Les taches
Ces taches sur ces visages
De ces visages trop verts, rouges, noires
De ces portraits violentés
Aux traits si durs
Ces tachent qui défigurent
Le souvenir des visages
Ces taches montent à mon visage
Et moi je vais au bar
Ou tout se calme dans de lointaines mers
Sargasse de l’eau noire
Langueur des évasions courtoises
Ces mots
Que vous souhaitez
Ces mots qui se fracassent
Dans le vide des soirées polies
Dans la courtoisie forcée
Du monde en projection
Des questions
Des questions
Des réponses orphelines
Et moi je vais au bar
Prolonger les mots des réponses
Qui coulent doucement
Dans cette sirupeuse douceur
De soirées perdues
Ces taches et ces mots
Le sang du monstre
La violence est morsure
Et possession
Et le fantôme qui torture
De fond de son tombeau
Est si proche
La violence est morsure
Et ses dents coulent dans mes veines
Et ses visages défigurés
Souffrent de vieilles blessures
Comme jadis Hamlet
Le souhait du silence
Le souhait de l’oubli
De famille à jamais maudite
Mais
Jolie
Dans ces soirées soyons jolie
La gaieté du prince
Le sourire de la reine
Et maquillons jusqu’aux mots mêmes
Et ces taches
N’ont que la beauté du vermillon
Le si beau vermillon
Qui habite
Les lèvres
Et les blessures
Les arbres
Et le ciel
Et c’est une terre rouge
Que j’admire au bar
Dans un cristal délicat
Et c’est au bar enfin
Que je tiens tête aux fantômes
Le cœur
Adoucit de liqueurs si douces
Bercés
De murmures épars
Et de mots perdus
Sur une terre enfin légère
D’une lande enfin
Livrée aux vents seuls
A la vie
A la vie
enfin délivrée