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Billet de blog 29 mars 2023

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Les sang-culottes : les protections périodiques sont des outils de travail

2 minutes pour comprendre en quoi les protections périodiques sont des outils de travail.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans l'épisode 3 des Sang-culottes, nous avons vu à quelles injonctions contradictoires sont soumises les femmes s'agissant de changer leurs protections périodiques (en situation de travail comme dans n'importe quelle autre situation, jusque dans le foyer pour beaucoup).

Et je terminais en expliquant que, oui, les protections périodiques sont des outils de travail. Ce qui a interpellé certain·es d'entre vous.

L'explication est somme toute assez rapide.

On ne les appelle pas protections pour rien. Imaginez qu'on ne fasse pas usage de ces "protections"... Imaginez qu'on fasse la grève des protections périodiques... Vous voyez l'idée ?

Ce que l'on appelle pudiquement "protection" protège qui ? Et quoi ?

Ben, nos culottes et nos pantalons un peu. Mais vos sièges, beaucoup quand même.

De plus, les femmes choisissent ces protections soigneusement, en fonction des activités de la journée, dans le souci de protéger leur entourage (la moins visible possible par leur entourage, la moins bruyante possible, la plus absorbante possible pour éviter de faire tache, etc). Sinon, c'est gênant pour tout le monde.

L'invisibilité de la protection et la praticité d'utilisation (notamment se changer en conditions de travail sans que personne ne s'aperçoive de rien) sont des critères qui priment dans le choix, bien avant le côté sain des protections et le côté financier (alors même que 15 % des femmes se sont déjà retrouvées à fabriquer leurs protections faute d'argent). Enquête IFOP sur la précarité menstruelle et les préoccupations liées aux protections.

À toutes les autres charges mentales (du quotidien, de contraception, de charge sexuelle, etc), s'ajoute la charge de choix de ces protections. Les femmes les choisissent consciencieusement pour VOUS protéger de ce que la société leur interdit de montrer de leur fonctionnement pourtant naturel et mensuel. Et qu'elles doivent cacher malgré les douleurs, les fuites, les inconforts des protections (des couches, en fait), le manque de toilettes pour se changer, et autres désagréments. Ces protections vous protègent VOUS de la gêne à voir ce qui en nous fait tache.

Sinon, on reste prendre soin de nous à la maison sans protection (ça n'est pas dangereux de ne pas se "protéger"). Et on pratique le flux menstruel instinctif avec un toilette propre à portée de main. Ça s'appelle les congés de cycles hormonaux.

Cela nous épargnera l'épuisement du travail à flux menstruel tendu. Et on revient en pétant la forme !

Ainsi, ces protections sont bien plus des EPC (Équipements de protection collective) que des EPI (Équipement de protection individuelle).

Ces protections doivent donc être présentes sur le lieu de travail, financées collectivement, et garanties sans toxiques. En laissant les utilisatrices libres du choix de ce qu'elles mettent dans leur culotte ou dans leur vagin, en fonction des contraintes de la journée.

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