« I do believe in democracy and democracy is not in the street ». Au cours d’une émission de radio, j’ai récemment entendu cette déclaration de Macron, prononcée il y a quelques temps déjà.
Depuis, elle ne me sort plus de la tête. Alors, j’ai voulu comprendre pourquoi.
Ce n’est pas le ton arrogant et doctoral, cher à ce Président donneur de leçon, qui a tout compris mieux que tout le monde, qui fait que cette phrase me hante. Mais bien, ce qu’elle dit en creux de sa conception du pouvoir.
Car si elle n’est pas dans la rue, où est la démocratie alors ? Dans un palais ? Où un homme, plus ou moins bien élu, et très mal élu en l’occurrence, décide de tout, tout seul ? C’est ça la démocratie ? J’avais compris que ça, c’était avant et que ça s’appelait la royauté.
Si comme le stipule sa définition, la démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple, alors la rue, qui appartient à tout le monde et est de ce fait l’espace public le plus partagé, est indéniablement l’un des lieux où s’exerce la démocratie. C’est même le patrimoine commun.
Notre Président se souvient t’-il seulement de ce qu’est la rue ? Lui arrive-t-il d’y marcher au-delà des commémorations du 14 juillet, d’en tâter le pouls ? Non bien sûr. Il la méconnait totalement et c’est aussi l’une des raisons pour laquelle il la craint.
Il me semble que les mobilisations actuelles, qui rassemblent un grand nombre de Français très différents en âge et conditions sociales, sont un signe même de vitalité voire de sursaut démocratique face à un régime qui ne nous laisse guère de choix. Pour faire entendre sa voix entre deux élections : il n’y a que la rue.
Considérer que la démocratie n’est pas dans la rue, c’est considérer que la démocratie ne se fait pas avec le peuple. Et c’est bien là le problème de cette petite phrase. C’est qu’elle traduit la vision du pouvoir de M. Macron. Il croit en la démocratie (I believe in democracy), mais sans le peuple.
C’est précisément parce que nous croyons en la démocratie que, souverainement, nous sommes dans la rue. Ne vous en déplaise Mister Président !