Forum et milles sabords-I
A force de parler
A force d’écrire
De toucher le miroir
Pour toucher son reflet
D’écouter sa voix
Pour se convaincre d’exister
Je confondrais le silence
Avec l’absence
Avec le silence
J’ai dit a certains
A certains seulement
Les as des mots
De me parler
Me parler encore et encore
J’ai dit à d’autres
Mais parfois aux mêmes
Écoute-moi
Écoute-moi encore
Ariane maladroite dans son labyrinthe
Ariane et le minotaure
Jouent aux ficelles de téléphone
Pour ne pas se perdre
Pour ne pas se pendre
Tant l’écho de leurs solitudes
Est un champ
Qui glace les os
Parfois
Un nuage passe
Le soleil au travers
La lune à coté
ce serait bien de savoir
Du regard les toucher
Enfin juste respirer
Juste exister
Au milieu de nulle part.
Forum et milles sabords- II
C’est un radeau
sur un océan de répertoires
mais toujours
je cherche comme le Bernard l’ermite
le bon coquillage
pour me caler avant
l’assaut de la marée montante.
Animal aquatique
la force de la mer
ne devrait pas m’effrayer.
Pourtant
je m’enfonce
dans tout ce qui vient
et d’un peu lourd
Reste deux yeux timides
Comme ceux de la taupe
Qui creuse et creuse
Avec une obstination régulière
ses galeries
Je creuse mes forums.
Parfois
C’est bien d’être myope
et ne pas s’arrêter
sur l’architecture
la décoration
de son taf.
Pas qu’on ne sache pas
Les choses raffinées, mais parfois le temps presse.
Le temps tanne la peau.
Or, c’est certain,
dans chaque trou
il y a des racines
à grignoter.
Alors donc j’ai la vu basse.
Quand j’écris
c’est pas vraiment toujours de l’art.
C’est juste
un tas de trous
Un petit abris
contre les choses qui emportent
Fussent-elles légères.
Un recoin
où franchement
Je sauve mes puces !