaguars), de armadillo (tatou) de cerdillo (sanglier) et de boruga (paca rongeur), mais lorsque l’élevage de bétail et la coca sont arrivés, cela s’est aggravé, car il n’y avait presque plus d’animaux », explique Navarro depuis sa ferme de six hectares qui jouxte la rivière Bodoquerito, et qui maintient en conservation la partie supérieure.
Le processus de colonisation de Caquetà a laissé sa marque sur la culture paysanne locale. Navarro raconte son rôle dans les bovins et la coca de la région : « L’une des sources de la déforestation était l’élevage bovin. Parfois par obligation, faute d’herbe pour les animaux. Les cultures hors la loi ont été des causes d’abattage de la montagne également. C’était de la pure jungle, mais au fil du temps, elle a été déboisée et une grande quantité de forêt est tombée au sol.
Guillermo Navarro se réveille à 4 heures du matin pour pêcher les mojarras rouges, puis rencontrer sur la route du village, le camion qui transporte le lait, et qui les emmène à Belén et dans la municipalité voisine San José del Fragua pour être commercialisés. Photographie : Andrès Felipe Ch. Buenhombre.
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Cependant, les mains de cet homme qui un jour abattit des arbres pour vivre aujourd’hui sont utilisées pour travailler sur des projets agricoles, comme l’élevage de poulets et de poissons. « En ce moment, un assez bon changement est observé, il y a des entités qui travaillent pour l’environnement et le reboisement ; par exemple, ici, nous avons un Parc National (Alto Fragua Indi Wasi) où vous ne pouvez pas abattre ou chasser et même les animaux descendent les sentiers de ce parc et viennent au bord de la route ».
Ce changement d’activités dans la municipalité a suscité l’intérêt d’étrangers comme Daniel Pineda, un écologiste de Bogotá qui a choisi Belén de los Andaquíes pour créér une réserve de la société civile qui représentera la biodiversité des contreforts amazoniens. Pineda vit dans le village d’Aletones, avec sa femme et son fils, et se consacre actuellement à la plantation d’arbres de cacao, d’amandiers et de palmier amazonnien (fruit acaï) pour restaurer les sols d’une ferme qui était autrefois un élevage de bétail.
Les cacaoyers apportent une grande quantité de matière organique aux sols dévastés par l’élevage du bétail, et leurs racines aident à retenir et à protéger les sols en pente. Sur la photo, vous pouvez voir l’écologiste Daniel Pineda qui place un film (polyshade) pour recouvrir les plants de cacao avec lesquels il reboisera sa réserve. Photographie : Angéline Barattini.
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Les contreforts amazoniens sont un écosystème idéal pour les arbres fruitiers exotiques tels que le cépage caimarona, la sapote et l’arazá. Ces fruits ont été récoltés dans la réserve de Guillermo Navarro. Photographie : Andrès Felipe Ch. Buenhombre.
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« Belén de los Andaquíes est une municipalité phare, je me suis intéressé à ce lieu en raison de sa capacité à générer un espace de conservation en pleine guerre. Toutes les municipalités ou communautés n’ont pas cette capacité », explique Daniel Pineda, alors qu’il se dirige vers la jungle sur une colline escarpée.
Belén est un cas « rare » au milieu de la déforestation et du brûlage aveugle des pâturages dans le nord de Caquetá. Les autotités de contrôle de l’environnement et les municipalités ont été critiquées pour ne pas exiger de bonnes pratiques de conservation de l’environnement de la part des éleveurs et des agriculteurs. C’est un défi que nous devons tisser ensemble, car tout comme les forêts ont besoin d’un processus de succession pour cesser d’être des pâturages, créer une culture environnementale nécessite également un espace de remplacement sur la façon de penser d’avant », déclare Pineda, debout devant un grand ceiba.
Un changement qui, même s’il semblait impossible, se répand déjà dans la municipalité de Belén de los Andaquíes. « J’invite les personnes qui sont dans la ville à venir découvrir Belén de los Andaquíes, une municipalité verte protectrice de l’eau. Qui malgré les nombreuses difficultés qui se sont produites, continue à se préserver. Et nous continuerons à conserver jusqu’à ce que Dieu nous le permette, car c’est notre mode de vie », déclare Yolanda Castro.
*Cette histoire est une alliance journalistique entre Mongabay Latam et le Conseil éditorial de Colombie.
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