C’est un regard par-dessus l’épaule
Rapide et furtif
C’est un regard de femme inquiète
Habituée de l’angoisse
Habitée d’anxiété
Un regard de hasard
Pour suivre un vol d’oiseau
Ou l’ombre fugace d’un arbre
Ceux qui poussent en rang
Branches levées et noirs
Révoltés contre la barbarie des villes
La femme
Les yeux vers le ciel
Elle le reconnait
Le sait
Ce ton gris lourd de novembre
Toussaint
Le temps des morts
Revenants ou pas
Remords ou chagrins
A moins
Que ce ne soit de l’indifférence
Peu importe
Il y a l’odeur d’une tombe dans le ciel
La charnière entre l’automne
Et cet impossible hiver
Celui qui sert les cœurs
Comme on sert les mailles d’une laine
Bien frileusement autour du cou
Comme ça
Par reflexe
Juste en regardant la fenêtre
Ne prend pas froid
Ne prend pas froid
Puisse le cœur ne pas geler
Ne pas sombrer
Les mains ne pas trembler
Dans la nuit
En bas de journée
Lorsque la ville n’existe que par ce qui brille
Les néons, les néons
Qui nous guident
Nos corps recroquevillés de froid
L’esprit a moitié aveugle
S’appuis sur la lumière artificielle
Qui coule par vague dans les rues
Bleu, rose, jaune
Et étincelle au fond des regards
Des quelques passants fiévreux
A moins que ce ne soit
Celle de ce simple carrefour
De banlieue vide et dormante
L’homme vert
Qui brille nu sur le boulevard.
Reste à guetter cette improbable
Fleur rouge
Carnivore sur son bulbe
Chaude et vibrante derrière la vitrine du fleuriste
Reste à demander le rouge en général
Celui d’un verre ou d’un baiser
A moins que ce soit les deux
Pour enfin quêter
Un début de douceur…