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Billet de blog 4 avril 2023

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Utérus

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Utérus

Mon père était un paysage normand.

D’une seconde à l’autre ,l’ombre l’emportait sur la lumière, il était très nuageux.

Dans son récitatif , son père aussi.

Cette part d’ombre semble être mon héritage , je suis une instable.

Désormais, on donne de nombreux noms médicaux à nos demi saisons, je ne suis pas un animal domestique et n’en revendique aucun, notablement pour ma petite histoire du jour.

Mon père préoccupé sans doute, a utilisé tous les tuteurs possibles, éducation privée, home d’enfance chez les sœurs, la guerre des études dites sérieuses.

Les chattes de gouttière n’aime pas l’eau, moi non plus et c’est la touche final de mon itinérance.

Par une extraordinaire chance je partage ma vie avec un mari placide, d’un doux « débonnair-risme ».

Je n’ai pas su être mère, faute de poussin.

Mais de vaisselles cassées et images déchirées, j’ai laissé la vie apporter son verdict, j’ai eu peur d’accoucher d’une nouvelle tornade , de nouveaux futurs reproches, le monde est plein d’êtres, de cœurs que l’on peut aider de bien des façons sans passer par la natalité, c’est ce qu’il nous a semblé.

J’ai donc un kit de maternité peu utilisé.

Sauf à cette petite plaisanterie de septembre 2022, mon utérus a ouvert son logis à une petite qui s’appelle « Maligne », enfin l’AOP date de janvier. Trois semaines pour obtenir le résultat d’une biopsie, le temps des fêtes.

Depuis c’est la course.

Une bonne nouvelle, ce début du mois mon mari fait partie probablement des derniers chanceux à pouvoir faire valoir sa retraite à soixante ans.

C’est la course à deux.

Je devais être opérée le 29 mars, 15 jours avant j’ai consulté l’anesthésiste.

C’est une anémie qui a justifié l’enquête de détective qui a amené à faire parler l’utérus ( depuis , lui et moi on arrête pas de causer).

Ce jour de consultation, une prise de sang a été réalisée, j’ai échappé de peu à une transfusion.

On ne m’a pas communiqué les résultats.

Demain je dois passer un examen TEP , il est prévu depuis 15 jours, donc avant ma date de chirurgie prévue.

J’ai demandé à la secrétaire si cela avait une incidence sur ma date d’opération.

De nada, je ne sais pas me fut répondu.

J’avais appelé quelques jours avant pour me faire confirmer l’opération, je me suis donc présentée à 7 heures du matin.

A sept heures on arrive avec le personnel de chirurgie, le personnel tout court.

Lumière jaune dans un rectangle, mon hôpital en plein champs, a une tête d’aéroport sans avion et doté d’une signalétique toute aussi mystique que mes rêves d’envols, un désert coincé entre la nuit et le début du jour.

A l’entrée une femme, munie d’un plan, confirme la chirurgie étage premier escalier C.

On a pas pris le bon escalier mais on est au premier.

C’est très vaste, coins A,B,C etc., je cherche mon envol pour la Californie ou  Kyoto, mes rêve de destination.

J’interroge, au fur à mesure du jeux des ascenseurs, le personnel qui commence à venir.

Rectification, nous interrogeons.

D’angoisse, ma valise prévue pour quelques jours  ne contient pas dans la cabine de l’avion, mais dans la soute.

En l’occurrence mon mari me tient d’une main et traine la valise de l’autre, je suis une instable.

Le A ne sait pas la spécialité du B qui ne connait pas la spécialité du C.

Chacun  dans son coin opère les différentes parties du corps humain.

A chacun son A320.

Chacun opère dans son couloir, il faut sonner au couloir concerné.

Reste la technicienne de surface, on trouve le lieu.

Le lieu rendu :

Pas de nom prévu.

Pas de dossier.

Les médecins arrivent à 8 heures.

Mon gynéco est arrivée à son heure , 9 heures.

J’ai eu la panique affamée et sevrée du jour.

La suite fut sportive, moi que la fatigue  (anémie) et la douleur retient à la maison j’eus loupé des appels du monde entier pour m’informer de cette déprogrammation.

Pas vraiment.

Je ne sais pas ce qui a décidé de ce nouvel examen.

J’ai un nom psychiatrique sur mon instabilité, la belle affaire !

L’hôpital roule dans ses kilomètres économiques et on a pas le temps de prendre des gants.

D’un côté la psychiatrie, de l’autre la médecine générale, l’un ignore l’autre et une histoire de fou fait devenir folle.

Demain , pour mon examen ,mon mari me tiendra toujours la main.

Il gère sa chatte de gouttière perdue dans les couloirs , l’administration de l’accueil et les questionnaires.

J’apprends mon rôle de patiente.

Et c’est parfois apprendre la solitude.

Ou serai-je sans la main de mon mari ?

A quel corbeau de passage, dans ces champs en cours de construction d’une ville nouvelle, pourrais-je raconter mon désarroi ?

La solution de mes psychiatres est de me proposer de leur côté une hospitalisation dans une maison de santé où je viens prendre de temps en temps le gout de l’eau.

Sauf que mes péripéties de patiente ne me rendent pas attentive au calme des cliniques psychiatriques

Je ne peux pas affronter, seule, les médecins et la folie.

Je pense que personne ne le peut.

J’ai une pensée pour les autres que moi-même qui sont seuls dans ce moment et se battent dans des couloirs inconnus avec une ombre trop bien connue, elle est vite reconnaissable car toujours elle est là à la fin des histoires.

Elle ricane un peu, agite son attirail de jardinerie ,elle accueille d’une façon égale simple, génies, égarés, illuminés .

L’alcool est un premier tango, la maladie un second.

Ça manque de musiciens à l’hôpital !

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