La tête de veau
Ces hommes en noir
Sérieux, protestants rigoureux
Encerclent
Un homme gris
Un homme vert
Un homme certainement mort
Les hommes en noir
Regardent
La poitrine ouverte
De l’homme mort
L’étude est grave
C’est la mort que l’on érudit
C’est la mort de l’homme
Le mal en lui
En échos
On devine
Des voix basses
Des propos , des suppositions,
Du latin, du grec
Des mots
Des mots compliqués
Pour hommes sages et savants
Aujourd’hui
Dans la pièce
Ma parole
Pale
S’élève
Dire
Un tracé
Une ligne de fusain jamais droite
La ligne de fuite
Perdue
Dans le papier sale
Ce trait
Qui barre l’horizon
De suie
Malade de larme
D’encres noires des poulpes
Dire le cauchemar de l’œil
De mon œil
De l’œil du calamar
Des larmes noires
Amer comme le bitume
Mon âme
Ne comprend pas
Les lignes sobres
Ha la sobriété docteur
Mes rues titubent docteur
Saoules pour le peintre
Mettre ce chiffon de papier
Dans la bouteille
Au caniveau
Nager dans le caniveau
Avec la bouteille
Avec la ville
Naufragé jusqu’au sommeil
Au réveil
Passons à la courbe
De ton corps chéri
À genoux
Contempler ton anatomie
vivante et complexe
Pour la coller
Là ou là
A coup de marteau
Ton corps entrera dans un rectangle
Ou un carré
Ou une boule
Pour voir ton corps nu
Danser
Sous la neige
avec quelques oiseaux de paradis
Et des calamars
C’est compliqué docteur
L’océan des bidules
Mal accroché
Pendouillant dans le crâne
Pourtant vous ne paniquez pas
Ce n’est qu’une autopsie de plus
Avec des mots
Hypomaniaques
Mécanisme de défense
Borderline
Ma cervelle git sur le bureau
Une étiquette sur chaque morceau
L’étale du boucher en sorte
Et je pense aux mots d’amours
Perdu a jamais dans la tête
Du veau mort
Sauce gribiche