Il faudrait un mur pour les mots d'amour, Un mur universel, Pour chaque langage humain
Ou même de tout être vivant
Un mur
Grand et fort comme la muraille de chine
Pour entre le grés, le basalte ou la simple brique
Glisser les mots que jamais je n'ais pu te souffler
Même dans la douceur des nuits
Même dans le flou des averses parisiennes
Il faudrait un arbre pour les vœux d'amour
Pour que mes pensées suspendues entre dix milles rubans et drapeaux
S'agitent au cœur de tous les vents, y compris ceux du désert,
Qu'enfin ils explosent au creux de chaque orage.
Il faudrait un reliquaire
Afin qu'aucun oubli de s'immisce entre l'or et la cire
Et toujours la myrte et l'encens se joignent au ciel
Très très haut
Pour qu'enfin
Mon cœur craignant l'oxyde et la rouille des jours
Pour que mon cœur se repose un peu
Nos cœurs si fragiles
Appellent un remède contre cette satanée usure des choses
L'âge et le temps
Nos cœurs rêvent de conserves
Boites prosaïques à étiquettes sages et exhaustives
Pour nobles sentiments
pour nos mouchoirs trempées de tous les sels de nos pleurs
Je voudrais exactement te mettre en boite
J'ai peur
J'ai peur de ne plus t'aimer
Comme j'ai peur d'être amoureuse
Tout cela fait exactement très mal
Et je voudrais déposer
Ce sentiment, mon ange
Entre deux tranches de citron
Et beaucoup d'huile
Pour qu'enfin
Les choses du cœur se tiennent un peu tranquille
Pour échappé au bouillon
La tasse de trop
A l'incommensurable solitude
A l'irrésistible destruction
D'être l'unique aimante de nos deux corps